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CHEMINOTS

Le trafic SNCF reprend, les cheminots alertent sur les risques sanitaires

15 mai 2020 | Mise à jour le 19 mai 2020
Par | Photo(s) : Karine Pierre/AFP
Le trafic SNCF reprend, les cheminots alertent sur les risques sanitaires

Paris, Gare de Lyon, le 13 mai 2020.

En première ligne de la reprise du trafic SNCF, les cheminots dénoncent les risques du système de contrôle sanitaire mis en place pour enrayer la propagation de la pandémie, et s'inquiètent d'une extension abusive de leurs missions. Témoignage d'un cheminot CGT, conducteur de TER à Orléans (Loiret).
Entretien avec Sébastien Nugou, secrétaire régional des cheminots CGT de la région Centre et conducteur de TER à Orléans.
La reprise du trafic ferroviaire est un des aspects majeurs du déconfinement intervenu le 11 mai. Comment ça se passe ?

Dès lundi, 80 % des cheminots ont repris le travail sur site ou sur engin pour que puissent circuler 50 % des trains – au lieu de 15 % pendant la période de confinement. Marquages au sol, distributeurs de gel hydroalcoolique, masques pour les agents, un siège sur deux inoccupé… La première séquence médiatique a montré combien tout était bien organisé ; la bataille menée sur tous ces sujets dans les CSSCT, depuis deux mois, a été laissée hors champ. Reste que ce dispositif est très fragile.

Nous n'en sommes qu'à la première semaine de reprise : le télétravail continue pour beaucoup et la limitation des 100 km, au-delà desquels les Français ne peuvent pas se déplacer sans raison impérieuse, réduit l'affluence dans les gares. Mais en réalité, plus on va avancer dans le déconfinement et plus on sera en difficulté pour gérer les flux de voyageurs. Et les trajets régionaux comme Orléans-Paris, Chartres-Paris, Tours-Paris ou Tours-Orléans, qui relient le domicile au lieu de travail, sont inférieurs à 100 km et devraient bientôt être à nouveau très empruntés…

Pourquoi, ce dispositif vous semble-t-il aussi fragile ?

Ce qu'on a observé cette semaine à la gare SNCF de Tours le montre déjà. Nous avons dû mettre en place un filtrage à l'entrée de la gare car, au pied du train, cela devenait très compliqué avec la distanciation à observer entre voyageurs, les contrôles des justificatifs à pratiquer, l'impatience des voyageurs à gérer, etc.

Un contrôleur peut verbaliser un voyageur qui n'a pas de billet, mais il n'est pas là pour faire appliquer des mesures sanitaires. Ce n'est pas son métier. Il faudrait en outre être beaucoup plus nombreux pour le faire.
 La loi du 11 mai, prorogeant l'état d'urgence sanitaire, prévoit l’extension des catégories de personnes habilitées à verbaliser en cas de non-respect des règles. Des agents SNCF vont donc être assermentés pour dresser des contraventions aux voyageurs qui ne porteraient pas de masque dans les trains ou dans les gares. Qu'en pensez-vous ?

On attend le décret mais on sait qu'on sera débordés. On ne veut pas de cette responsabilité, nous prévoyons d'ailleurs de nous organiser syndicalement pour ne pas relever de cette mission qui échoit aux forces de l'ordre. Un contrôleur peut verbaliser un voyageur qui n'a pas de billet, mais il n'est pas là pour faire appliquer des mesures sanitaires.

Ce n'est pas son métier. Il faudrait en outre être beaucoup plus nombreux pour le faire. Dans le même temps, nous sommes bien conscients que le non-respect de la loi fera courir des risques à tout le monde, agents et voyageurs. Dans les faits, nous serons donc au moins amenés à rappeler les dispositions légales. Nous réclamons, pour commencer, la généralisation des filtrages à l'entrée des gares…

On perd entre 2 000 et 2 500 cheminots par an depuis plus de dix ans. Mais là, on arrive à l'os, on en vient à être en difficulté pour remplir nos missions. Ça touche à la production même, et l'entreprise entend continuer dans cette logique.
La SNCF n'a cessé de réduire sa masse salariale ces dernières années, sa politique a-t-elle changé avec cette crise ?

Pas du tout. On perd entre 2 000 et 2 500 cheminots par an depuis plus de dix ans. Mais là, on arrive à l'os, on en vient à être en difficulté pour remplir nos missions. Ça touche à la production même, et l'entreprise entend continuer dans cette logique.

Pis, cette période nous a obligés à tester de nouvelles pratiques comme le télétravail, la flexibilité des personnels, la réorganisation des chantiers, la généralisation des canaux digitaux pour les IRP… Un test grandeur nature que la direction pourrait vouloir généraliser pour encore réduire les coûts et tailler dans les effectifs.

Et puis les relations numériques modifient les échanges et les rapports de force. Quand on organise un CSE par Skype, ce n'est pas pareil qu'une réunion en face à face. On ne dit pas les mêmes choses, on ne se comporte pas de la même façon.

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