Toutes les inquiétudes de la CGT sont confirmées
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Manuel Valls aura donc bafoué toute forme de démocratie pour imposer un texte de loi rejeté par l'immense majorité des citoyens. De nouveau, hier, mardi 5 juillet, alors que le pays manifestait sous contrôle policier, il a sorti l'arme du 49.3 pour passer outre tout débat parlementaire.
Depuis plusieurs mois, il balaie d'un revers de main autoritaire toute écoute des organisations syndicales. Il se pose en arbitre entre celles qu'il présente comme les bonnes organisations, qui acceptent ses réformes au nom d'un réalisme économique dicté par le Medef, et les autres, dont les revendications de défense des droits des travailleurs sont renvoyées à une époque révolue.
Il oscille entre les tentatives d'amadouer, par quelques mesures spécifiques, une jeunesse qui ne s'en sera pas laissé conter, et les décisions d'autorité et de force contre les manifestants, menaçant d'interdire toute manifestation, avant de devoir reculer mais en imposant un dispositif de filtrage policier inédit et en envoyant des centaines de jeunes et de syndicalistes devant les tribunaux.
L'objectif du premier ministre – celui qui faisait il y a peu des déclarations d'amour au Medef lors de son université d'été – est multiple. D’abord, faire adopter coûte que coûte un texte de loi exigé par le patronat et dont il ne cesse de vanter la « philosophie », celle d'une inversion de la hiérarchie des normes autrement dit de la primauté des accords d'entreprise sur les accords de branche et le code du travail.
Une remise en cause de tous les principes du droit du travail, qui ouvre la voie au dumping social généralisé. Ensuite, tenter de diviser le mouvement syndical dans le pays. Et tenter également de faire la démonstration que toute mobilisation s'avère inutile.
Après avoir plaidé l'absence d'alternative à sa politique, qui intensifie celle de ses prédécesseurs, il veut aujourd'hui montrer que l'exécutif aurait tout pouvoir, que ni les grèves ni les manifestations, ni les votations citoyennes, ni le rejet majoritaire de ses projets ne serviraient à rien et qu'il faudrait à l'avenir se résigner.
Un message qu'il adresse aussi aux députés de sa majorité qui refusent cette nouvelle loi (après les précédentes et après les polémiques sur la déchéance de nationalité) comme la méthode gouvernementale, cherchent des voies de « compromis », mais qu'il somme de se taire au risque de se faire virer.
Rarement un gouvernement, dans l'histoire récente de ce pays, n'aura été si loin dans le déni de démocratie pour mettre en œuvre une politique aussi ultralibérale.
Manuel Valls le sait. En tentant de briser le syndicalisme, en prenant le risque d'un éclatement de sa majorité, il permet à la droite de faire de la surenchère – ce que le locataire de l'Élysée ne voit pas d'un mauvais œil pour se présenter comme moins à droite que d'autres – et à l'extrême droite de se donner un vernis social et démocratique. Ces expériences d'apprenti sorcier, l'histoire nous l'a montré, sont toujours lourdes de dangers.
Une motion de censure de gauche en préparation ce mercredi matin a rassemblé 56 députés : pas assez pour être déposée. Ont sans doute joué à la fois les pressions diverses et la crainte de l'effondrement de la majorité gouvernementale, que génèrent pourtant les orientations politiques, sociales et économiques ainsi que l'autoritarisme de Matignon.
Pour autant, il ne saurait être question de renoncer à faire prévaloir la démocratie sur la politique de la force.
Dans un tel contexte, les sept organisations syndicales de salariés et de jeunes qui, dans l'unité depuis plusieurs mois, refusent le projet Valls-El Khomri et proposent au contraire des droits dignes du XXIe siècle pour les salariés, n'entendent pas baisser les bras. Bien au contraire. Hier, comme le rappelle la CGT, « malgré une organisation sécuritaire démesurée empêchant des milliers de personnes d'entrer dans la manifestation parisienne, ce sont plus de 45 000 personnes qui ont défilé ; 10 000 à Toulouse, 15 000 à Marseille, 1 000 à Caen, 2 000 à Grenoble… La tour Eiffel, comme le Stade de France, ont arboré les couleurs de la lutte ».
Cet après-midi, les sept tiennent un meeting à Paris (à 17 h 30, au gymnase Japy, 2 rue Japy, Paris XIe) « pour exiger le retrait de la loi travail et un Code du travail du XXIe siècle ». Les secrétaires généraux des organisations mobilisées y prendront la parole. Et il est à parier que ce qui sera en jeu, outre le débat sur les moyens de revivifier une démocratie en danger, ce sera aussi la stratégie de résistance et de reconquête des droits du monde du travail.
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