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Économie

L’autre grande crise bancaire

15 novembre 2017 | Mise à jour le 29 novembre 2017
Par et
L’autre grande crise bancaire

Perte du sens du travail, pression des objectifs, diminution des effectifs, remise en cause des acquis sociaux... le personnel des banques est en souffrance. © Erich Schrempp / BSIP

Perte du sens du travail, pression des objectifs, diminution des effectifs, remise en cause des acquis sociaux… le personnel des banques est en souffrance. La crise bancaire n'y est pas étrangère.
Cet article a été publié dans l’édition de novembre 2017 de la NVO

La crise de nerfs… après la crise bancaire. Si la situation économique du secteur bancaire est de nouveau « au beau fixe », notait dès 2015 la CGT banque et assurances dans un document d'orientation, il n'en va pas de même pour les salariés qui y travaillent : « Parodie de NAO [négociation annuelle obligatoire : NDLR], part de plus en plus importante du variable, course effrénée aux objectifs, pression démesurée sur l'ensemble des métiers, et encore plus vicieuse chez les commerciaux, entraînant maladies professionnelles, burn out et suicides […]. Les branches professionnelles, les entreprises ont une volonté farouche et tenace de formater les salariés aux “valeurs et stratégies” de l'entreprise muselant ainsi leur liberté d'expression et de réflexion », note le document syndical, toujours d'actualité.
Valérie Lefebvre-Haussmann, secrétaire générale de la fédération banque et assurances CGT, salariée de la Caisse d'épargne d'Île-de-France, en témoigne : « Sous couvert de lutte contre le blanchiment, nous avons de plus en plus de contraintes administratives qui s'imposent aux guichetiers. On perd le sens de notre travail quand on ne sait pas pourquoi un dossier de financement est refusé et pourquoi d'autres passent, quand on nous explique en formation professionnelle que le “produit” que l'on vend est accessoire. » La confusion des genres, il est vrai est partout. Le Crédit mutuel ou la Banque postale vendent des téléphones, et le Crédit agricole des voitures. Très récemment l'opérateur Orange vient d'annoncer en grande pompe l'ouverture d'une banque en ligne low cost…

De conseiller financier à camelot

Puisque tout semble se valoir, pourquoi le métier de conseiller financier ne laisserait-il pas la place à celui de (mauvais) vendeur ? « On ne nous demande même plus de connaître en détail les produits à vendre. Sans doute, parce que si les conseillers connaissaient tous les rouages de tels ou tels placements, ils risqueraient de répondre précisément aux questions des clients, et cela pourrait poser problème. » À savoir, pour le détenteur du compte, découvrir les risques qu'il encourt à placer son argent dans de nouveaux produits bancaires et pouvoir les refuser. Quant au conseiller financier, à lui de régler seul, avec sa conscience, le conflit d'intérêts entre ses valeurs personnelles et les injonctions professionnelles. Car, vendre des produits de banque ou d'assurance « approximatifs » – et en être conscient – est loin d'être anodin en termes de perte de l'estime de soi.
Considérés, jadis, comme des cols blancs privilégiés, les salariés des banques, des assurances et autres sociétés financières vivent violemment la dégradation de leurs conditions de travail. Pour pallier ce mal-être, nombreux sont les salariés des banques qui ont besoin de béquilles pour aller au travail : « cachets, alcool ou plus… », admet Valérie Lefebvre-Haussmann dont la fédération CGT tente, via les CHSCT, d'alerter et de faire prendre conscience de ce grave problème de santé publique. Le prochain scandale bancaire ?