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CINÉMA

Le fils du père

7 août 2018 | Mise à jour le 13 juillet 2018
Par | Photo(s) : Nuri Bilge Ceylan Film
Le fils du père

L'erreur majeure serait de se laisser décourager par les trois heures huit minutes du film – l'équivalent de trois épisodes d'une série lambda.

Si l'on connaît le caractère contemplatif du cinéma de Nuri Bilge Ceylan, dont le précédent opus, Winter sleep, avait reçu la Palme d'or à Cannes en 2014, on connaît aussi sa propension à étirer ou comprimer le temps – une heure, trois heures, cinq heures, finalement, c'est pareil –, à écrire des dialogues à l'infini pour mieux disserter sur l'art, la création, la religion, l'amour au beau milieu des affaires courantes et quotidiennes de la famille, du village, de la société. Au beau milieu d'un écrin somptueux, fait de paysages, d'animaux, de lumière et d'amour absolu pour le monde paysan.

De retour dans son village natal d'Anatolie, le jeune Sinan, qui a toujours rêvé d'être écrivain, cherche l'argent pour publier son manuscrit, tandis que l'addiction au jeu de son père a contraint toute la famille dans un cycle de dettes sans fin.

De ce scénario minimaliste, Ceylan livre un film magistral d'abord en forme d'hommage à la relation père fils, au portrait d'un jeune artiste puis au portrait de famille. Il ne choisit pas et traite de tout, prend le risque de se perdre sans se perdre jamais, joue, sans crier gare, la carte de l'onirisme, et rend son récit accessible par sa capacité à appréhender la complexité des relations, par l'ampleur de sa mise en scène et par la beauté poétique de sa photographie. Ceylan ne surplombe pas son spectateur, simplement, il ne lâche rien de l'exigence artistique au service d'histoires de jeunes profs diplômés qui deviennent flics par manque de postes, de vieux profs qui s'égarent en jouant aux courses pour essayer de tromper la pauvreté, de puits sans eau et de poiriers sauvages.

Le Poirier sauvageréalisé par Nuri Bilge Ceylan, 3h08. Sortie le 8 août 2018.