14 juin 2025 | Mise à jour le 14 juin 2025
Classes surchargées, locaux délabrés, heures de cours qui disparaissent en cours de scolarité, professeurs mal formés, frais de scolarité exorbitants… Dans Le Cube, Révélations sur les dérives de l’enseignement supérieur privé, la journaliste Claire Marchal révèlent le fonctionnement des écoles appartenant à la multinationale Galileo Global Education. Elle décrit une entreprise privée à la dérive, obsédée par ses bénéfices, largement alimentée par des aides d’État et peu soucieuse de la réussite des élèves.
Depuis une dizaine d’années, les inscriptions dans l’enseignement supérieur privé ont explosé, bénéficiant principalement à des établissements à but lucratif, appartenant souvent à de grands groupes. Parmi eux, Galileo Global Education se présente comme « le leader mondial » du secteur. En quelques années, la multinationale française, dirigée par Marc-François Mignot Mahon s’est, effectivement, construit un empire : le groupe est présent dans une soixantaine d’écoles, principalement des écoles d’art ou de commerce, dont certaines comptent parmi les plus prestigieuses : Cours Florent, Penninghen, EM Lyon, ESG, Bellecour… La multinationale est présente dans une vingtaine de pays et réalise un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros. Pourtant, selon les révélations de l’ouvrage Le Cube, Révélations sur les dérives de l’enseignement supérieur privé, fruit d’une d’enquête de deux ans réalisée par la journaliste Claire Marchal, la qualité de l’enseignement est loin d’être au rendez-vous.
Diplômes en carton
Parmi les nombreuses dérives observées et racontées dans Le Cube, celles des taux d’insertion professionnels communiqués par les écoles. En effet, des taux d’insertion professionnelle minimums sont indispensables aux écoles pour conserver leur titre RNCP – pour Répertoire national des certifications professionnelles. Or, ce sont les établissements qui sont chargés de calculer les taux d’insertion de leurs propres formations et de les communiquer ensuite à France compétences. La journaliste montre ainsi comment la direction de l’école Bellecour, une école d’art, de design et de jeux vidéo basée à Lyon et appartement à Galileo, a promit aux futurs étudiants des taux d’insertion importants – de 75 à 90% – bien au-dessus de la réalité. L’école s’est en effet livré à un certain nombre de calculs pour lisser ses résultats réels, bien moins bons, et attirer des nouveaux étudiants. Dans une autre école du groupe, LISAA Game et Animation, le taux d’insertion en 2022 était si bas que la direction a décidé d'emprunter le titre RNCP d’une autre école de la multinationale, également spécialisée en jeux vidéos.
Fuir Parcoursup
Par ailleurs, Claire Marchal montre que les inscriptions au sein des ces établissements privés lucratifs sont plébiscitées par des familles et des élèves fuyant l’opacité et l’angoisse générée par les inscriptions sur les plateformes Parcoursup ou MonMaster. En clair, ces écoles attirent les élèves les plus vulnérables ou les familles modestes. Cité dans Le Cube, la sociologue Leïla Frouillou relève que « si on a assez de capital scolaire, culturel et économique, on a une place dans Parcoursup. Les formations privées hors Parcoursup promettent un bon filet de sécurité aux jeunes qui n’ont pas tout ça. » De fait, alors que les premiers résultats viennent de tomber sur la plateforme d’admission post-bac ce lundi 3 juin 2025, un rapport de la Défenseur des Droits Claire Hedon, paru quelques jours plus tôt, étrille « un système d'orientation dans l'enseignement secondaire peu lisible, morcelé et inégalitaire, alors même qu'il engage l'avenir de millions de jeunes ». En conséquence, nombre de familles et d’élèves se tournent vers les école de Galileo Global Education, peu sélectives, afin de sécuriser une place après le baccalauréat, même si pour ce faire, ils doivent se serrer la ceinture ou s’endetter. En effet, les frais de scolarité des écoles du groupe sont très élevés : compter entre 6 000 et 10 000 euros par an. Résultat, « nombre d’élèves sortent des écoles de Galileo déprimés, endettés, et sans perspective d’avenir », écrit la journaliste.