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Médico-social

La mobilisation paie à l’Ehpad de Cachan

3 novembre 2020 | Mise à jour le 6 novembre 2020
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Une belle victoire. C'est ce qu'ont obtenu les salariés de l'Ehpad Saint-Joseph de Cachan (Val-de-Marne) qui, après une semaine d'occupation de leurs locaux, ont finalement fait plier leur direction sur le temps de travail. Avec un engagement de tous les instants de la CGT.

Situé à Cachan, dans le Val-de-Marne, l'établissement Saint-Joseph est un Ehpad « pas plus mal loti que les autres », selon Barbara Filhol, secrétaire générale de l'union départementale Santé 94. Entendez par là qu'il souffre d'un « manque d'effectifs, de matériel et d'investissements ». À quoi s'ajoute pour Saint-Joseph « un déficit budgétaire chronique » et un personnel sur les rotules après la première vague de la Covid.

Augmenter le temps de travail ? C'est non

Aussi, quand la direction décide de revenir sur les accords de temps de travail et propose que l'investissement des personnels pendant cette première vague soit gravé dans le marbre, c'est-à-dire passer de sept à douze heures de travail, payées dix, avec deux heures de coupure dans la journée, la réponse des principaux concernés est catégorique : « C'est non ! »

« Le directeur général y voit une bonne solution pour “remettre à flot” économiquement Saint-Joseph. En sept heures, il faut deux équipes, une le matin et une l'après-midi, en plus de l'équipe de nuit. En douze heures, il en faut juste une le jour et une la nuit. Du coup, cela supprime 20 % des emplois », dénonce Barbara.

D'autant plus inacceptable que « après quatre ou cinq ans en douze heures, des troubles musculo-squelettiques apparaissent et il faut se reclasser, c'est compliqué. »

C'est la grève

Le 19 octobre, une quinzaine de soignants, sur la centaine que compte l'établissement, s’est donc mis en grève, a occupé les locaux, 24 heures sur 24. Une aventure dont se souviendra ce syndicat « jeune, fragile, composé en majorité de jeunes femmes issues de l'immigration et peu expérimentées à la CGT », confie Barbara.

« On a tout eu. Le premier jour, on nous a mis une compagnie de vigiles, des fois qu’on aille détruire notre outil de travail. Le deuxième, la direction a fait dormir des personnels d'encadrement avec les grévistes, pour les surveiller. On a eu la visite d'huissiers, qui vérifiaient que l'on respectait les gestes barrières, celle d'un médecin envoyé nous faire la leçon et nous traiter d'“irresponsables” », raconte encore Barbara.

Solidarité

Pour autant, les grévistes ne se découvrent pas seuls. Car, dès le premier jour, « toute la machine CGT s'est mise en branle, témoigne Barbara Filhol. Des retraités en intersyndicale, des camarades de la Fapt, de l'énergie, du conseil départemental ou de l'Éducation nationale sont venus pour éviter que la direction de l'Ehpad les fasse évacuer. Des personnels soignants du Val-de-Marne nous ont apporté des masques, du gel, des lingettes… Et à part La République en marche ou le Rassemblement national, des politiques de tous bords sont passés, Verts, PS, communistes… Ils ont fait des motions de soutien, mis à la caisse de grève. » Même les familles, une fois la situation expliquée, y sont allés de leur obole à la caisse des grévistes.

Victoire

Une mobilisation et un soutien sans failles qui ont porté leurs fruits. « Le samedi 24 au matin, on a reçu un appel du directeur général nous informant qu'un protocole était prêt et nous demandant de venir le signer. Ce qui a été fait à 11 heures. » L'unique revendication des grévistes, celle de « laisser le libre choix aux salariés » pour leurs horaires, a été acceptée.

« Aujourd'hui, elles sont en train de signer leurs engagements avec leur libre choix et elles sont fières de ce qu'elles ont fait », se réjouit Barbara Filhol. Laquelle voit dans cette victoire bienvenue en ces temps difficiles une autre raison de se féliciter. « Elles ont pris conscience de la CGT dans toute sa dimension et je pense que, lorsqu'elles se retrouveront en CSE, le directeur général a compris qu'il ne pourrait plus jamais les regarder comme des femmes, issues de l'immigration, qui n'y connaitraient rien. »

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