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EXPOSITION

Le crime au féminin

6 janvier 2017 | Mise à jour le 6 janvier 2017
Par | Photo(s) : DR
Le crime au féminin

Sorcière, empoisonneuse, infanticide, pétroleuse, traîtresse, les Archives nationales déclinent avec « Présumées coupables » les stéréotypes qui collent aux basques des femmes depuis plus de cinq siècles, à travers plus de 320 procès-verbaux d'interrogatoires. Édifiant !

Les Archives nationales nous convient à une plongée dans les procès intentés aux femmes au cours des siècles. Sous cloche, de grands registres où s'étalent les procès-verbaux d'interrogatoires ou les lettres de rémission dont des fragments sont retranscris sur écran, tandis que des estampes, des photos ou des extraits de films s'étalent sur les murs. Ainsi, l'expo « Présumées coupables » confronte les archives judiciaires aux représentations de la femme dangereuse, suivant différentes séquences.

Procès en sorcellerie

La première séquence, consacrée à la sorcière, la plus conséquente, nous donne un aperçu des dizaines de milliers de procès qui se déroulèrent entre le XVe et le XVIIIe siècle. Parfait bouc émissaire, la sorcière sert alors à expliquer les épidémies, les morts mystérieuses, les violents orages ou la stérilité d'un couple… En suivant la procédure inquisitoire – plainte, interrogatoire, torture, mise à mort –, on mesure la violence inouïe qui se déchaîne alors sur la femme. Au cœur de ces procès, pointe la peur de sa sexualité débridée. Quand elle n'est plus sorcière chevauchant un balai et forniquant avec le diable, elle devient empoisonneuse. Et l'expo de mettre en avant les figures de Violette Nozière ou de Marie Besnard. La femme n'est plus seulement lubrique, elle se fait sournoise.

Tous les vices

Autre stéréotype décliné dans l'exposition : l'infanticide. Là, on suit la détresse et la solitude de ces femmes qui tuent leurs bébés après avoir été abandonnées par leurs amants ou abusées par leurs proches. Au XVIe et au XVIIe siècle, elles sont condamnées le plus souvent à la peine de mort, et un édit de 1556 oblige les femmes non mariées qui se retrouvent enceintes à déclarer leur grossesse auprès des autorités. Vient ensuite la figure de la pétroleuse, incarnée par les communardes soupçonnées d'avoir

incendier Paris. Lors de leurs procès, comme le souligne l'expo, « elles sont aussi interrogées – et peut-être plus encore – sur leur moralité, leur famille, leur consommation d'alcool et leurs rapports aux hommes ». La femme se devant d'être exemplaire, on ne lui pardonne rien et on l'humilie en place publique à l'image des tondues à la Libération. L'expo « Présumées coupables », en partant des archives judiciaires, a le mérite de mettre en lumière la persistance des préjugés sexistes qui se déchaînent envers les suspectes. Forcément coupables…

 

« Présumées coupables »,

jusqu'au 27 mars, au musée des Archives nationales,

Hôtel de Soubise – 60 rue des Francs-Bourgeois – Paris 3e.