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Service public

La Poste reprend la livraison des plis électoraux

25 juin 2021 | Mise à jour le 28 juin 2021
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Après les ratés de la distribution des plis électoraux lors du premier tour des élections départementales et régionales, La Poste va reprendre la distribution de la totalité des courriers. La question des missions de service public, notamment lorsqu'il s'agit de démocratie, est en jeu. Réactions de la CGT FAPT et de la CGT Adrexo.

« Un scandale », « Une faute » du gouvernement. Après les dysfonctionnements de la semaine dernière dans l'acheminement de la propagande électorale et alors que l'abstention a connu de nouveaux records lors du premier tour des élections départementales et régionales, il fallait réagir.

Pour le second tour, « à la demande de la société Adrexo, et après accord du ministère de l'Intérieur, la Poste travaille à la reprise de la distribution de 5 millions de plis supplémentaires qui relevaient des zones d'Adrexo », annonçait le groupe postal dans un communiqué, le 23 juin.

En parallèle, le gouvernement se montrait bien sûr indigné et réclamait la création d'une commission d'enquête sur cette affaire que le Sénat devait acter formellement le 24 juin. Et Gérald Darmanin de se dire même favorable à ce qu'il n'y ait « pas de concurrence » dans la distribution des documents électoraux. Rappelons que depuis une loi de 2005 transposant deux directives postales européennes, la distribution des documents électoraux est soumise à la concurrence, raison pour laquelle Adrexo et La Poste se sont partagé le travail. Voilà pour le décor.

Les ratés de la distribution des plis électoraux sont la conséquence de la privatisation

Adrexo ou les coulisses de la précarité

Du côté d'Adrexo, en charge de la distribution des professions de foi dans 51 départements de sept régions, on estime à 9 % le nombre de plis électoraux non acheminés à leurs destinataires pour le premier tour, un chiffre confirmé par La Poste. Cette société spécialisée dans la distribution d'imprimés publicitaires assure avoir remis 44 millions de plis pour le premier tour, mais pointe une attaque informatique pour justifier ses difficultés.

Pour le second tour, elle demande ainsi le « renfort » de La Poste « pour garantir le meilleur service de distribution à l'ensemble des électeurs ». Pour la CGT Adrexo « La classe politique ne se gêne pas pour se déchainer sur l'entreprise et ses salariés en se gardant bien de reconnaître sa responsabilité dans ce gâchis. »

Dans un communiqué intitulé « Le choix de la précarité rattrape la République », elle explique : « en lançant un appel d'offres pour la distribution de la propagande électorale, l'État a-t-il suffisamment insisté sur les moyens à mettre en œuvre pour la réalisation de cette mission et sur l'environnement social nécessaire à une qualité de diffusion suffisante ? Découvre-t-on seulement aujourd'hui les mauvaises conditions de travail au sein du groupe Hopps et la précarité savamment entretenue par la direction, subie par les distributeurs chez Adrexo ? »

La FAPT-CGT l'avait bien dit

Du côté de la FAPT-CGT, l'annonce du partage du marché faisait déjà réagir en janvier dernier : « Le gouvernement renonce au service public postal pour la distribution des plis électoraux ! pouvait-on lire dans un communiqué. On pourrait se demander où va notre démocratie ? La Poste, entreprise emblématique du service public postal à la française, seul garant de notre démocratie, n'a pas été retenue pour le traitement des plis électoraux pour les élections régionales qui vont se dérouler en 2021. »

Et la fédération s'inquiétait déjà : « L'entreprise ADREXO compte seulement 17 300 distributeurs dont le métier n'est pas forcément la distribution adressée. Comment va-t-elle organiser une telle distribution ? Avec quelle mise en place de la sous-traitance ? Avec quelle augmentation de la précarité ? Pas question ici de remettre en cause la qualité et le savoir-faire des salariés de chez ADREXO, mais plutôt de savoir pourquoi l'État n'a-t-il pas privilégié le service public postal, le seul à même d'effectuer une distribution adressée sur l'ensemble des territoires. »

Et maintenant ?

Aujourd'hui, les faits lui donnent raison. La direction de La Poste appelle en catastrophe à la mobilisation de tous ses agents — personnels encadrants inclus — pour assurer la bonne livraison des plis électoraux, les 25 et 26 juin, et annonce aux facteurs le paiement double des heures supplémentaires durant les deux tours des élections.

« On se réjouit de ce début de reconnaissance », conclut Sébastien Chaigneau, membre du collectif La Poste de la FAPT-CGT. Et d'assurer que « les facteurs feront tout pour garantir une distribution respectant la qualité et l'équité pour tous les citoyens sur l'ensemble du territoire. »

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