5 juillet 2019 | Mise à jour le 5 juillet 2019
Les Galiote-Prenant viennent de gagner une première étape de leur bataille contre la remise en cause de leurs acquis conventionnels et contre la répression syndicale qui a émaillé ce conflit social durant six semaines. La mobilisation continue et menace de s’élargir à toute la filière de l’imprimerie de labeur.
Après six semaines de grève dure et violemment réprimée par l'employeur qui avait chargé le piquet de grève avec sa voiture, les salariés de l'imprimerie La Galiote-Prenant avaient décidé de reprendre le travail.
Non pas tant sur la base d’un constat d'échec, mais pour se concentrer sur un objectif plus urgent : la réintégration de leurs six collègues licenciés pendant le conflit. Trois d'entre eux, détenteurs d'un mandat syndical et élus du personnel sous l'étiquette CGT, viennent tout juste d'apprendre que l'inspecteur du Travail a rejeté la demande d'autorisation de licenciement présentée par l'employeur.
Ils seront donc logiquement réintégrés dans l'entreprise. Pour les trois autres grévistes qui, eux, ne bénéficient pas du statut de salarié protégé, la bataille syndicale continue : « Nos avocats y travaillent et nous avons bon espoir d'obtenir gain de cause contre ces licenciements infondés s'agissant de salariés qui s'étaient déclarés en grève comme les 45 autres », assure Jean-Paul de Sousa du syndicat SGLCE-CGT.
Suppression arbitraire d’une semaine de congés payés
Pour rappel, ce conflit social démarré le 5 mai avait pour origine la décision unilatérale et arbitraire de l'employeur de ne plus appliquer une des dispositions légales de la convention collective de l'imprimerie de labeur. Et d‘amputer ainsi ses salariés de la sixième semaine de congés payés, disposition conventionnelle mieux connue sous l'intitulé de « sixième semaine parisienne ».
Des grévistes assignés en justice et licenciés sans motif
Durant ce long conflit, les salariés n'ont eu cesse de réclamer l'ouverture de négociations, mais en vain. En guise de réponse à leurs revendications pourtant légitimes, l'employeur avait, dès le deuxième jour de la grève, foncé sur les grévistes avec sa berline transformée en voiture bélier.
Puis les avait assignés en justice au TGI de Créteil pour réclamer la levée du blocage des camions, accordée par les tribunaux, mais sans pour autant obtenir la levée de la grève qui, elle, s'est prolongée jusqu'au 30 juin.
« Quand nous avons reçu les lettres de licenciement, nous avons décidé, en assemblée générale, de suspendre la grève pour nous concentrer sur la réintégration de nos collègues, mais jamais nous n’avons décidé de cesser le combat » explique un salarié.
Fêter une première victoire pour relancer la bataille
Et de fait, la réintégration de trois des six licenciés est l'occasion, pour le syndicat, de raviver la flamme de la solidarité construite avec les salariés des autres sites de l’imprimerie. Une solidarité qui s'était répandue jusqu’aux élus locaux (maire, députés, sénateurs du Val de Marne) venus soutenir publiquement les salariés de Vitry-sur-Seine.
D'où l'organisation, ce vendredi 5 juillet, d'un énième barbecue-party pour, d'une part, fêter la première étape victorieuse de ce long conflit et d'autre part, relancer la bataille pour la 6e semaine parisienne, avec pour perspective de mobiliser les salariés bien au-delà du périmètre de Vitry-sur-Seine.
Remise en cause de l’ensemble des conventions collective de l’imprimerie de labeur
« L'acharnement de l'employeur à supprimer cette la 6e semaine parisienne n'est que le point de départ d'une remise en cause de tous les acquis sociaux par le patronat de la branche professionnelle », explique ainsi Jean-Paul de Sousa.
Et d‘alerter tous les salariés de l'imprimerie et du labeur, parce qu’ils sont ou seront à terme tous concernés. « Notre lutte n’est finalement qu’une pointe d’iceberg de ce qui se trame en arrière-plan, à savoir la remise en cause de toutes les conventions collectives de la filière », prévient Jean-Paul de Sousa.
D’où la nécessité, pour les Galiote-Prenant, d’élargir leur bataille à l'échelle nationale. Des convergences de lutte sont d'ailleurs déjà à l’étude en Île-de-France. La mobilisation pourrait même s'étendre au secteur voisin de la presse au moment où le gouvernement, sous prétexte de lutter contre les injures et la diffamation, s'apprête à détricoter la loi de 1881 sur la liberté de la presse.
Malgré l'interdiction de blocage, la grève est maintenue à l'imprimerie de Galiote-Prenant