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DOCUMENTAIRE

Le diable dans les détails

5 janvier 2016 | Mise à jour le 21 février 2017
Par | Photo(s) : Jupiter Films
Le diable dans les détails

En acceptant – sans les lire – les conditions générales d'utilisation sur le Web, nous donnons accès à des données personnelles dont nous ne maîtrisons pas l'utilisation. « Les Nouveaux Loups du web » enquête.

Qui lit les conditions générales d'utilisation (CGU) et la politique de confidentialité des nombreux contrats auxquels nous souscrivons d'un clic pour accéder aux moteurs de recherche, réseaux sociaux, applications et autres services proposés par les entreprises du Web et de la téléphonie mobile ?

Personne ! D'ailleurs, il faudrait en moyenne 180 heures par an pour lire ces parties de contrat qui sont souvent présentées de manière à décourager même le plus valeureux – et le moins occupé – des internautes…

Pourtant, ces paragraphes contiennent souvent des clauses très douteuses, qui portent réellement atteinte à la vie privée en donnant accès à vos données personnelles à des entreprises qui en font leurs choux gras. Il a ainsi été calculé que, chaque année, chaque internaute offre à Google l'équivalent de 500 $, fruit de l'exploitation de ses données. En effet, si sur le Web beaucoup de services se targuent de gratuité, c'est pour mieux « marchandiser » la vie privée des internautes.

En signant Les nouveaux loups du web, Cullen Hoback souhaite nous faire réfléchir sur cette exploitation commerciale, à notre insu, d'informations privées. Au fil de son documentaire et des rencontres avec divers interlocuteurs, le documentariste nous interpelle aussi sur les dérives, de plus en plus fréquentes, qui consistent à ce que ces données passent de la sphère commerciale à celle de la surveillance par l'État.

Bien sûr, chacun se dira « Je n'ai rien à me reprocher et on ne trouvera rien d'illégal ou de douteux dans mes données ». Il n'en reste pas moins que ces clauses sont une véritable intrusion et surtout que la transparence que vous affichez est à sens unique !

En effet, cette enquête donne des exemples de l'opacité, voire du mensonge flagrant de sociétés telles que Google.

Qui, par exemple, en publiant l'historique de ses « politiques de confidentialité » successives a « omis » d'y inclure certaines clauses où des modifications significatives ont été apportées. Ces clauses ont été heureusement archivées par Internet Archive, organisme à but non lucratif qui fonctionne comme une gigantesque bibliothèque du Web.

Autre dérive quand, aux États-Unis, le site ToySmart, en faillite, a vendu son fichier des données de ses 195 000 utilisateurs, alors qu'il s'était contractuellement engagé à ne pas le faire. Ou quand Instagram prévoit dans ses clauses la possibilité de vendre vos photos sans contrepartie et à des fins publicitaires.

Le jeune réalisateur ne tombe pas dans la paranoïa, mais invite à la réflexion, souvent avec humour et de petites animations, ou en employant la méthode qui rendit célèbre l'ami Michael Moore : aller demander des comptes au sommet de la pyramide – ici, à Mark Zuckerberg, patron de Facebook. Son film regroupe beaucoup d'informations et appelle chacun d'entre nous à plus de vigilance afin que le Web ne soit pas une zone de non-droit.

Pour mémoire : toutes les lois adoptées au niveau des États pour la protection de la vie privée ont été balayées par le USA Patriot Act consécutif aux attentats du 11 septembre 2001.
De quoi réfléchir aussi de ce côté-ci de l'Atlantique alors que le gouvernement français multiplie les mesures que n'aurait pas reniées G.W. Bush…

 
Les Nouveaux Loups du Web, réalisé par Cullen Hoback. 1 h 17. En salles le 6 janvier.