6 avril 2021 | Mise à jour le 9 avril 2021
Alors que la loi de transformation de la Fonction publique s'installe dans les territoires, avec des conséquences négatives pour les agents et le public, quatre organisations syndicales s'unissent pour offrir une autre vision des services publics.
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Branle-bas de combat intersyndical en ce mardi 6 avril au matin dans les locaux de la CGT, à Montreuil. Où quatre syndicats de la Fonction publique, CGT, Fédération autonome, FSU et Solidaires annoncent s'engager dans une « démarche unitaire inédite de la Fonction publique ». Laquelle se concrétise par la publication d'un document intitulé La Fonction publique de 21e siècle, Ce que nous voulons n'est pas une fiction, qui sera distribué à 100 000 exemplaires.
Manifeste dont le but est, comme le précise Jean-Marc Canon, de la CGT, de répondre « à la politique menée par le gouvernement et le ministre de la Fonction publique qui sont à des années lumière des besoins des agents ». Et in fine « de ceux des citoyens ». « On a eu droit aux louanges et aux applaudissements parce que l'on avait assuré la continuité du service public au nom de l'intérêt général, mais pour ce qui est des mesures, on est loin du compte. »
Nombreux sujets de préoccupation
Les griefs sont en effet nombreux. S'accumulent après des années d'austérité salariale, de non remplacement des collègues partis, d'externalisation en augmentation, de précarité qui s'installe alors que l'on demande toujours plus aux agents. Et la loi proposée par Olivier Dussopt, adoptée en 2019, dite loi de transformation de la Fonction publique, dont les premiers effets se font déjà ressentir, ne laisse rien augurer de bon pour les agents.
« Cette loi entoure la gestion des agents de plus d'opacité. Elle remet en cause le droit de grève ou le temps de travail et les CHST ne vont plus pouvoir fonctionner », dénonce ainsi Benoit Teste, de la FSU, pour qui « on est en train de détruire le statut ».
Difficile à comprendre alors que, et c'est une évidence largement constatable et vérifiable par chacun d'entre nous depuis maintenant un an, les services publics, santé, éducation, territoriale, sont essentiels. Indispensables. « Les gouvernements successifs n'ont fait que supprimer des postes pour des raisons budgétaires. Or, et la pandémie l'a bien montré, pour fonctionner correctement, la Fonction publique a besoin de moyens humains », plaide la représentante de Solidaires, Gaëlle Martinez. « Il est indispensable que le gouvernement change de paradigme et qu'il titularise les contractuels au lieu de s'orienter vers une contractualisation plus grande, donc plus de précarité des agents. »
Les syndicats avancent leurs propositions et mobilisent
Plus d'agents, un recrutement accessible au plus grand nombre, y compris pour ceux sans diplômes, certes, mais encore faut-il que les conditions de travail, notamment salariales suivent. « Les politiques salariales n'ont pas accompagnées le développement de la Fonction publique et on a 380 000 agents payés au Smic qui se retrouvent dans la précarité alors qu'ils ont un emploi », déplore Fabien Golfier, secrétaire général de la FA Territoriale.
« La masse salariale ne peut pas être responsable de la mauvaise gestion des gouvernements. Ce gouvernement doit donner l'exemple en montrant de la reconnaissance envers ses agents qui ont été plus qu'utiles au bon fonctionnement de la république depuis un an. »
Devenir des services publics, politique salariale, retraite, statut général ou encore égalité hommes-femmes, autant de sujets abordés par ce front uni syndical qui entend ainsi « casser l'image d'organisations stériles et contestataires », selon les mots de Jean-Marc Canon.
« Les organisations peuvent aussi être force de propositions pour répondre non seulement aux intérêts des agents de la Fonction publique mais aussi aux besoins de la population. La Fonction publique au 21e siècle, qui est une initiative inédite dans la Fonction publique, montre que l'intérêt général est placé au-dessus de tout. »
Unité et rassemblement des forces, des énergies, qui tombent à point alors que, comme le rappelle le responsable de la CGT : « des élections approchent ». « Ce document va nous permettre d'interpeler les candidats pour promouvoir nos propositions et améliorer encore les services publics. » L'appel à la mobilisation pour le 6 avril n'est donc qu'une première étape. Et devrait être suivi d'autres notamment le surlendemain 8 avril avec la grève des personnels de santé et les AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap).