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ENVIRONNEMENT

Les méga-feux, révélateurs de l'abandon de la sécurité civile

11 août 2022 | Mise à jour le 11 août 2022
Par | Photo(s) : Benjamin Guillot-Moueix/Hans Luca via AFP
Les méga-feux, révélateurs de l'abandon de la sécurité civile

Le gigantesque feu de Landiras (Landes) a repris le 9 aout et a deja detruit 6.000 hectares de foret

La forêt flambe en Gironde et dans beaucoup d’autres départements. Si le dérèglement climatique est l’élément déclencheur de ces incendies, le manque d’effectifs et de matériel limitent la capacité à faire face.

Dans la seule nuit du 9 au 10 août, le feu a détruit 5 600 ha de forêt en Gironde, à cause de la reprise de l’incendie qui en avait déjà ravagé 14 000 mi-juillet et couvait depuis dans la tourbe. Ailleurs aussi, la sécheresse, la canicule et le vent ont attisé ou attisent encore les foyers : Maine-et-Loire, Drôme, Aveyron, Charente, Isère, Finistère, Jura… Le bilan dépasse les 45 000 hectares brûlés depuis le début de l’été, obligeant Elisabeth Borne à se rendre en Gironde ce 11 août avec son ministre de l’Intérieur, réduit à « lance[r] un appel solennel aux employeurs pour qu’ils libèrent leurs salariés qui sont des sapeurs pompiers volontaires ».

« Malheureusement, cette situation n’est pas une surprise, commente Peter Gurruchaga, membre du collectif national CGT des Sdis (services départementaux d’incendie et de secours). D’une part, tous les rapports sur le réchauffement climatique prédisaient [la multiplication des incendies]. D’autre part, nous dénonçons depuis des années notre insuffisante capacité à y répondre. »

1 014 camions citernes de moins depuis 2006

« Nous avons moins de camions, moins d’effectifs et moins de temps pour nous entraîner », résume-t-il. Depuis 2006, tous départements confondus, le nombre de camions citernes de lutte contre les feux de forêt (CCF) a diminué de 1 014. Fin juillet, la CGT du Sdis des Landes comptait 19 CCF non disponibles car en réparation et rappelait que selon les chiffres de 2018, seuls 13 de ces CCF avaient moins de dix ans, 54 de dix à vingt ans et 57 plus de vingt ans. A l’inverse, « la Gendarmerie nationale vient de recevoir 90 véhicules blindés ultra modernes et suréquipés » pour le maintien de l’ordre, d’un coût unitaire de 600 000 euros, compare la CGT des Services publics dans un communiqué du 22 juillet. Elle ajoute que « la flotte aérienne chargée de lutter contre les incendies […] est insuffisante, vieillissante, dégradée », contraignant la France à solliciter la Suède et l’Italie. La CGT élargit à la prévention : « L'Office national des forêts est considérablement mis à mal, les emplois de forestiers-sapeurs sont menacés, les règles de débroussaillage et d'entretien sont trop peu respectées parce que les agents publics chargés du contrôle sont en sous-effectif ».

Assez de compassion, des moyens !

Les Sdis et l’Etat ne jurent que par les pompiers volontaires, rémunérés seulement 4 euros de l’heure pour les gardes en caserne et 8 euros en intervention, sans protection sociale. D’où l’objectif d’en recruter 50 000 de plus, alors qu’ils sont déjà quatre à cinq fois plus nombreux que les professionnels (1). Le système est suffisamment vicieux pour obliger les pompiers professionnels qui partent combattre le feu dans un autre département, de le faire sous le statut de pompier volontaire. Autrement dit, « ils prennent sur leurs congés car les gardes non-assurées pendant ce temps devront l’être à leur retour », souligne Peter Gurruchaga. On comprend qu’il ait du mal à encaisser les messages de compassion du gouvernement…

 

 

(1) Officiellement, les pompiers volontaires sont 198 000. La CGT des Sdis en comptabilise 177 000 au maximum, contre 40 000 professionnels.