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La convergence est une filière d’avenir

7 juillet 2014 | Mise à jour le 25 avril 2017
Par | Photo(s) : Daniel Maunoury
La convergence est une filière d’avenir

Industrie et services publics ont pour dénominateur commun l'emploi. Une soixantaine de militants ont planché sur l'équation le 12 juin à Bordeaux, à l'occasion d'un colloque organisé par le comité régional CGT avec la FSU Aquitaine sur le thème : « Industrie et services publics, quelles convergences pour développer l'emploi dans nos territoires ? »

L'équation 1 = 3 révèle une réalité qui nourrit la réflexion des militants de la région Aquitaine réunis à la bourse du travail : « 1 = 3, car pour un emploi industriel, ce sont trois emplois induits », affirme Fabienne Cru Montblanc, membre de la commission exécutive confédérale CGT en charge du développement humain durable. Trois emplois, emplois publics en sus, car industrie et services publics sont interdépendants : pas d'industrie sans services publics et pas de développement des services publics sans industrie. « Car les services publics constituent une vraie filière », précise Mohamed Oussedik, membre du bureau confédéral CGT, responsable des politiques industrielles. Ils participent à l'attractivité et à la compétitivité du pays et de ses territoires. Ils sont aussi une source du financement des entreprises privées. La défense de projets industriels par filière et le déploiement de services publics de qualité constituent les deux piliers sur lesquels repose la santé au travail, mais aussi l'emploi et le développement économique des entreprises et des territoires dans une perspective durable.

Mais le contexte n'y est guère favorable. Fermetures d'usines, vieillissement de l'outil industriel, souffrance au travail, chômage, baisse de la commande publique et des dotations de l'État assomment les salariés aquitains dans leur effort quotidien pour mieux vivre et travailler. « Où sont le projet et la stratégie industriels lorsqu'on apprend que, pour un marché, le bois utilisé ne sera pas exploité ni travaillé en Dordogne mais en Pologne ? Où va-t-on lorsqu'on constate que l'entreprise n'anticipe pas les prochains départs à la retraite des salariés ou ne défend pas de politique d'innovation, sinon des investissements dans le renouvellement du parc des machines ? S'il est question d'emploi et de formation, se pose aussi la question de l'avenir du territoire », affirme Laurent Marzat, représentant CGT au sein des menuiseries Grégoire (24). Il y a urgence à réagir et la CGT Aquitaine, avec la FSU, organise la riposte en mobilisant les militants de la région.

 

« Les salariés ne défendent bien que ce qu'ils ont contribué à construire »

Une soixantaine a fait le déplacement. Le panel donne du corps à l'ouvrage : syndicats et structures, public et privé, Girondins mais pas seulement, syndicalistes chevronnés et nouvelles têtes ont fait le déplacement. Proximité, convergence, anticipation, stratégie, méthode, revendication, démocratie sociale ponctuent les débats qui dénoncent autant la course aux profits conduite par les entreprises que les cadeaux faits au patronat, sans condition ni contrepartie, par les pouvoirs publics ; services de l'État comme collectivités locales : « Il faudrait ne pas leur laisser l'argent, ni les laisser faire sans prescription et sans contrôle », déclare Noël Dauce, dirigeant national du SNU Pôle emploi-FSU (SNUTIFE-FSU). Certains, pris « entre le marteau et l'enclume », disent ne plus savoir comment rendre les coups. D'autres répondent qu'il faut construire : « On a besoin de décloisonner car, à toujours jouer les pompiers de service, on a du mal à valoriser et à mettre en œuvre nos propositions, déclare Bernard Devert, membre du bureau de la Fédération des travailleurs de la métallurgie CGT. On a aussi besoin de mettre les salariés dans le coup, pour comprendre à quelle réalité et à quels enjeux on est confronté. »

CRÉER UN RAPPORT DE FORCE POUR DÉFENDRE À LA FOIS
LE SALARIÉ SUR SON LIEU DE TRAVAIL
ET NOS PROJETS POUR LE TERRITOIRE

La volonté de reconquête et de lien existe. La campagne confédérale consacrée au coût du capital fournit aux militants des éléments de réflexion et des arguments pour inviter les salariés à reprendre du terrain au capital. Tout comme les propositions de la CGT, telles que le nouveau statut du travail salarié et la sécurité sociale professionnelle. Reste à rendre tout ce corpus revendicatif accessible et utile aux salariés.

