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SNCF

Les cheminots rejettent la réforme gouvernementale en masse

23 mai 2018 | Mise à jour le 24 mai 2018
Par | Photo(s) : Dominique Martinez
Les cheminots rejettent la réforme gouvernementale en masse

Après plus de vingt jours de grève et alors que la direction annonce l'érosion du mouvement, la vot’action organisée par les syndicats montre que les cheminots rejettent massivement la réforme de la SNCF portée par le gouvernement. Ce qui légitime encore l'ouverture de véritables négociations que réclame l'intersyndicale.

564 urnes déployées dans le pays en une semaine, 61,15 % de participation au vote et 94,97 % de bulletins contre. Ce sont les principaux chiffres à retenir de la conférence de presse tenue ce matin par l’intersyndicale CGT-CFDT-Sud-Unsa au siège du CCGPF, le comité central du groupe public ferroviaire, pour annoncer les résultats de la vot’action organisée par leurs organisations entre le 14 et le 22 mai malgré un climat de franche hostilité entretenu par la direction, qui ne cesse de crier à l’érosion du mouvement et à l’acceptation du projet dans l’entreprise.

« 91 068 cheminots ont voté, soit 61,15 %. C'est un taux de participation exceptionnel à comparer aux 68 % de votants aux élections professionnelles et surtout à la participation à la dernière votation de ce type dans l'entreprise, qui avait eu lieu avec le soutien de la direction en 1998 sur l'accord 35 heures, a expliqué Laurent Brun, secrétaire général des cheminots CGT. À cette époque la participation avait été de 50 % et avait été légitimée par l'entreprise. »

Le 25 mai

À l’aube du 21e jour de grève, « ce résultat, qui témoigne d’une hostilité incontestable des cheminots vis-à-vis du pacte ferroviaire en cours de discussion, doit être entendu, a poursuivi  le leader syndical. Le gouvernement doit revoir sa copie. L’occasion de la rencontre du 25 mai doit permettre au premier ministre de considérer qu’on ne fait pas une réforme contre l’avis des principaux experts en la matière et de ceux qui vont devoir la mettre en œuvre au travers de leur travail ». L’intersyndicale devait se réunir cet après-midi pour décider des suites à donner au mouvement, notamment en cas de refus du gouvernement d'ouvrir de véritables négociations. Chacun avec leur sensibilité, les syndicats ont réaffirmé leur unité contre cette réforme.

Sur le calendrier de négociation de la convention collective, les syndicats demandent plus de temps car la fin du statut programmée pour le 1er janvier 2020 laisse présager une négociation à marche forcée. « D’un point de vue social, autant que technique d’ailleurs, il faut plus de temps pour mener ces négociations ; ça ne s’improvise, mais le gouvernement a décidé que… donc on passe en force », dit la CGT.

« À partir de ce vote, comment reconstruire un système ferroviaire efficace quand une majorité écrasante des salariés qui devront le faire fonctionner sont franchement hostiles aux solutions et aux organisations proposées ? Il ne serait pas sérieux de mépriser cette alerte […] et de faire passer coûte que coûte ses objectifs idéologiques au chausse-pied », a ajouté Laurent Brun en dénonçant l’autoritarisme extrême du gouvernement.

Le 29 mai

Alors que 169 amendements ont été déposés sur ce texte – la CFDT et l’Unsa en ont déposé plusieurs –, il devrait arriver en séance publique au Sénat à partir du 29 mai. À cette occasion aura lieu une initiative en présence l’International Transport Workers Federation, l'ITF, qui rendra compte des différentes expériences en Europe et dans le monde. Car les syndicats persistent et signent : l’ouverture à la concurrence est une démarche qu’ont expérimentée d’autres pays européens, comme la Suède et le Royaume-Uni, qui aujourd’hui veulent rétropédaler. Or, le changement de statut de l’entreprise publique qui deviendrait une société par actions, laisse bien entrevoir la volonté de privatisation par morceaux, ce qui reviendrait à « une vente des services publics par appartements ».

Plusieurs syndicats dont l’Unsa on également dénoncé l’amateurisme qui avait présidé dans ce dossier pour expliquer les pans entiers de la réforme sur lesquels le gouvernement ne fait  tout simplement aucune proposition. Forts de ces résultats de scrutin – sans valeur légale mais non moins légitime –, les syndicats ne roulent pas des mécaniques mais en appellent à la responsabilité du gouvernement engoncé dans une posture idéologique qui l'empêche de faire de véritables propositions et d’ouvrir de véritables discussions. « Le gouvernement doit faire de la politique et pas que de la politique philosophique », a conclu le leader des cheminots CGT, rappelant entre autres que « cette grève coûte très cher aux cheminots et à leurs familles ».

Retrouvez le dossier sur les rails européens dans la NVO de mai 1968 : Le printemps des luttes