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CONDITIONS DE TRAVAIL

[MàJ] Les salariés d’une usine Calor bloquent un projet d’horaires à la carte

20 novembre 2019 | Mise à jour le 21 novembre 2019
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Après plusieurs semaines de luttes, les salariés de l'usine Calor de Pont-Évêque, dans l'Isère, ont réussi à repousser un projet de réaménagement des horaires qui avait tout d'un « travail à la carte » patronal à peine déguisé. Une belle victoire…

« En 2015, une réorganisation du temps de travail avaient déjà touché les lignes de production et les heures de travail se retrouvaient depuis gérées annuellement et en modulation. C'est-à-dire avec une période basse en début d'année à 6 heures 30 de travail par jour et ensuite, à partir de fin avril, une période haute à 7 heures 30 de travail », rappelle Ouria Belaziz, déléguée syndicale CGT sur le site Calor de Pont-Évêque, dans l'Isère.

Elle précise au passage que « seule, la CGT s'était alors opposée à cet accord que refusaient par ailleurs 75 % des salariés concernés ».

Accélération des cadences

Quatre ans plus tard, les résultats de cette réorganisation sont peu convaincants. « Jusque là, les maladies, les arrêts de travail étaient essentiellement liés aux conditions du travail répétitif, mais aujourd'hui avec une robotisation qui, loin de soulager le salarié, ne fait qu'accélérer les cadences et il y en a qui craquent moralement à cause de la pression qui est sur eux », constate la déléguée syndicale qui remarque également « une hausse des accidents de travail depuis quelques mois ».

Aussi, quand la direction de cette usine spécialisée dans « le soin du linge », fers à repasser et centrales vapeur, produisant aussi quelque épilateurs, pour garder « l'esprit femme », décide de remettre cette question des horaires sur la table en juin dernier, affirmant que « le site est en baisse d'activités et qu'il y a urgence de s'organiser autrement », c'est l'inquiétude.

D'autant que, cette fois-ci, les propositions avancées par Calor dès la rentrée ne laissent planer aucun doute : « Il faut désormais travailler avec des méthodes “agiles” ! ».

Agilité qui consiste, selon les responsables, à réorganiser les temps de travail dans les ateliers par secteurs et non plus de manière globale, avec des semaines de travail pouvant aller de 3 à 6 jours, des plannings, sectoriels voire individuels, susceptibles de changer du jour au lendemain et des RTT qui se transforment en jours de « flexibilité ».

L'unité syndicale met en échec la direction

Un « travail à la carte  » pas vraiment du goût d'Ouria et des camarades de Pont-Évêque. Lesquels « tournent » dans les ateliers, diffusent des tracts, appellent à la mobilisation. Puis à un premier débrayage, de « minimum 2 heures », le 19 septembre.

Sauf que, contrairement à ce qu'il s'est passé en 2015, cette fois-ci, poussées par les arguments présentés par la CGT et leurs militants ou sympathisants de base dans les ateliers, les autres organisations syndicales présentes sur le site, CFTC et FO, décident de rejoindre la CGT dans cette lutte.

Un troisième débrayage le 22 octobre et le refus définitif, et commun, des trois syndicats de signer cet accord lors d'une ultime rencontre avec la direction le 4 novembre mettent fin au projet de réaménagement des horaires.

« Depuis, c'est silence radio », confirme Ouira Belaziz, fière de cette « victoire ». « On n'a rien lâché depuis juin jusqu'à début novembre et la CGT a joué un rôle essentiel en aidant au rassemblement d'une grande partie des salariés mais aussi à celui des organisations syndicales », se félicite-t-elle.

« Surtout, les salariés de la production ont montré qu'ils n'étaient pas résignés et qu'ils étaient capables de s'investir comme des représentants syndicaux dans une négociation. Et ça, c'est important. »

Mise à jour le jeudi 21 novembre à 23 h 32

La belle unité affichée lors de cette victoire n'aura cependant duré que quelques jours. Le 21 novembre, la déléguée CGT recevait en effet un mail de la direction l'informant que la CFTC était signataire de l'accord. « Du coup FO va signer et on revient à trois [CFE-CGC, CFTC, FO, ndlr] contre une CGT qui ne signera pas », reconnaît Ouria, « sous le choc » après ce retournement de vestes.

« Tout ça pour cinq minutes de pause en plus ! C'est terrible. » Pas question pour autant de s'avouer vaincus. « On va retourner dans les ateliers, aller voir les sympathisants CFTC qui nous ont soutenus, faire encore des tracts. On est habitués. »