Passé quelque peu inaperçu lors de sa projection tardive l'été dernier sur Arte, « Master of the universe » est pourtant un documentaire qui vaut le détour.
Malgré son titre, il ne s'agit pas du dernier film de super-héros, mais d'une plongée glaçante dans les coulisses de la finance mondiale. Un monde fermé, secret, au fonctionnement quasiment sectaire, que nous décrit un homme qui y a fait toute sa carrière. Rainer Voss était un grand banquier d'affaires allemand. C'est depuis une tour déserte du quartier de la finance de Francfort qu'il raconte son parcours face à la caméra de Marc Bauder, lui-même ancien étudiant en économie.
Le dispositif est aussi austère que le décor de béton et verre des immenses tours, mais le film est captivant. Dans des bureaux vides, d'anciennes salles de marchés, au milieu du câblage informatique et des salles de réunions désertes, l'ancien trader raconte le système.
Comment il en a gravi les échelons, comment il a perdu le contact avec le monde réel et déconnecté ses actes professionnels de leurs conséquences sur « les vrais gens ».
Son témoignage est éloquent, lorsqu'il évoque les nuits de travail d'affilée pour se faire remarquer des supérieurs, les « innovations » financières plus que douteuses mais que personne ne dénonce, la dérégulation des marchés et le circuit fermé des traders de haut vol. Et ses prédictions sur l'effet domino de l'éclatement de la bulle spéculative en Europe font froid dans le dos…
Au passage, le documentaire évoque la faillite de Lehmann Brothers, l'affaire Kerviel, la manière dont le capitalisme financier joue avec le feu. Lâchant au passage : « Quand j'ai commencé, en moyenne, un acheteur gardait une action pendant 4 ans, aujourd'hui, c'est 22 secondes. Comment peut-on s'intéresser à l'entreprise et aux personnes qui sont derrière cette action en 22 secondes ? »
Un film salutaire, car comme l'explique son réalisateur, « la société entière est basée sur un système capitaliste et l'industrie de la finance le domine. Ce qu'elle fait nous influence et, de mon point de vue, nous ne questionnons pas suffisamment cet état de fait ».
Master of the universe,
réalisé par Marc Bauder.
1 heure 30.
Une conférence de Jaques Généreux, économiste : « De l’économie barbare à l’économie humaine »
Dans L’Effet Bahamas, la documentariste Hélène Crouzillat, cherche à comprendre le fonctionnement de l’Assurance chômage. Différents témoignages et une mise en scène... Lire la suite
Après Party Girl, Caméra d’Or en 2014, et C’est ça l’amour, en 2018, Langue Étrangère, le troisième long-métrage de Claire Burger, sonde les aspirations amoureuses et... Lire la suite
