
« Nous proposons seize mesures pour défendre l’emploi »
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Erik Neveu : J'y vois deux formes d'indignation civique. La première tient à une exaspération devant les atteintes croissantes au droit de manifester. Se déconfiner c'était retrouver la liberté de manifester, d'occuper l'espace public. Dans un contexte où « Black lives matter » remettait les violences policières à la une de l'actualité, s'est aussi exprimée une indignation contre la répétition de brutalités policières et de comportements racistes couverts par une impunité alarmante.
Quand des groupes Facebook sont les lieux de paroles racistes abjectes, quand le maintien de l'ordre ou de banals contrôles d'identité aboutissent à des morts ou des mutilations, quand l'IGPN ne voit jamais motif a sanction, quand la justice semble bien plus rapide et ferme pour les gilets jaunes que pour des policiers filmés à se livrer à des comportements illégaux, alors l'indignation monte.
Elle est puissante chez les jeunes, qui sont les groupes ciblés par les pratiques discriminatoires, et elle ne va pas retomber.
Sophie Béroud : La crise sanitaire est venue arrêter de façon brutale une dynamique exceptionnelle de mobilisation qui durait depuis quatre mois contre la réforme des retraites, la LLPR à l'université et dans le secteur hospitalier. Le comité Vérité et Justice pour Adama Traoré a joué un rôle important dans cette dynamique de mobilisation contre le racisme car il a appelé très tôt à des convergences avec les gilets jaunes puis avec les salariés en grève contre la réforme des retraites.
Un autre facteur qui a sans doute compté c'est la situation vécue dans les quartiers populaires avec une très forte exposition à la pandémie et de très grandes difficultés à maintenir des sources de revenus.
Erik Neveu : Il faudra le recul d'enquêtes pour le mesurer. Reste une circulation intense de vidéos et de caricatures portant une charge de critique politique. L'intervention de Vincent Lindon « Comment ce pays si riche… » a été visionné six millions de fois sur YouTube. Mais c'est aussi la communication gouvernementale et ses mensonges qui auront aiguisé la critique, notamment sur le port du masque.
Sophie Béroud : Durant le confinement, on a pu penser qu'une brèche était en train de s'ouvrir pour sortir d'une approche néolibérale des services publics et réaffirmer leur importance dans la société. Les manifestations du 16 juin ont montré un monde de la santé très mobilisé et les manifestants ont souvent été très applaudis.
Mais il y a une difficulté à élargir la participation à ces manifestations, mais aussi à publiciser davantage les enjeux du Ségur de la santé. Plus ces négociations semblent techniques, plus cela contribue à isoler le secteur de la santé.
Erik Neveu : La crise est venue rappeler la hiérarchie réelle des utilités sociales, qui pourrait constituer un socle futur pour de nouvelles convergences. Pour reprendre la Parabole (1810) du socialiste prémarxiste St Simon, si le virus nous ôtait les « cinquante premiers traders, publicitaires, éditorialistes de BFM, haut-fonctionnaires de Bercy ou rogneurs de budget des ARS », nous serions moins affectés que par l'évanouissement des caissières, agriculteurs, enseignants, ouvriers, livreurs, urgentistes et employé(e)s d'EPHAD.
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