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CINÉMA

L’éducation au cœur du douzième Festival Filmer le travail

17 février 2021 | Mise à jour le 19 février 2021
Par | Photo(s) : DR
L’éducation au cœur du douzième Festival Filmer le travail

Du fait de la crise sanitaire, le Festival Filmer le travail aura lieu en ligne du 19 au 28 février. En plus des 17 films de la compétition internationale, cette douzième édition proposera une programmation dédiée à l'éducation, thématique au cœur de l'actualité. Entretien avec Maïté Peltier, directrice artistique.

Créé en 2009, à Poitiers, le festival Filmer le travail s'emploie à croiser chaque année des regards cinématographiques sur le travail avec ce que nous en disent les sciences humaines et les sciences sociales.

Durant dix jours, c'est l'occasion de rencontres entre le public et des professionnels de l'image, des artistes, des chercheurs, des acteurs du monde du travail, autour d'une programmation qui mêle cinéma, littérature, musique, conférences et débats de société.

Cette année, crise sanitaire oblige, son contenu bascule en ligne. Un lien vers une plateforme dédiée sera proposé à cet effet sur le site du festival, filmerletravail.org. Du 19 au 28 février, 17 documentaires de la compétition internationale seront ainsi en accès libre, ainsi qu'une rétrospective de films consacrés à l'éducation — thématique choisie pour cette douzième édition — une programmation Jeune public, des conférences, des podcasts, un journal du festival…

Pourquoi avoir choisi la thématique de l'éducation, cette année ?

Nous avions en tête l'éducation depuis quelques années, mais cette année nous voulions faire écho aux travaux menés par plusieurs chercheurs de l'Université de Poitiers et de l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation (INSPÉ), où sont formés les futurs instituteurs et enseignants. Ces chercheurs préparaient, pendant le confinement, un texte paru à la fin de l'année : Enseigner au temps du coronavirus.

Croiser le cinéma et les sujets de recherche, c'est ce qui fait l'identité du Festival Filmer le travail, unique en son genre. C'est donc un faisceau de facteurs qui nous a fait nous intéresser à cette thématique de l'éducation avant même de savoir que celle-ci allait être à ce point au cœur des débats actuels avec tout ce qui s'est passé ces derniers mois, les réformes, etc.

Sous quels angles aborderez-vous le sujet ?

Il sera notamment question de la crise sanitaire, de la continuité pédagogique. Comment enseigner aujourd'hui ? Qu'est-ce que l'acte d'enseigner ? Qu'est-ce que l'éducation ? Et quel projet se profile-t-il derrière les méthodes éducatives qui sont mises en place ?

Nous prendrons également du recul par rapport à cette actualité, en redécouvrant ces problématiques au travers de films du patrimoine qui renvoient à d'autres époques, réalisés par des cinéastes importants qui ont marqué l'histoire du cinéma.

Il s'agit à la fois de faire écho à l'actualité et de prendre de la distance. L'idée est d'inviter le public à faire un voyage autour de films choisis avec l'historien du cinéma Federico Rossin, en compagnie de qui nous travaillons depuis plusieurs années.

En plus des films, vous proposez des rencontres. Quels sont les rendez-vous à ne pas manquer ?

Il y a deux moments très importants. Le 19 février à 18 heures, nous ouvrirons le festival sur la question d'actualité — l'éducation au temps de Coronavirus — avec un dialogue inaugural entre Etienne Doite, un chercheur de l'université de Poitiers qui a contribué à l'ouvrage Éducation au temps du Coronavirus et Nathalie Quintane, auteure d'un texte sur son expérience d'enseignante, Un hamster à l'école, paru en janvier dernier.

Il y aura également une intervention filmée de Barbara Stiegler, dont un des séminaires a pu être suivi par des membres de notre équipe à Bordeaux. Cette ouverture sera également l'occasion de montrer Pipicacadodo, film de Marco Ferreri (1979) avec Roberto Benigni dans le rôle d'un instituteur qui tente un pas de côté, qui essaie d'enseigner autrement.

Et l'autre rendez-vous important ?

Ce sera à la fin du festival, le samedi 27 février à 14 h, quand nous aborderons l'impact de la crise sanitaire sur le travail des auteurs-réalisateurs de films documentaires. Quelles sont les conséquences en termes d'écriture, de tournage et de distribution ? En ces temps de rideaux baissés, de télétravail massif…, filmer le travail est-il encore d'actualité ?

Oui, c'est absolument d'actualité. Nous recevons chaque année, en compétition internationale, de plus en plus de films sur ces questions-là. Le travail est au cœur de nos vies, et des bouleversements tels que le télétravail, la précarisation traverseront d'autant plus les films à venir.

La programmation de cette année ne porte pas encore les traces de la crise actuelle, elle nous entraîne au Nigeria, au Brésil avec des problématiques de déforestation ou bien aux États-Unis, à propos du travail domestique. Ce qui nous intéresse aussi, c'est la façon dont les cinéastes s'emparent de la thématique du travail pour donner à voir des films de cinéma. La question de la forme est essentielle.

Quel film recommanderiez-vous dans cette compétition ?

Un film sur le Nordeste brésilien réalisé par Andrea Santana et Jean-Pierre Duret, coréalisateurs de Rio de Vozes (Les voix du fleuve, en français), un voyage le long du fleuve Rio San Francisco, asséché par la monoculture fruitière de la mangue et par les entreprises de déforestation. Les deux réalisateurs vont à la rencontre des populations qui habitent là et qui essaient de pêcher encore malgré la rareté des poissons.

Ils filment des hommes et des femmes qui travaillent, qui luttent, qui tentent de résister, qui essaient de se rassembler pour défendre leur communauté. C'est un film à la fois sur des problématiques environnementales et écologiques très importantes, mais aussi le portrait humain et sensible des populations qui habitent ces territoires.

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