À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
AGROALIMENTAIRE

À Nantes, les Choco BN font la grimace et s'inquiètent pour leur site

27 mai 2019 | Mise à jour le 28 mai 2019
Par | Photo(s) : Alain Le Bot / AFP
À Nantes, les Choco BN font la grimace et s'inquiètent pour leur site

Inquiétudes à la Biscuiterie Nantaise - BN, après les annonces de déréférencement des BN chocolat chez Carrefour.

Le biscuit fourré au chocolat orné d’un grand sourire tire la grimace. La faute à Carrefour qui vient de les enlever de ses magasins. Une mauvaise nouvelle pour les salariés de la Biscuiterie nantaise (BN) qui, face au manque d'informations de la direction, ont déposé un droit d'alerte économique.

Le « Choco BN », celui-là même qui, depuis les années 1960, accompagne les petits-déjeuners et goûters de générations d'enfants, et de plus grands, est-il menacé d'extinction ? C'est déjà le cas chez Carrefour où, depuis février, le fameux biscuit fourré au chocolat a brusquement disparu des rayons.

« Marché extrêmement concurrentiel », « gamme pas assez performante », les arguments avancés par le distributeur ont cependant du mal à convaincre Jérémy Germain, délégué syndical CGT BN de l'usine de Vertou, près de Nantes, où est installée la biscuiterie. « Ils préfèrent vendre leur marque distributeur », ironise le syndicaliste, qui remarque que Carrefour va « garder ce que leur marque ne produit pas, comme les BN à la fraise ».

Un déclin entamé depuis dix ans

Reste que cette disparition n'annonce rien de bon. « On voit bien que, depuis un peu plus de dix ans, le tonnage diminue au fur et à mesure et que la ligne “goûters fourrés” est en perte de vitesse mais là, avec Carrefour, c'est 4 000 tonnes en moins direct ! Ça fait beaucoup d'un coup », s'inquiète Jérémy qui rappelle que les effectifs de la BN sont déjà passés de 450 à 360.

« On nous a demandé de faire des économies à hauteur de 3 millions il y a trois ans et cela s'est fait sur le dos des salariés. Avec un gel des salaires en 2018 et une augmentation de 1,7 % cette année, même pas à la hauteur de l'inflation », poursuit-il. « Il faut être flexible à outrance,  jongler entre les lignes de production. On fait débaucher des gars qui travaillent de nuit plus tôt pour qu'ils reviennent l'après-midi… Ce n'est tout simplement pas possible. »

La direction de la BN navigue à vue

D'autant moins que, face à cette situation, la direction semble naviguer à vue. « On nous dit que la situation de la BN n'est pas si catastrophique, que l'on remonte la pente, sauf que, ce que l'on voit, c'est que l'entreprise se vide et qu'il n'y a pas de plan stratégique », constate le délégué syndical. « Même s'ils ne le disent pas ouvertement, ils cherchent à vendre l'entreprise. On ne fait pas d'investissement et on vide la masse salariale pour rendre la mariée plus belle. »

C'est qu'il y a bien longtemps que la Biscuiterie nantaise n'est plus la petite entreprise familiale fondée en 1896. Après être passée entre des mains américaines, dont PepsiCo, et britanniques, la BN appartient depuis 2014 au groupe turc Yildiz Holding, numéro deux mondial des biscuits sucrés.

« Lorsque Yildiz a racheté le groupe anglais United Biscuits, dont faisaient partie la BN et Delacre, il a payé très cher et maintenant, avec ce qu'il se passe en Turquie et les problèmes que connaît leur monnaie (la livre turque a perdu 80 % de sa valeur face au dollar en dix ans, NDLR), il cherche à revendre des usines. Il a déjà vendu Delacre et maintenant il n'a plus que nous en France », prévient Jérémy.

Autant d'éléments qui ont poussé la CGT BN à déposer, jeudi 23 mai, un droit d'alerte économique au CSE qui se tenait ce jour-là. « Un expert va examiner les comptes, voir si de l'investissement est prévu, donner des pistes pour relancer la gamme ou d'autres produits innovants. Faire que cette entreprise soit pérenne et crée de l'emploi. » Et sauver le Choco…