Les intermittents en grève illimitée
Ras-le-bol général, convergence des luttes et actions musclées à prévoir: l'ambiance était certes joyeuse dans la salle bondée du Théâtre de la Ville, ce 18 avril, mais électrique. Le millier de professionnels du spectacle rassemblé en AG ovationnait les appels à la mobilisation, alors que la dernière séance de négociation sur les annexes 8 et 10 de l'assurance chômage est prévue lundi prochain.
En ligne de mire: le cadrage budgétaire inacceptable proposé par le Medef et validé par la CFDT et la CFTC (185 millions d'euros d'économies sur deux ans et 400 millions d'ici 2020) et le rapprochement des conditions d'indemnisation des annexes spécifiques et du régime général.
« Nous ne respecterons pas la lettre de cadrage. Pas question de se faire hara-kiri », prévient Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. Et de dénoncer l'Unedic, « organisme complètement partial, gouverné par le Medef et la CFDT ». Mais aussi le projet de loi El Khomri comme la loi Liberté de création, qui facilite l'emploi d'artistes amateurs non rémunérés dans des spectacles professionnels. Sans compter les baisses voire l'arrêt des subventions culturelles par nombre de régions et départements.
CONVERGENCE DES LUTTES
Et pas question de se laisser endormir par des compensations de l'État pour Samuel Churin, comédien et porte-parole de la Coordination des intermittents et précaires (CIP) d'Île-de-France : « On est assis sur une bombe à retardement. Aujourd'hui, c'est toute l'intermittence de l'emploi qui devrait être couverte. » Et de la précarité de l'emploi, au-delà de celle subie par les intermittents du spectacle, il en fut question avec Gabriel, de Sud-Rail, dénonçant les suites de la réforme ferroviaire, avec Xavier, de la Poste, ou encore avec Pierre, du comité CGT des privés d'emploi, qui survit avec le RSA.
Les étudiants des universités comme ceux de la Femis ou du Conservatoire étaient aussi là pour s'opposer à un avenir plus que sombre, en se ralliant aux actions menées aux côtés des cheminots ou des intermittents, comme le 13 avril au Printemps de Bourges. Ovation dans la salle.
OCCUPATIONS ET GRÈVE ILLIMITÉE
Chloé, technicienne dans le cinéma, venue de Bruxelles, prévient : « Chez nous, il n'y a plus de régime spécifique depuis deux ans, parce qu'on ne s'est pas assez battu. Alors, allez-y ! » Les actions commencent à se multiplier : occupation de la nouvelle Canopée des Halles, occupation encore du CDN de Montpellier, depuis le 12 avril, du CDN de Bordeaux ou de Normandie…
Rendez-vous est pris, le 25 avril à 17 heures, devant le ministère du Travail, tandis qu'un rassemblement en masse est prévu, jeudi 28 avril à 13 heures, devant le siège du Medef, et qu'un préavis de grève illimitée a été déposé par la CGT Spectacle à compter de cette date.
Preuve que la détermination est bien là, une prochaine AG devrait se tenir le 9 mai au Théâtre de Chaillot, capable d'accueillir encore plus de monde.