20 décembre 2024 | Mise à jour le 20 décembre 2024
Mobilisés dans les principales villes de France, jeudi 19 décembre, les professionnels du spectacle et de la culture dénoncent des coupes budgétaires qui menacent l'emploi, les publics et l'attractivité des territoires.
Le gouvernement Barnier est tombé, mais pas les craintes qui agitent le secteur de la culture, placé sous la menace de cures d'austérité sans précédent. Mobilisés à l'appel de l'intersyndicale-CGT –FO-SUD Spectacle, ce 19 décembre, à Paris et sur l'ensemble du territoire, les syndicats de l'audiovisuel public, du spectacle vivant, des enseignants-artistiques et autres professionnels techniques et administratifs de la branche « culture » ont manifesté dans les principales villes de France. L'année 2025 s'annonce catastrophique pour l'ensemble des professionnels du secteur et dans tous les territoires où le financement des politiques culturelles est revu à la baisse. Après quatre années d'inflation record jamais entièrement résorbée par les quelques augmentations de salaire arrachées çà et là au prix de luttes et de grèves dures et coûteuses, les professionnels de la culture redoutent des plans de licenciement en cascade, dans toutes les institutions culturelles.
Le spectacle vivant, déjà à l'agonie
« Dans nos secteurs, théâtre, danse, musique…, bon nombre d'entre nous ne trouve déjà plus de travail en raison de la baisse drastique de l'activité », s'alarme un technicien des arts visuels qui manifestait devant le ministère de l'Economie et des finances, à Paris. Mêmes craintes dans les services publics de la culture qui dénoncent une véritable « saignée » de coupes budgétaires et leurs répercussions à venir sur l'écosystème des collectivités territoriales travaillant avec des entreprises et des écoles. Très nombreux à Nantes (Pays de la Loire) devant l'hôtel de Région qui s'apprête à voter des coupes budgétaires inédites, (- 73 % sur un an), les manifestants ont exprimé leur colère contre la suppression de la subvention régionale pour les missions locales. Une coupe budgétaire de trois millions d’euros qui finançaient jusqu'ici 60 emplois à temps plein, soit 10 % des effectifs régionaux dédiés à l'accueil et au suivi des jeunes. S'exprimant au micro de France Culture, la conseillère écologiste Elsa Richard- membre du Conseil régional Pays de la Loire – dénonce une méthode brutale, qui va à l’encontre des principes démocratiques : »Alors qu’on s’apprêtait à débattre sur des orientations budgétaires qui nous ont été transmises, Christelle Morançais (Présidente du Conseil Régional) a annoncé 100 millions d’euros d’économies qui n’étaient pas inscrites dans les rapports d’orientation budgétaire que nous on avait sous les yeux, ce qui nous a empêché de débattre sur une base claire et factuelle des économies proposées ».
Climat anxiogène
Dans ce droit fil, Marie-Thérèse Bonneau, présidente du Conseil économique, social et environnemental (Ceser), déplore un « climat anxiogène » suscité par une rupture de « l’écoute, de la concertation et du dialogue » et s’inquiète des répercussions sur « l’attractivité du territoire. »
En résonnance avec ces inquiétudes, les militants de la CGT Spectacle, rassemblés sur le parvis de Bercy à Paris, ont réaffirmé leurs revendications prioritaires :
- L'assurance par les pouvoirs publics d'une politique publique favorable au développement de la culture, garantissant la liberté de création et l'accès du public à ses œuvres, dans tous les territoires ;
- Le refinancement du service public de la Culture, de l'Audiovisuel Public, de l'enseignement artistique ;
- L'instauration de la Culture comme compétence obligatoire des collectivités territoriales
- Une revalorisation de la dotation générale de fonctionnement des collectivités locales en fonction de la politique culturelle menée ;
Autant d'exigences qui, à l'heure de l'austérité annoncée, nécessitent un plan de mobilisations massives à déployer, partout en France, dès la rentrée 2025. Un nouvel appel à la grève et aux manifestations sera lancé en début d'année.