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DIALOGUE SOCIAL

Les salariés de la blanchisserie des Lilas en lutte

9 mars 2015 | Mise à jour le 15 mars 2017
Par | Photo(s) : AFP
Les salariés de la blanchisserie des Lilas en lutte

Non au PSE de la blanchisserie des Lilas (groupe RLD)! C'était le mot d'ordre des cinquante salariés mobilisés devant la préfecture de Bobigny, qui devait autoriser ou retoquer la procédure de licenciement.

Des marches à travers la ville, des manifestations devant la mairie, des mobilisations à travers le département… En lutte contre la fermeture de la blanchisserie des Lilas depuis plus de trois mois, les salariés de RLD ne lâchent rien. Vendredi dernier, ils arrivaient en car municipal devant la préfecture du département où se jouait leur avenir. Concrètement, la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) devait homologuer ou non le PSE décidé par la direction de RLD, fin novembre 2014. C'est-à-dire donner son feu vert au dispositif ou, au contraire, y mettre un coup d'arrêt, si elle estime les éléments de compensation insuffisants, ce qui remettrait tout le processus à plat.

UN PILLAGE ORGANISÉ

Concrètement, 60 postes devraient être répartis dans les blanchisseries des Muraux, le Plessis- Pâté et à Epinay et une douzaine de postes d'encadrement supprimés. Or, les syndicats sont formels: «Il n'y a pas eu de dialogue avec la direction sur ce PSE, ils nous ont mis devant le fait accompli. C'est un PSE au strict minimum légal, explique Bruce, Kalonji, préparateur de commandes et DS CGT. C'est à peine si on a pu allonger les congés de reclassement de trois mois – soit 9 mois pour les salariés de moins de 50 ans et 12 mois pour les plus de 50 ans.» C'est que le crédit LBO (leverage buy out), contracté par le fond Vermeer Capital Partners pour racheter le groupe RLD en 2013, doit être remboursé par l'entreprise. La même qui perçoit le CICE. «C'est un pillage organisé: la blanchisserie se retrouve avec 40 millions de dette, explique Jean-Pierre Blouch, de l'UL de Bagnolet. Leur logique est de vendre par morceaux à la concurrence et de faire le maximum de profits à court-terme.»

L’INTÉRÊT D’ÊTRE UNIS

«L'État doit inciter RLD à sortir de son intransigeance, lâche Daniel Guiraud, maire PS des Lilas venu, signé de son écharpe tricolore, soutenir les salariés. C'est une entreprise historique qui fait partie du patrimoine économique de la ville.» Et son premier adjoint communiste, Claude Ermogeni, de renchérir: «On ne peut pas les laisser percevoir des fonds publics au titre du CICE (crédit impôt compétitivité emploi) et les laisser détruire de l'emploi comme ça!» «Vermeer = fond vautour. Non à la fermeture!», disent les pancartes brandies. «Tous ensemble contre ces patrons voyous qui encaissent le CICE et licencient les salariés. Blanchisserie des Lilas en lutte. Non au plan social! Non aux licenciements!» Le message de leurs banderoles est clair et signé de l'intersyndicale CGT-CFDT-FO qui structure le mouvement depuis le début de leur lutte. «Comme ça on est plus solides dans les actions qu'on mène face aux projets des patrons, explique Josette, agent de maîtrise et déléguée syndicale FO. L'intérêt, c'est d'être unis.»

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Décryptage de la stratégie syndicale

«La Direccte est amenée à se prononcer, c'est-à-dire à homologuer ou non le document unilatéral du PSE, explique Maurad Rhabi, secrétaire général de la fédération textile, habillement et cuir CGT. Elle n'est pas habilitée à discuter du fond du sujet, elle ne fait qu'intervenir sur les mesures sociales afférentes. Le groupe concède-t-il le minimum ou bien propose-t-il un dispositif amélioré? La CGT est contre la fermeture du site et demande à être reçue au ministère pour discuter du fond du sujet, mais en attendant, notre démarche est de dire : «vu la précarité de la population concernée, due à son âge, à son bas niveau de qualification, au bassin de l'emploi sinistré dans lequel elle a très peu de chances de retrouver du travail, nous réclamons un dispositif de mesures très exigeant (quasiment la construction de notre sécurité sociale professionnelle). Concrètement, nous réclamons un congé de reclassement de 12 mois renouvelable tant que les personnes ne sont pas reclassées, des mesures de formation, de protection sociale à travers la couverture mutuelle, des possibilités de mobilité, etc. Avec, au final, un coût de l'amélioration des mesures d'accompagnement tellement exorbitant qu'il pousse le groupe à revenir sur sa décision de PSE et de fermeture. C'est notre façon de dire qu'il ne faut pas homologuer ce texte.»

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