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AÉRONAUTIQUE

La CGT veut éviter le crash

4 juin 2015 | Mise à jour le 8 mars 2017
Par | Photo(s) : AFP/Remy Gabaldi
La CGT veut éviter le crash

La coordination CGT des salariés de l'aéronautique organise le 10 juin à Toulouse les états généraux de la filière en Midi-Pyrénées. Objectif : mettre la politique industrielle et sociale aux commandes, en lieu et place du capital.

On n'est jamais mieux servi que par soi-même. «On espère faire le buzz pour que, enfin, la question et sa solution soient prises en considération par tous les acteurs: l'État et ses services, le gouvernement et la Région qui verse des aides publiques aux entreprises du secteur – le premier dans l'industrie en Midi-Pyrénées, NDLR –, jusqu'au Ceser, aux organisations syndicales et à la société civile», annonce Philippe Fernin, délégué syndical central CGT chez Airbus. «On ne peut plus se contenter de constater les suppressions d'emploi au sein des bureaux d'études et de la sous-traitance, ajoute son adjoint Christophe Lloret. Notre démarche, la principale, vise à insister sur l'urgence de la situation et à défendre le développement de nouveaux grands programmes

 

Oui, le capital a un coût

Les salariés de l'aéronautique en ont assez d'attendre. Ils tirent la sonnette d'alarme depuis 2013, rassemblés sous la bannière d'une coordination CGT Airbus-SSII-ST-BE. Le plan d'économie annoncé alors vise l'ingénierie avec, pour objectifs, l'augmentation de la rentabilité financière et la satisfaction des actionnaires. «On savait que ce choix allait avoir des conséquences sur l'emploi et les conditions de travail, explique Philippe Fernin. On prévoyait la suppression de 3000 à 5000 postes, sur les 7500 que compte ce secteur en région toulousaine, d'ici à 2020. Les chiffres tombent et la tendance est flagrante depuis le début de l'année. Alors, ça fait moins de bruit parce qu'il n'y a pas de plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), mais le coup de frein décidé en 2013 impacte de manière concrète les salariés des bureaux d'études et des sociétés sous-traitantes

 

Jeu de «cash-crash»

Sans nouveaux programmes du donneur d'ordres, les missions s'arrêtent. L'emploi, en qualité et en volume, en pâtit; chez Airbus et ses sous-traitants, en France et à l'étranger. «Le groupe n'investit plus que pour améliorer des versions d'avion existantes, explique Christophe Lloret. Le manque à gagner pour la recherche et le développement, pour la sauvegarde des emplois, le maintien des savoir-faire et des compétences, est réel. Pendant ce temps, l'assemblée générale des actionnaires décide, le 27 mai, de réserver 6 milliards d'euros à l'augmentation des dividendes (+ 60%) et au rachat de 10% des actions pour ensuite les éliminer rapidement. Quant aux cadres dirigeants, ils profitent des “Long Terme Incentive Plans” (LTIP), directement indexés sur le cours de l'action.» Et qu'importe les records qu'Airbus accumule en matière de contrats ou de résultats: tout est bon dans le pognon, surtout quand il nourrit une vision financière et spéculative à court terme. Mais, ce petit jeu de «cash-crash», la CGT n'en veut pas. Le cahier des doléances est désormais ouvert à tous.

 

Amère NAO chez Airbus

La CGT ne signe pas. L'enveloppe attribuée aux salaires (+ 2,6%) et le montant moyen des primes (4300euros) semblent flatteurs dans un contexte d'inflation quasi nulle, mais le compte n'y est pas: «Ça fait peur, ironisent Philippe Fernin et Christophe Lloret, surtout quand on voit la répartition de la richesse générée

La part des salaires ne pèse pas bézef par rapport à la cagnotte de 6 milliards d'euros réservée aux actionnaires, et à l'augmentation accordée aux cadres dirigeants et au PDG Tom Enders. «Airbus continue de rogner sur la masse salariale, qui ne représente que 16% du chiffre d'affaires, conclut Christophe Lloret. Aucune de nos revendications n'a été retenue. Privilèges restent, encore et toujours, aux actionnaires