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Les raisons de la colère

24 mai 2015 | Mise à jour le 9 mars 2017
Par | Photo(s) : AFP
Les raisons de la colère

Les salariés de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris se sont mobilisés fortement le 21 mai, contre les nouvelles mesures d’économies imposées et la remise en cause des 35 heures. Eclairage avec Audrey Castaings, infirmière et élue CGT.

À la voir, toute fraîche et pétillante, l'optimiste chevillé au corps, on ne pourrait pas se douter que le quotidien d'Audrey Castaings c'est l'oncologie, le cancer, la vieillesse. Infirmière à l'hôpital Charles-Foix d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), Audrey, 24 ans, travaille depuis trois ans dans cet hôpital. Son visage juvénile contraste avec la maturité étonnante qui émane de sa jeune personne : «La gériatrie est une spécialité qui ne m'a jamais rebuté, bien au contraire. C'est attachant, émouvant, enrichissant de travailler auprès des personnes âgées.» Malgré des horaires décalés, parfois en relève du matin, parfois du soir, un salaire mensuel avoisinant les 1 700 euros net, Audrey Castaings garde le sourire.

«Mon métier c'est les soins à apporter aux malades 

mais c'est aussi de remonter le moral des patients.

De faire que le temps qu'ils passent à l'hôpital soit le plus normal possible.»

Dans son service, elles sont trois à s'occuper de 25 lits, soit une infirmière pour 8 ou 9 patients. Alors, la réalité les rattrape souvent et toutes courent après le temps. Il faut faire les perfusions, donner les médicaments pour contrer les effets secondaires de la chimio. Récemment, Audrey a dû amortir la chute d'une vieille dame qui avait perdu l'équilibre, «60 kilos de poids mort sur le dos». Résultat? Une lombalgie sciatique, six semaines d'arrêt maladie… et un mal de dos qui se réveille parfois. Audrey ne s'appesantit pas sur son cas, ramène vite au collectif: «Dans le métier, il y a beaucoup de maladies-musculo-squelettiques», constate simplement celle qui est récemment devenue membre du CHSCT après avoir rejoint «naturellement» la CGT.

Dans quelques jours, Audrey assistera à son tout premier CHSCT. Elle peste contre la loi Macron qui rêvent de leur suppression, dézingue la loi Touraine qui entérine la rationalisation de l'hôpital, et se mobilisera le 21 mai contre le projet de réforme des 35 heures. Et puis soudain s'illumine en repensant à une lutte victorieuse : «En 2014, on a réussi à obtenir que les remplacements de congé annuel (RCA) soient recrutés (1). Il a fallu batailler dur avec la direction, bloquer les rues d'Ivry et menacer de grève pour que des négociations aient lieu et débouchent sur l'embauche de 12 RCA pour l'été.» Un premier succès de syndicaliste qui en appelle d'autres.

(1) Les RCA sont des jobs d'été, souvent effectués par des étudiants, qui permettent de renforcer les équipes d'aides-soignants durant leurs congés.

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Parole d’infirmière

 

Audrey Castaings,
24 ans, infirmière à l'hôpital Charles-Foix,
à Ivry-sur-Seine (94).
Élue CGT.
«Dès que j'ai été titularisée, je me suis syndiquée. J'en avais besoin car quand on travaille, on est confronté au réel. Et le réel pour les agents de l'hôpital, c'est le manque crucial d'effectif et la faiblesse de nos salaires. Il y a eu un temps où c'était normal de se syndiquer.
Mais j'appartiens à une génération où les plus jeunes disent : à quoi ça sert ? Moi, je suis persuadée que sans une force collective, on n'est rien. Les acquis des salariés sont constamment remis en question. La situation sociale s'est tellement dégradée que, le plus souvent, on se bagarre pour conserver ce qu'on a déjà. Heureusement, je suis de nature optimiste.»