15 février 2019 | Mise à jour le 20 février 2019
Pour la CGT intérim qui a lancé le 12 février dernier, l'acte II des « journées rouges des intérimaires » — une campagne d'information et de sensibilisation à l'exploitation et à la précarisation des salariés intérimaires — c'est dans les entreprises que doit avoir lieu le grand débat. Car c'est là que tout se joue.
« Bonjour, vous avez cinq minutes ? » En ce mardi 12 février ensoleillé, Azzedine Djoumer, délégué CGT Randstad et ses six camarades, interpellent les travailleurs qui entrent et sortent de l'usine McCormick, dans la zone industrielle de Carpentras. Les dix représentants syndicaux de l'usine, où la CGT est majoritaire, sont à leur côté, pour cette seconde « journée rouge des intérimaires en colère », une campagne d'information lancée le 7 février, par la fédération intérim de la CGT, chez Renault à Cléon, Iveco à Annonay et Valéo à Amiens.
Ce jour- là, plus de 750 salariés ont signé la pétition demandant entre autres, une prime de 1 200 euros net, versée aux intérimaires avec le salaire de mars. Des agences d'intérim, proches des sites industriels, ont également été brièvement occupées dans l'après-midi par des délégations de salariés qui ont transmis aux directions générales leurs revendications.
Ramener le débat dans les entreprises
Objectif de cette mobilisation : sensibiliser les salariés et notamment les intérimaires, en plein mouvement des « gilets jaunes », aux questions d'exploitation, de pouvoir d'achat et de précarisation. Et les inciter à se syndiquer pour pouvoir mieux peser sur le patronat. « On sent bien nationalement la contestation qui monte et nous essayons de ramener le débat dans les entreprises pour pouvoir poser au patronat, les revendications sur les salaires et les conditions de travail », explique Philippe Texier, secrétaire général CGT interim.
Ce matin d'ailleurs, il fait lui aussi le pied de grue, devant la CGT Renault Douai avec ses 25 camarades CGT. Comme à Carpentras, ils distribuent des tracts et recueillent des signatures. Dans cette usine qui emploie 750 intérimaires, en plus des 2 700 salariés du site, la solidarité entre travailleurs embauchés et intérimaires, joue à plein. Et plus de 250 travailleurs, intérimaires ou permanents ont déjà signé la pétition.
Les intérimaires n'ont plus peur de défendre leurs intérêts
Un beau score, qui aurait été inenvisageable, d'après Philippe Texier, il y a encore quelques mois. Mais aujourd'hui, avec la colère des « gilets jaunes », les langues se délient, et certains travailleurs intérimaires (2,5 millions en France), pourtant embauchés à la petite semaine, n'ont plus peur de s'impliquer pour défendre leurs intérêts. Car seuls une minorité – 6% chez Randstad, une grosse agence qui emploie 10 000 intérimaires – bénéficieront des quelques avancées obtenues en décembre, comme la prime exceptionnelle de fin d'année.
La plupart, beaucoup de jeunes notamment chez Renault, souhaiteraient pourtant être embauchés et bénéficier des mêmes conditions de travail et de salaires que les autres travailleurs. Ce qui est loin d'être le cas, comme le montre notamment le nombre d'accidents de travail, deux fois plus élevés chez les intérimaires que chez les autres salariés. De quoi, espère la CGT intérim, les inciter à rejoindre la CGT qui demande entre autres, l'embauche immédiate des salariés intérimaires qui le souhaitent, l'égalité intégrale de traitement et l'augmentation immédiate des salaires.