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SYNDICALISATION

La syndicalisation comme priorité

23 juin 2017 | Mise à jour le 22 juin 2017
Par | Photo(s) : Bernard Rondeau / Photosociale
La syndicalisation comme priorité

Passée de première organisation historique à deuxième structure syndicale derrière la CFDT dans le privé, la CGT engage une vaste campagne de redéploiement. Analysant cet objectif prioritaire, la CGT du Val-de-Marne est déjà à pied d'œuvre.

Déçue de son audience dans le Val-de-Marne, la CGT 94 a décidé de s'approprier les résultats de cette mesure de la représentativité pour mieux rebondir. Elle organisait à cette fin, le 30 mai, une première réunion d'étude (une autre est programmée en lien avec la Confédération, le 22 juin) et conviait à l'union locale (UL) de Choisy-le-Roi l'ensemble de ses forces militantes : secrétaires généraux d'unions locales, de syndicats d'entreprise et d'unions syndicales.

« Cette rencontre doit nous permettre d'analyser les causes de la baisse de notre audience sur le département, d'examiner nos problèmes de vie syndicale et d'élaborer un plan de travail pour redresser la barre », annonçait d'emblée Sébastien Dandurant, le responsable de la vie syndicale de la CGT 94. Et de rappeler aux participants que le tout prochain congrès de l'union départementale (UD), qui se tiendra mi-novembre, va placer la question de la représentativité et son corollaire, celle du renforcement syndical, au cœur de ses débats.

Des résultats à analyser

Manque de moyens humains, notamment dans les UL, déficits d'implantation, perte de repères en matière d'organisation, vie syndicale en panne d'animation, déperdition d'énergies militantes : les problèmes évoqués par les participants au colloque sont nombreux. À des degrés divers, ces difficultés ne sont sans doute pas étrangères à l'affaiblissement de la CGT du Val-de-Marne. Du reste, ces mêmes problèmes de désorganisation et de manque d'efficacité sont également relevés à l'échelle nationale. « Si nous voulons inverser ce processus, nous devons, au regard des résultats d'audience, déterminer nos faiblesses », a souligné Sébastien Dandurant. Illustration flagrante en matière électorale avec le secteur de la santé publique, où le nombre d'anomalies dans la rédaction de procès-verbaux (PV) d'élections professionnelles a valu à la CGT la perte de 1 500 PV électoraux, déclarés nuls par le ministère du Travail. Autant d'occasions ratées d'asseoir une présence CGT dans diverses entreprises, d'agir et de peser sur les réalités locales, et ce pour de simples problèmes bureaucratiques et de critères mal maîtrisés. Autre facteur en cause dans le recul de l'audience : dans 90 entreprises de plus de 100 salariés – soit 13 % du corps électoral, représentant 20 000 salariés –, la CGT n'a présenté aucune liste aux élections professionnelles sur la période de référence (de janvier 2013 à décembre 2016), faute de moyens humains ou d'informations sur la tenue de ces élections. À ces rendez-vous ratés, il faut ajouter l'abstention des électeurs, une tendance particulièrement manifeste dans le cadre des élections dans les très petites entreprises (TPE) malgré, aux dires des responsables, la très bonne campagne départementale menée par la CGT deux mois durant.

À la conquête des cadres

L'analyse des résultats de l'audience l'a mis en évidence : il y a un écart, ou plutôt un gouffre, entre la présence CGT dans les premiers collèges (ouvriers et employés) et dans les deuxième et troisième collèges (cadres et Ictam [ingénieurs, cadres, techniciens, agents de maîtrise]). Plus grave, la CGT accuse une baisse de 6 % par rapport à la CFDT dans le deuxième collège. Quand l'une (CGT) brille par son absence, l'autre (CFDT) tire son épingle du jeu chaque fois qu'elle présente des listes dans cette catégorie professionnelle. Partant de ce dur constat, les militants ont conclu que, pour regagner, voire renforcer son audience, la CGT devait faire des salariés Ictam une cible prioritaire. D'autant que la faiblesse de la CGT auprès de ce salariat n'est pas due à des causes idéologiques – à savoir, ce que certains présentent comme une pratique réformiste du syndicalisme en lieu et place d'un syndicalisme de lutte –, mais à des causes purement « techniques ». En effet, il est logique que, là où elle n'est pas présente, la CGT ne soit pas plébiscitée par les salariés appelés à se rendre aux urnes pour élire leurs représentants. Illustration dans le secteur de la santé privée, où la CFDT, qui y est bien implantée, a totalisé 62 % des votes, loin devant la CGT qui, elle, n'en recueille que 25 %. Dans le « non lucratif », en revanche, où elle est historiquement installée et organisée, la CGT obtient un score de 49 %, contre 36 % pour la CFDT.

Deux objectifs prioritaires

Dans un récent entretien accordé à la NVO (no 3559) analysant l'audience syndicale, Gisèle Vidallet, secrétaire confédérale chargée des élections et de la représentativité, invitait l'ensemble des organisations de la CGT à s'emparer des résultats de cette mesure d'audience en engageant un travail de fond pour « retrouver le chemin de la syndicalisation ». Dont acte pour la CGT du Val-de-Marne qui, à l'appui de cette journée d'étude, va faire de la syndicalisation son cheval de bataille. « Nous devons nous déployer dans les déserts syndicaux, améliorer nos méthodes et pratiques syndicales, revenir à une culture d'organisation favorisant le travail avec les autres structures CGT, nous concentrer sur nos déficits d'implantation et rompre avec l'isolement de nos syndicats », annonçait Sébastien Dandurant, qui fixait deux priorités aux militants : réorienter la part de l'activité de syndicalisation vers les entreprises de plus de 100 salariés et vers les Ictam, et renouer avec les parrainages d'entreprise par les syndicats afin de développer des coopérations entre structures CGT. Car, « si le rayonnement de la CGT sur l'ensemble du salariat tient à sa représentativité, il tient aussi à sa capacité d'influer sur le sort des travailleurs et à faire gagner leurs revendications », concluait Sébastien Dandurant.