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ESSAI

La passion du football ?

6 juin 2014 | Mise à jour le 2 mai 2017
Par
La passion du football ?

Demain débute la Coupe du monde au Brésil. L'auteur de La passion du football (éd. Odile Jacob) explique pourquoi pendant cinq semaines le foot n'est plus tout à fait seulement du foot.

 

Au lendemain de la victoire de la France en Coupe du monde de football, en 1998, un historien affirmait que les joueurs, « porte-drapeau d'une France plurielle, [faisaient] davan­tage pour l'intégration que dix ou quinze ans de politique volontariste »…

Le Mondial 98 a représenté un tournant. À cette occasion, la France n'a pas réglé tous ses problèmes d'intégration, mais les gens qui étaient dans la rue, la classe politique – excepté le FN, bien sûr – ont pensé que le sport pouvait réussir là où d'autres avaient échoué dans la lutte contre les discriminations. Ils avaient approché quel­que chose de très fort au plan émotionnel. Soudain, le foot était plus que du foot.

DEUX MILLIONS DE LICENCIÉS EN FRANCE

Le foot en France, c'est 2 millions de licenciés, 6 à 8 millions de pratiquants, 18 000 clubs pour 36 000 communes. C'est le sport le plus populaire, le plus médiatisé mais, à la différence de l'Italie, de l'Angleterre ou même de la Belgique, le rapport est moins passionné.

En Angleterre, l'identification aux clubs est forte et compense l'absence de palmarès de l'équipe nationale. En France, il y a un premier élément : le pouvoir a longtemps été centralisateur, et moins tourné vers les appartenances locales, comme en Italie par exemple.

L'autre élément est que les grands moments du foot sont associés à la sélection : la Coupe de monde 58, Séville 82, l'Euro 84, le Mondial 98, l'Euro 2000. Après chacun de ces événements, le football français s'est trouvé dans le creux de la vague. Or, le supportérisme a besoin de continuité. Par­mi les gens qui disent s'intéresser au foot, une partie ne le suit que tous les quatre ans, avec l'espoir de revivre 1998. Ils attendent des joueurs qu'ils les divertissent, mais aussi qu'ils soient vecteurs de fierté, de cohésion sociale, d'identité.

AVEC LE SPORT BUSI­NESS ET LE CAPITALISME FINANCIER TRANSNATIONAL, LES TROPHÉES SEMBLENT PROMIS AUX PLUS RICHES…

Le foot s'est toujours inscrit dans une économie et un marché mondialisés. Les grands clubs européens ont été créés par des étrangers : le FC Barcelone et l'AC Milan par des Suisses, la Juventus de Turin par des Anglais…

En France, les clubs sont aussi une création patronale : les filatures de Roubaix à Lille, les houillères à Lens, Casino à Saint-Étienne. Avec l'arrivée d'investisseurs qataris et russes au PSG et à Monaco, on semble se diriger un peu plus vers un championnat à deux vitesses. La réussite d'un club comme Auxerre a longtemps reposé sur la vente de joueurs issus de son centre de formation. Aujourd'hui, cet équilibre semble rompu. Guingamp, dernier budget de Ligue 1 et vainqueur de la Coupe de France, joue sur la captation du marché mondial des joueurs, notamment africains, achetés quelques centaines de milliers d'euros et cédés très cher à la revente.

ON A DU MAL À DISTINGUER DANS LE FOOT, AUJOURD'HUI, LES VALEURS QUI FONDENT LA CULTURE DU SPORT : LA SOLI­DARITÉ, LE FAIR-PLAY, LA JUSTICE…

Il reste cependant égalitaire, du moins, au plan de la pratique. Un joueur est bon, il est pris dans l'équipe quelle que soit sa couleur de peau. C'est après que les choses se compliquent, au niveau des entraîneurs des équipes pro, des élus à la fédération. On retrouve alors les mécanismes classiques de plafond de verre et de discrimination, fondés sur des préjugés raciaux ou sexistes.

 

                            Patrick Mignon – Odile Jacob – 20,90 euros

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EN SAVOIR +

20e édition de la Coupe du monde au Brésil, du 12 juin au 13 juillet. La France débutera la compétition le 15 juin face au Honduras.

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