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Monde

"Les Palestiniens restent forts malgré cette apocalypse"

7 novembre 2023 | Mise à jour le 6 décembre 2023
Par | Photo(s) : Bapoushoo

Hala Abou-Hassira (à gauche) en compagnie de Sophie Binet (à droite) en compagnie des membres du CCN de la CGT

L'ambassadeure de Palestine en France, Hala Abou-Hassira, était l'invitée du comité confédéral national de la CGT et a été accueillie par Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Elle était déjà venue rencontrer le même CCN il y a un peu plus d'un an, le 22 mars 2022, pour témoigner de l'ampleur de la colonisation israélienne et de la violence dans les territoires occupés. Très émue, elle est venue ce 7 novembre 2023 témoigner des conditions épouvantables dans lesquelles vivent aujourd'hui les Gazaouis, depuis l'offensive d'Israël sur la bande de Gaza en réponse à l'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre dernier. L'ambassadeure a rappelé l'importance du soutien de la CGT dans la défense des droits du peuple palestinien. Extraits de son intervention.

« J’étais ici, il y a un an, devant vous pour faire part d'événements très graves se déroulant en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, dans les territoires palestiniens. J'alertais alors sur le maintien du blocus imposé sur la bande de Gaza depuis seize ans. Nous avons alerté sur l'absence de toute perspective politique pour aboutir à la solution de deux Etats, une issue qui permettrait au peuple palestinien, d'exercer son droit inaliénable à l’autodétermination c’est-à-dire de vivre dans un Etat indépendant et souverain, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Toute perte de vie civile est condamnable, déplorable ! Aujourd’hui, le prix est très élevé de tous côtés !

Une solution qui permettrait aux deux peuples de vivre l’un à côté de l’autre en paix et en sécurité. Nous avons alors aussi alerté contre toute potentielle explosion de la population palestinienne. Mais, face à cette occupation, face à l'apartheid, bien nommé  comme tel par toutes les instances internationales compétentes, hélas, nous en sommes là aujourd'hui ! Je veux d'abord dire que toute perte de vie civile est condamnable, déplorable ! Aujourd’hui, le prix est très élevé de tous côtés ! Mais rien ne justifie les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime de génocide. Ce sont les experts des Nations Unies qui disent que ce qui se passe dans la bande de Gaza est un génocide. L’ancien procureur général de la Cour Pénale Internationale (CPI) a dit la semaine dernière, qu'Israël a transformé la bande de Gaza en camp de concentration, des termes qui peuvent choquer, mais c'est le procureur général de la CPI qui le dit !

Permettez-moi de remercier la CGT, toutes ses adhérentes et adhérents pour son soutien. Un soutien au droit du peuple palestinien à la justice et à l’application du droit international. Votre voix a été toujours entendue, elle est toujours là, et je voulais, Madame la Secrétaire générale vous remercier et remercier tous les adhérents pour votre mobilisation de samedi dernier.  Il était très important d'entendre la voix de la rue, du peuple, des peuples. Il y a une mobilisation gigantesque dans le monde et la voix des peuples français était absente, maintenant elle est là. Elle a été  entendue, samedi dernier, contre l’injustice contre le déni des droits et contre les crimes perpétrés aujourd’hui contre le peuple palestinien, et pour un cessez-le feu-immédiat.

Les hôpitaux n'ont plus rien, les opérations sont réalisées sans anesthésie, y compris les amputations

Un véritable crime contre l'humanité est perpétré contre les 2,4 millions d’habitants de Gaza. Plus de la moitié d'entre eux sont des enfants ! Cela veut dire qu'Israël se venge sur des enfants principalement et ils le savent  ! Quand je parle de génocide , tous les éléments en sont hélas réunis dans la bande de Gaza : que ce soit l'intention déclarée de punir l’ensemble de la population en coupant l’eau, l’électricité, le carburant … Le nombre de personnes tuées a dépassé les 10 000 civils, dont 4800 enfants et 26000 blessés. 36 hôpitaux sont menacés de bombardement, 18 ont été bombardés. Les hôpitaux n'ont plus rien, les opérations sont réalisées sans anesthésie, y compris les amputations ! L'hôpital central de Gaza dont la capacité est de 500 patients accueille plus de 6000 blessés. Un ordre de bombardement a été donné hier soir  sur les panneaux solaires de cet hôpital alors que c'était la seule source d'énergie après l'épuisement des carburants ! Hier Israël a bombardé le seul hôpital pédiatrique de Gaza ! Notre système sanitaire est à genoux.

La voix de la raison doit s'élever, il faut un cessez-le-feu imminent, il faut arrêter de tuer les enfants et les femmes dans la bande de Gaza !

1,7 million de personnes ont dû quitter leur  logement. Israël a demandé à la moitié de la population vivant dans le Nord d'aller vers le Sud car ils s'apprêtaient à attaquer le Nord mais ils ont bombardé aussi le Sud de la bande de Gaza !  Aujourd'hui parmi les 10 000 morts, 40 % étaient dans le Sud ! Près de 700 000 personnes ont trouvé refuge dans des écoles, or cinq d'entre elles viennent d'être bombardées, directement visées, des ambulances sont visées, la situation est catastrophique, hors de toute compréhension humaine. Chaque Etat a droit à la légitime défense c'est un principe du droit international, mais quand il est attaqué par un autre Etat, dans la limite de ses frontières !  Mais aucun Etat ne peut utiliser ce droit contre une population occupée. La voix de la raison doit s'élever, il faut un cessez-le-feu imminent, il faut arrêter de tuer les enfants et les femmes dans la bande de Gaza ! La France doit rejoindre les pays qui demandent un cessez-le-feu immédiat et la sécurisation d'un couloir humanitaire. (…) La population est en train de boire de l'eau de mer depuis un mois, des centaines de milliers de gens ne peuvent plus se laver, il n' y a pas de nourriture, il y a des épidémies, le système de dessalement ne fonctionne plus, des milliers de corps n'ont pu être enterrés, la situation sanitaire est extrêmement préoccupante. Il faut aussi parler de ce dont nous aurons besoin après le cessez-le-feu, 50% des habitations sont détruites, depuis un mois plus personne ne travaille, l'économie est anéantie. On va se trouver face à une catastrophe humanitaire, il faut arrêter cette agression, poursuivre les criminels, l'Etat de Palestine va recourir à la voie juridique pour diligenter  une enquête de la Cour pénale internationale dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est sur les crimes de guerre perpétrés.

Au nom du peuple palestinien, je souhaite vous dire merci, votre voix, celle de la CGT est entendue ! Je voulais vous dire à quel point cela leur donne de l'espoir

Je voulais vous remercier encore une fois. J’appelle ma famille à Gaza, ils sont dans le désespoir total, ils se sentent abandonnés et je leur dis que dans le monde il y a des femmes et des hommes comme vous, libres, qui vous entendent et défendent votre combat pour la dignité et la liberté. Au nom du peuple palestinien, je souhaite vous dire merci, votre voix, celle de la CGT est entendue ! Je voulais vous dire à quel point cela leur donne de l'espoir. Les Palestiniens restent forts malgré cette apocalypse. Car ils ont la conviction qu'ils se battent pour leur liberté. Je vous remercie au nom du peuple palestinien, vive la Palestine libre et indépendante, vive le combat du peuple palestinien, vive la France ! »