À Paris, les livreurs à deux-roues se dotent d'un syndicat CGT
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Jérôme Pimot est l'un de ces quelque 500 « runners » qui se faufilent en vélo dans la circulation parisienne pour livrer des plis, des repas, des objets, enfin tout ce qui tient dans un sac à dos, voire dans de véritables glacières à bretelles pour le compte d'enseignes comme Tok Tok Tok, Take Eat Easy, Deliveroo.
Ils en arborent les couleurs, les logos, les tenues, ils reçoivent leurs ordres, mais ils n'en sont pas les salariés.
Car ces enseignes qui sont autant d'applications numériques sont des entreprises qu'ont dit « uberisées » en référence à celle qui fait tant de bruit.
Mais dans ce petit eldorado de l'économie numérique quelques voix dont celle de Jérôme commencent à s'élever avec -il faut le reconnaître- un courage qui force le respect. Jérôme a attaqué un de ses employeurs aux prud'hommes pour se voir reconnaître le statut de salarié.
Jérôme est un passionné de vélo et il a voulu faire de sa passion du vélo un travail. Recruté par l'une des premières plateformes lancées en France, il n'a pas tardé à déchanter en faisant l'amère expérience du statut d'autoentrepreneur ou plutôt de « l'autoexploitation », comme il le résume.
En réalité, d'indépendance et de liberté il n'en est pas question, car ces « runners » ne sont ni indépendants, ni prestataires de services, ni partenaires. En réalité, ils ont toutes les caractéristiques des salariés.
Porter les casquettes, les sacs à dos et les uniformes de la plateforme pour laquelle ils livrent est une obligation contractuelle pour ces micro-entrepreneurs qui ont signé un contrat de prestations.
La facturation de leurs courses est faite directement par la plateforme, leurs tarifs, à la course, sont imposés. Et, en fin de compte, l'entreprise ne verse pas de cotisations sociales pour ces salariés déguisés en prestataires de services.
Pour gagner leur vie, tout comme les chauffeurs de VTC, ces « runners » sont corvéables à merci, prennent tous les risques dans les embouteillages. Parfois jusqu'à l'accident comme cela est arrivé à Jérôme. Ce jour-là, il a reçu les vœux de rétablissement de son employeur comme une gifle.
Las de ce qu'il subit et des pratiques qui le révoltent, Jérôme a fini par contacter un ami juriste qui n'a pas tardé à lui montrer que tous les liens de subordination qui le lient à la plateforme font de lui un salarié. De cette conviction naît alors un combat juridique pour gagner sa requalification.
C'est ce qui fonde aujourd'hui la conviction de Jérôme résumée sur son sac à dos. S'il manifestait seul avec son vélo ce jour là, Jérôme a bien compris qu'on est plus forts ensemble.
Il envisage de se syndiquer, il ne sait pas encore où, mais il sait que parmi ces forçats de la nouvelle économie, l'idée de fonder un syndicat est en train de germer.
Elle était aussi en question lors du 51e congrès de la CGT à Marseille qui s'est justement interrogée pour être aussi le syndicat de ces salariés.
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