16 juin 2025 | Mise à jour le 16 juin 2025
Alors que le salon international de l'aéronautique ouvre ses portes aujourd'hui, au Bourget, près de Paris ; la CGT organisait, le 10 juin, à la Bourse du travail de Toulouse les premières Assises du spatial. Élus, représentants syndicaux, chercheurs et adhérents CGT ont déroulé toute la journée les principaux enjeux d'un secteur en pleine restructuration, avec des problématiques d'emplois, de concurrence à l'international et de questions écologiques.
Rendez-vous était donné mardi 10 juin à la Bourse du travail de Toulouse par la CGT pour les Assises du spatial. C'est en toute logique que la Ville rose a reçu cet événement puisque la région Occitanie concentre 39 % des emplois du secteur. Composée de trois tables rondes, la journée a permis de « poser les enjeux du secteur » dont l'écosystème est en constante mutation. Avec 70 000 emplois en France, les problématiques sont multiples et les échanges ont surtout porté sur les restructurations, les menaces sur les emplois, les enjeux écologiques et la forte capitalisation économique des grands groupes : « On s'aperçoit que la logique lucrative, la logique du capital, est incapable de véritablement assurer la pérennité de l'activité et de construire une industrie qui va répondre aux besoins, aux usages des populations et des autres secteurs économiques », a analysé Baptiste Royer économiste à la Fédération CGT des travailleurs métallurgie.
En parallèle, la pratique d'accaparement de l'espace par des entreprises comme Starlink (filiale de SpaceX, propriété du milliardaire et ancien conseiller de Donald Trump, Elon Musk) sans pour autant que l'on puisse observer de réponse concrètes des États, notamment de l'État français, inquiète également les salariés européens : « Il y a toute une politique publique à interroger », a souligné Arnaud Saint-Martin, député de la 1ère circonscription de Seine-et-Marne et sociologue. Pour Christine Arrighi, députée de la 9e circonscription de la Haute-Garonne, le spatial n'est plus seulement un sujet technique mais aussi un enjeu démocratique, notamment par rapport à son volet défense. Le gouvernement devrait présenter une feuille de route prochainement dans le cadre du New Space français, plutôt tourné vers des startups en aval de la filière.
Impact sur la santé des salariés et les emplois
La possible fusion entre Airbus, l'italien Leonardo (ex-Finmeccanica) et Thales, les trois géants du secteur en France, pose questions aux salariés qui craignent des réductions d'effectifs. Le spatial fait également énormément appel aux sous-traitants qui sont souvent les grands oubliés des aides publiques. « Après la crise du Covid, on nous a dit qu'il n'y avait aucun départ contraint dans les entreprises de sous-traitance, c'est faux », témoigne Jérémy Rondeau, délégué CGT Airbus Atlantique. Une proposition de loi GM&S, portée par les ex-salariés du sous-traitant automobile GM&S (repris par GMD en 2017, NDLR), vise à protéger les salariés de ces entreprises de sous-traitance dans toutes les industries. « La loi donnera demain un pouvoir à tous ceux qui ne peuvent pas se défendre », a souligné le délégué CGT Airbus Atlantique.
Toutes ces mutations du secteur, et ce même si les « carnets de commandes sont pleins », pèsent sur des salariés dont les risques psychosociaux augmentent. En collectif, les syndicats posent également la question du sens du travail, avec notamment l'idée d'une nationalisation de la filière, comme la souligné Éric Peschot, délégué CGT du Centre national d'études spatiales (CNES) : « Le tout est de savoir si l'on fera un spatial qui permettra de regarder des chatons sur son téléphone ou un spatial qui répondra aux enjeux climatiques et agricoles ? »
L'écologie, question centrale
Étudiant à l'ISAE-Supaéro (Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace) et membre de l'association Aéro décarbo, Eliott Marceau a dessiné les grands enjeux du spatial face aux changements climatiques : « L'empreinte du spatial est particulière. » Parmi les pollutions générées par le secteur, certaines sont communes avec autres industries, comme par exemple l'extraction de matériaux, la production en usines, mais autres sont spécifiquement générées par le spatial, comme, par exemple, les lancements de fusées, l'usage de la data et les rentrées atmosphériques. Mais à l'inverse, le spatial est aussi un outil de surveillance des changements climatiques, comme l'a souligné Benoît Meyssignac, chercheur membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), qui a rappelé l'importance des données satellites sur le sujet.
La CGT Haute-Garonne prévoit de nouvelles assises dans les prochains mois.