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CINÉMA

Jean-Paul Belmondo : mort d’une icône populaire et solidaire

7 septembre 2021 | Mise à jour le 9 septembre 2021
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Jean-Paul Belmondo : mort d’une icône populaire et solidaire

Icône populaire du cinéma français, symbole de la Nouvelle Vague, Jean-Paul Belmondo avait été découvert dans Les copains du dimanche, un film commandé par la CGT pour faire la promotion des comités d'entreprise. Il fut aussi le président du Syndicat français des acteurs (SFA) de 1963 à 1966.

Bien sûr, Belmondo était connu pour sa célèbre réplique : « Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la montagne, si vous n'aimez pas la ville… allez vous faire foutre ! » dans À bout de Souffle (1960) et encore : « Dans la vie on partage toujours la merde, jamais le pognon » dans 100 000 dollars au soleil (1964).

Engagement syndical

Certes moins connues, il y eut aussi celles-ci : « C'est un syndicat comme les autres. Je sais que vous allez penser aux vedettes, aux gros cachets… Nous sommes quoi, une dizaine peut-être ? N'en parlons pas, car là il ne s'agit plus à proprement parler de notre métier d'acteur. Nous sommes traités à ce niveau non pas comme des comédiens, mais comme des marques de pâte dentifrice. Ce n'est pas ça le spectacle. Le spectacle, ce sont les quelque vingt-mille comédiens, acteurs de cinéma, de théâtre, de télé, qui travaillent quand on veut bien leur en donner l'occasion et dont beaucoup ont bien du mal à vivre de leur métier, ce métier qu'ils ont choisi et qu'ils aiment. Et ceux-là, je vous assure, ils ont besoin d'être syndiqués et de se battre pour la vie. J'ai des tas d'amis qui travaillent trois mois par an et moins parfois. Mais il faut manger pendant douze mois. Les sources d'emploi, voilà le problème. »

Était-ce dans À bout de Souffle ? Pierrot le fou ? Le magnifique ? Le Professionnel ? Itinéraire d'un enfant gâté ? Non, cette tirade n'est tirée d'aucun des 80 films dans lesquels a joué Jean-Paul Belmondo, mort le 6 septembre, à 88 ans. Ces propos – qui semblent terriblement actuels – sont ceux du comédien, lui-même, qui répondait en décembre 1964 à La Vie ouvrière, en tant que président du SFA (syndicat français des acteurs). Réélu deux ans plus tard, en septembre 1965, malgré ses réticences à l'égard du communisme, il confiera : « Si nous faisons tous partie de la CGT, c'est parce que c'est le seul syndicat qui nous soutienne. »

Jean-Paul Belmondo était peu présent au syndicat, mais se pliait au jeu et le défendait publiquement, ce qui n'était pas rien. « C'était un militant fidèle au syndicat et au sein duquel il avait été très actif quand il a pris la suite de Gérard Philipe, raconte Denis Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. Même quand il est devenu très connu, moment à partir duquel on ne peut pas dire qu'il ait milité, il a toujours soutenu le syndicat et n'a jamais renié son engagement. » Et de rappeler ses débuts dans le film de commande de la CGT…

Des débuts liés à la CGT

C'est une partie moins connue de la filmographie de l'acteur, mais Bébel « fut découvert par Henri Aisner, à la recherche d'un jeune comédien qui ne parût pas issu de milieux bourgeois, pour un film commandé par la CGT, relève le dictionnaire biographique du monde ouvrier, Le Maitron. Les Copains du dimanche fut ainsi tourné en 1956, au lendemain de l'invasion de la Hongrie par les chars soviétiques et du rapport Khrouchtchev dénonçant les crimes de Staline. Confrontée à une forte baisse de ses adhérents, la CGT voulait que ce film constitue une propagande en faveur des comités d'entreprise, encore peu développés dix ans après leur création. Jean-Paul Belmondo incarna un ouvrier métallurgiste de dix-huit ans, ayant perdu son père à la guerre, travaillant 55 heures par semaine et habitant avec sa mère en banlieue ; son seul luxe : une guitare. Entraîné par un camarade dans la création d'un aéroclub ouvrier, le personnage se range du côté d'une jeunesse ouvrière honnête, laborieuse, solidaire, opposé à une jeunesse dorée, oisive et immorale. Le film décrit le double piège de division syndicale et de récupération patronale pour conclure en exaltant la force de l'union des syndicats et des générations. Le film ne fut pas projeté en salles, car le syndicat des producteurs fit pression sur celui des distributeurs pour empêcher sa diffusion ; irrités par son plaidoyer en faveur de l'ouverture vers les autres syndicats, certains militants de la CGT n'en furent pas mécontents. Cependant le réalisateur Marcel Carné vit le film, y remarqua le comédien et le fit tourner dans Les Tricheurs, film sur la jeunesse dorée sorti en 1958. Rapidement, Jean-Paul Belmondo devint l'acteur fétiche des jeunes réalisateurs de la Nouvelle Vague en train d'émerger et qui devait marquer fortement l'histoire du cinéma français ».

Les Copains du dimanche

Comédien complet

« On perd un grand comédien qui avait à la fois la capacité d'être un acteur très populaire et de jouer avec des metteurs en scène plus exigeants comme dans À bout de souffle ou Pierrot le fou. C'est une page de l'histoire du cinéma qui se tourne, résume Denis Gravouil. Et de se souvenir de Jean Rochefort lui racontant les 400 coups et la solidarité qui avait soudé la bande de copains formée avec Jean-Pierre Marielle et Jean-Paul Belmondo à leurs débuts au conservatoire national supérieur d'art dramatique… La CGT Spectacle et le SFA prévoient de rendre hommage au comédien et au travailleur, car “un acteur est un travailleur et donc il peut se syndiquer pour défendre ses droits”, conclut le syndicaliste.

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