Et si le syndicalisme, sur la base de projets concrets, se posait comme un interlocuteur face au patronat et à la puissance publique, et comme force de proposition ? « Même si on est beaucoup sur la défensive, on a déjà réalisé des choses importantes, rappelle un militant CGT des transports de la communauté urbaine de Bordeaux. À nous de pousser cette dimension en permettant aux militants de s'emparer des questions d'emploi, de relance industrielle et de maintien des services publics sur leur lieu de travail, en intervenant également au plus près des salariés afin de connaître leurs attentes et de construire avec eux des propositions concrètes. »

 

Construire avec les salariés des propositions concrètes

Car les besoins sont nombreux : l'Aquitaine manque, par exemple, d'environ 30 000 logements par an. « Qui dit logement dit construction, mais aurions-nous suffisamment de main-d'œuvre qualifiée pour tenir les objectifs ? interroge Philippe Mediavilla, secrétaire général du comité régional CGT, en introduction de la journée. Et qui dit logement dit équipement, énergie, quartier, aménagement du territoire, services publics, transports collectifs, commerces, culture, loisirs, crèches, etc. » Alors que faire ? Concilier action – en soutenant par exemple la lutte des cheminots ou celle des salariées d'Elior à l'hôpital Bagatelle de Bordeaux – et réflexion. « La région est à ce titre, pour le syndicalisme et les salariés qu'il représente, un niveau de mise en commun, de mise en convergence et cohérence, d'anticipation et de construction revendicative, ajoute-t-il. Le travail que nous avons réalisé avec le Ceresa (Centre d'études et de recherches économiques et sociales d'Aquitaine, ndlr) sur la filière bois, ce n'est pas rien ! »

Il a en effet conduit à l'organisation d'états généraux de filière en 2012, à la création d'une association « Gemme la forêt d'Aquitaine », ainsi qu'à la création d'un observatoire social dédié. Le comité régional CGT Aquitaine poursuit aujourd'hui un chantier engagé de longue date grâce, notamment, à son statut de première force syndicale et à sa présence au sein de nombreuses instances de dialogue social. Bois, mais aussi transports, hôpitaux ou crèches comptent parmi les travaux de fond engagés, développés en lien avec les syndicats et les structures de la région, avec la FSU aussi, pour construire une réflexion par filière : « Cette perspective, celle des filières, est importante, confirme Alain Delmas, président du Ceresa et vice-président du CESE (Conseil économique, social et environnemental, ndlr), afin de mettre des choses en commun et de travailler tout ce matériel de manière concrète dans les syndicats. Chaque projet porté et défendu est synonyme d'espoir, car on ne parle pas que des coups que l'on prend sur la tête. L'enjeu, désormais, est de parvenir à créer un rapport de force pour défendre à la fois le salarié au plus près de son lieu de travail et nos projets pour le territoire. »

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Deux questions à…

 

Philippe Mediavilla,
secrétaire général
du comité régional CGT Aquitaine

CONSTRUIRE DES PROJETS REVENDICATIFS RÉGIONAUX

NVO : QU'EST-CE QUI A MOTIVÉ L'OR­GANISATION DU COLLOQUE, CE 12 JUIN, À ­BORDEAUX ?

Philippe Mediavilla Ce colloque s'inscrit dans une démarche régionale plus globale : la campagne « Travailler mieux pour un développement humain durable ». Nous voulons multiplier les rencontres et les écha­nges pour permettre aux militants de réfléchir ensemble, pour anticiper et construire. Des travaux sont déjà engagés autour de plusieurs secteurs et filières. Nous avons également publié des fiches et des cahiers de revendications dont les syndicats et les structures doivent s'emparer. La méthode de travail est simple : recenser les besoins en matière d'emploi, ceux des salariés, et engager la réflexion pour chercher comment y répondre.

 

Quelle suite sera donnée ?
L'idée est de déboucher sur du concret. Cela vaut pour le cahier revendicatif dans une entreprise, mais aussi pour des projets et des propositions à la dimension du bassin d'emploi ou d'un territoire plus large. Nous devons être réactifs et constructifs et, pour y arriver, nous devons gagner en engagement à tous les échelons de la région. Ces moments d'échange sont importants. Ils donnent une vision politique plus large de ce qu'on peut conduire, du niveau régional aux territoires, en travaillant sur des aspects concrets. Chacun de ces éléments correspond à la construction de projets revendicatifs régionaux et interrégionaux, dont la conclusion sera l'organisation des états généraux de l'emploi en Aquitaine à l'horizon 2015.

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