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Les choses de la vie

23 mai 2015 | Mise à jour le 9 mars 2017
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Les choses de la vie

De 2002 à 2007, Manu Larcenet donnait naissance aux quatre tomes du « Combat ordinaire » qui reparaît en intégrale. Le portrait d'un photographe envahi par le doute sur les priorités de l'existence.

« Larcenet c'est pas que du dessin, c'est un reflet du commun des mortels » écrit justement Magyd Cherfi dans sa préface à l'ouvrage. Et nombre d'amateurs de BD ne s'y sont pas trompés qui lui décernèrent le grand prix au Festival d'Angoulême en 2004. Car son personnage de Marco, trentenaire angoissé, sujet à des crises de panique, ressemble forcément un peu à ses lecteurs.

Marco doute. De son travail de photographe, de l'engagement amoureux, de ses rapports avec sa famille, du chemin qu'il veut faire emprunter à sa vie. Et surtout de lui-même. Pour trouver qui il est, Marco laisse tomber ce qui était sa photo jusqu'alors : les pays lointains et l'aventure, le monde divers et rude, avec toute sa violence.

Marco cherche autre chose, et va le trouver tout près, auprès des ouvriers du chantier naval où travaillait son père et qui ont fait partie du paysage de son enfance. Ce sont leurs portraits qui vont le révéler à lui-même, car eux aussi doutent du monde tel qu'il va, et que ce doute commun les rapproche. Marco va aussi rencontrer Emilie, la jolie véto qui soigne son chat et renouer des liens un peu distendus avec son frère et surtout avec son père frappé par la maladie et dont il ne connaît pas toute l'histoire…

Marco a couru la planète et n'y a pas trouvé de réponse à ses questions, à son malaise. Et l'on pense au poème de Joachim du Bellay : « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage/Ou comme cestuy-là qui conquit la toison/Et puis est retourné, plein d’usage et raison/Vivre entre ses parents le reste de son âge ! » C'est en effet ce parcours, semé d'embûches, jalonné de crises et de souffrances, parsemé de joies petites ou grandes qui fait grandir Marco prenant conscience que « Le combat ordinaire » des héros du quotidien est ce qui le touche et le motive.

Dans cette intégrale, Manu Larcenet rend aussi un très bel hommage au monde ouvrier, sans l'idéaliser ni se bercer d'illusions. Ses portraits des travailleurs des chantiers sont justes et forts et cette belle réédition mérite une place dans vos bibliothèques.

combat_ordinaire

 

« Le combat ordinaire ».

De Manu Larcenet.

Editions Dargaud. 246 p., 39,90 €.