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DÉPENDANCE

Krach imminent dans les Ehpad du Val-de-Marne

21 janvier 2021 | Mise à jour le 21 janvier 2021
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Krach imminent dans les Ehpad du Val-de-Marne

Manifestation départementale interprofessionnelle et aux flambeaux organisée par la CGT. À Créteil, le 15 décembre 2020.

Loin de s'améliorer, la situation des Ehpad s'est considérablement aggravée pour les personnels soignants. Trop longtemps abusés par les fausses promesses du gouvernement, trop usés par les restrictions budgétaires poursuivies malgré la crise sanitaire, ces « derniers de corvée » sont au bord de la rupture.

L'explosion est imminente dans les Ehpad du Val-de-Marne, secteur où les soignants de première ligne, plus malmenés encore pendant la crise sanitaire qu'à l'ordinaire, n'appellent plus le gouvernement à l'aide, mais à la rupture. Grands oubliés d'un fameux projet de loi sur le grand âge, puis encore oubliés du Ségur de la santé dont les maigres avancées sociales (183 euros d'augmentation salariale) ne concernent que les personnels hospitaliers, ces soignants en charge des plus vulnérables n'ont plus aucune marge pour encaisser les coups bas.

Immense gâchis

En vain, depuis des mois, ils n'ont de cesse de dénoncer, pêle-mêle : les carences de personnel, aggravées par les démissions en cascade, les carences de matériel et de protections sanitaires (masques, sur-blouses, gel hydro-alcoolique, gants, etc) tout au long de la crise Covid-19. En vain, ils ont dénoncé les défaillances de la stratégie sanitaire du gouvernement, aveuglément dictée par l'Agence régionale de Santé (ARS) et chaotiquement mise en application par les directions d'Ehpad : tandis que la pandémie sévissait parmi les personnels et par ricochet, parmi les résidents confinés et interdits de visite, des postes et des lits ont continué d'être supprimés, des services fermés pour être transférés au secteur privé lucratif.

Mais encore, des salaires ont été baissés par le truchement de l'allongement de la durée de travail et la suppression de journées de repos ; des sanctions lourdes ont été infligées à ceux qui ont eu l'outrecuidance de s'exprimer dans les médias. Pour aggraver cet immense gâchis, les salaires, dénoncés depuis des années pour leur indécence, n'ont pas évolué d'un iota, alors que le gouvernement s'enorgueillissait de la « conscience et de la constance » de ces professionnels de première ligne. Comble de ce qui est désormais vécu comme une provocation, la fameuse « prime Covid » accordée aux hospitaliers ne leur a jamais été versée. « Encore un « oubli » », ironise Barbara Filhol.

Dans un communiqué du 2 décembre, la secrétaire générale de l'USD-CGT Santé du Val-de-Marne alerte pour la énième fois : « La situation d'un département comme le nôtre, qui est le deuxième plateau de soins de France, est particulièrement alarmante et nous impose une véritable rupture ». Alors rompre, oui, mais avec quoi ? Avant tout, car le reste en découle, avec la politique du mépris de leurs professions que les gouvernements successifs – et tout particulièrement l'actuel – n'ont eu de cesse de manifester envers le secteur médico-social. Dernière illustration en date, l'arlésienne de la loi « Grand-âge ». « J'apprends dans Hospi-Media que le rapport sur ce projet de loi vient d'être reporté pour la sixième fois consécutive en trois ans, alors que c'était une promesse phare du président Macron », s'indigne Barbara Filhol.

Seul mot d'ordre : « Ça suffit ! »

Excédés par les manquements, les attaques, les mensonges et les défaillances du gouvernement, éreintés par des années de bataille contre la logique du « pourrissement », les personnels qui ont encore la force d'exprimer leur ras-le-bol n'ont plus qu'un seul mot : « Ça suffit ! », brandi lors de leur dernière mobilisation, la marche aux flambeaux du 15 décembre 2020 à Créteil. Cette manifestation vespérale, bien que très contrainte par la remise en place du couvre-feu le soir même, aura réussi à recréer de la solidarité interprofessionnelle.

Cheminots, électriciens-gaziers, salariés du commerce, hospitaliers, agents publics territoriaux, etc. à défaut d'attirer l'attention du ministre de la Santé Olivier Véran, cette manifestation aura eu le mérite de rendre visibles les oubliés des Ehpad, toujours aux avant-postes pour la prise en charge des personnes âgées, mais toujours « derniers de cordée » quand il s'agit de prendre en compte leurs revendications, pourtant loin de l'extravagance : revalorisation salariale de 300 euros par mois, égalité de traitement avec les soignants de l'hôpital public, embauches rapides de personnel qualifié pour affronter les vagues actuelle et futures du Covid mutant et compenser les démissions et… le versement de la prime éponyme.

Enfin surtout, une vision politique d'avenir pour les conditions de vie des résidents en Ehpad et les conditions de travail de ceux qui ont pour engagement professionnel d'en prendre soin.