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SALAIRE

Les salaires en première ligne des motifs de grève

28 octobre 2021 | Mise à jour le 28 octobre 2021
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Les salaires en première ligne des motifs de grève

Les salaires sont le sujet de conflictualité no1 dans les entreprises. L'étude que publie la Dares montre qu'avec la réforme des retraites, les rémunérations étaient déjà le premier motif des grèves en 2019. Avec le chèque de 100 euros, le gouvernement tente une affligeante diversion.

« 41 % des entreprises concernées par au moins une grève en 2019 signalent des revendications portant sur les salaires ». Ainsi, la Dares note-t-elle dans l'analyse qu'elle vient de publier sur les motifs de grèves de l'année 2019, que ce sont bien les salaires qui arrivent en tête de la conflictualité dans l'année qui précède la parenthèse pandémique.

L'étude rappelle que si 2019 avait été marquée dans son premier trimestre par le mouvement des Gilets jaunes, mais ce mouvement n'a pas eu d'impact sur les grèves, tandis que la bataille contre la réforme des retraites et celle sur les rémunérations sont à 40 % pour la première et 41 % pour la seconde, les deux motifs de grèves dans les entreprises qui en ont connu.

La Dares montre aussi qu'entre 2018 et 2019 les journées de grève ont quasiment doublé, en particulier dans les transports et l'industrie (+ 94 %). Après les rémunérations et la réforme des retraites, ce sont les conditions de travail suivis de l'emploi et du temps de travail qui ont été source de grèves dans les entreprises. S'y ajoutent bien sûr d'importantes revendications professionnelles, comme le mouvement contre la réforme ferroviaire ou encore les mobilisations à la poste.

Entretien – Revendications salariales : un levier pour mobiliser maintenant

Les salaires : une source de conflictualité montante

La période du Covid a peut-être masqué la persistance de la revendication salariale, mais aujourd'hui elle éclate au grand jour. Ces dernières semaines, on recense une montée des luttes impressionnante dans des entreprises de divers secteurs autour des salaires. C'est notamment le cas dans de nombreuses entreprises de l'agroalimentaire où les salariés de la deuxième ligne de la pandémie réclament leur dû (IdVerdé, Lactinov, Intersnack, Yéo, Yoplait, Bel, Intermarché, Neuhauser, Bonilait, Gélagri, Arrivé, Bigard, Fleury Michon, Bio Spinger, Maisons de Champagne, Labeyrie…).

On l'observe aussi dans la métallurgie, où par exemple une lutte dure est engagée chez DCX Chrome Marly (Nord) depuis le 21 octobre 2021 pour exiger une augmentation générale des salaires. Dans des grands groupes comme ArcelorMittal, une campagne CGT est lancée sur les salaires. Chez Renault, la CGT interpelle les directions sur certains sites comme Renault Trucks à Lyon pour aussi ouvrir des négociations salariales. Le tassement des grilles lié à l'augmentation légale du Smic n'est pas étranger à cette montée en puissance. Partout où elle le peut, la CGT incite à l'ouverture de négociations salariales (NAO).

De plus, il ne faut pas oublier que nombre de travailleurs ont dû subir des fiches de paie amputées du fait du chômage partiel. La Dares montre aussi qu'entre 2018 et 2019 les journées de grève ont quasiment doublé, en particulier dans les transports et l'industrie (+ 94 %). Après la parenthèse pandémique, plusieurs signaux montrent que la question salariale pourrait bien en force. De nouvelles mobilisations sont attendues pour ce mois de novembre qui ne devraient pas tarder à prolonger le coup d'envoi donné avec la journée nationale interprofessionnelle d'action du 5 octobre dernier.

Un chèque inflation ou une augmentation salariale ?

Dès lors, que penser de l'opération père Noël qui, par la voix de Jean Castex, annonce un chèque de 100 euros envoyé aux salariés gagnant moins de 2 000 euros par mois ? A priori, on ne peut que s'en réjouir pour les bénéficiaires, et on ne peut qu'applaudir notre bon gouvernement pour sa générosité. Ces 100 euros ne sont-ils pas une divine surprise au vu des augmentations de prix vertigineuses qui s'accumulent ; gaz, essence, denrées alimentaires….

Ne venons-nous pas aussi d'enregistrer une augmentation de 2,2 % du Smic au 1er octobre 2021 ? Il faudrait être un brin mesquin pour faire remarquer que cette revalorisation du Smic n'est en rien liée à un coup de pouce gouvernemental, mais à un mécanisme légal qui la rendait obligatoire au regard de l'inflation. Or cette inflation affole un gouvernement tétanisé par le souvenir cuisant de la taxe carbone et du prix du carburant, déclencheur inattendu du mouvement Gilets jaunes.

Et quel manque de tact de s'apercevoir qu'avec cette hausse du Smic, nombre de salariés vont passer sous la barre des minima conventionnels et que les grilles de salaires vont encore se tasser. Quel mauvais goût encore de faire remarquer qu'à cette même date du premier octobre 2021, les retraités ont vu, par suite d'une obscure manœuvre, leur retraite complémentaire n'augmenter que de 0,9 %, alors qu'elle devait l'être de 1,4 %.

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Un chèque Trump version low cost

Il faudrait avoir l'esprit mal tourné pour avancer qu'à quelques mois d'une élection présidentielle, et alors que les sondages indiquent que le pouvoir d'achat est en tête des préoccupations des Français, le chèque Macron/Castex ressemble à s'y méprendre au chèque Trump… quoiqu'en version low cost. Rappelons que le chèque Trump lui, n'était pas de 100 euros, mais de 1 200 dollars.

Et pourtant ce gros chèque accompagné de l'énorme signature du milliardaire de la Maison-Blanche adressé personnellement à chaque bénéficiaire n'a pas suffi à le faire réélire. D'autres esprits encore plus tordus pourraient prétendre que ce que l'on donnera d'une main sera repris de l'autre par l'impôt, que cela ne bénéficiera pas équitablement à tous les salariés, ou encore qu'il aurait mieux valu baisser la TVA sur les produits alimentaires ou énergétiques.

Enfin, de véritables pervers, voire des syndicalistes, auraient pu dire encore qu'il ne faut pas confondre problèmes de pouvoir d'achat et problèmes de salaires, que lorsqu'on augmente les salaires on augmente aussi les rentrées de cotisations pour la sécurité sociale et les retraites et que c'est bien là qu'est la solution qui répondra fondamentalement aux besoins. S'il fallait encore se convaincre de l'erreur totale chez ces syndicalistes, il n'est qu'à jeter un œil sur les propositions des candidats de droite ou d'extrême droite à l'image de Mmes Pécresse ou Le Pen.

Augmenter le pouvoir d'achat des salariés, c'est facile : on baisse leurs cotisations sociales qu'on renommera « charges ». Ça augmente le net sans que l'employeur (le capital) n'ait un kopeck à de plus à sortir de sa poche pour rémunérer le travail. Macron l'a déjà fait, il n'y a qu'à recommencer. Et la Sécu, et la retraite dans tout ça ? Et pourquoi pas parler de salaire socialisé tant qu'on y est ? Ce ne sont que des vieilleries bien compliquées tout cela ! Une bonne petite réforme, ou mieux encore une petite règle d'or. Emballé, c'est payé. Pourquoi tant de questions ? Prends ton chèque de 100 euros et ne te fais pas de nœuds au cerveau.

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