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TERRITOIRES

Les syndicats mahorais méfiants sur le plan d’urgence

14 juin 2018 | Mise à jour le 19 juin 2018
Par | Photo(s) : Ornella Lamberti / AFP
Les syndicats mahorais méfiants sur le plan d’urgence

Après six semaines d'un conflit qui a mobilisé la population et paralysé l'île, l'exécutif vient de dévoiler un plan d'urgence… Les syndicats mahorais restent sur leurs gardes.

Des annonces, enfin ! Le 15 mai, au  terme  d'un  déplacement à  Mayotte,  la  ministre  des Outre-mer, Annick Girardin, a présenté un plan de plus de 1,3 milliard d'euros  pour  le  101e  département  français… le plus inégalitaire et le plus pauvre de la République. Ce dispositif se veut, selon elle, « une réponse durable  à  un  échec  des  politiques publiques  depuis  de  nombreuses  années ».  Sera-t-il  néanmoins  à  la  hauteur des enjeux pour répondre aux exigences de cette petite île de 374 kilomètres carrés rongée depuis des lustres par un déficit chronique d'investissements et de services publics ?

Un  « bout  de  France »  abandonné, sujet, de surcroît, à une importante immigration  clandestine  provenant des Comores – qui en revendiquent par  ailleurs  la  souveraineté.  Explosive, la situation met en péril le fragile équilibre de l'île, en proie à une grève générale six semaines durant.  Un  conflit,  achevé  début  avril, qui est né autour des questions d'immigration et de sécurité, mais qui s'est ensuite  élargi  à  des  revendications économiques et sociales. Le plan gouvernemental prévoit en conséquence une série de mesures en faveur, notamment,  des  services  publics :  investissements  fléchés  en  direction des collectivités territoriales en matière d'eau et de gestion des déchets ; renforcement des effectifs de gendarmerie ; recrutement de 500 personnes dans  l'Éducation  nationale ;  création  d'un  rectorat  de  plein  exercice et d'une direction régionale de Pôle emploi en 2019 ; développement des transports en commun…

À l'ordre du jour aussi, la mise en place d'une agence de santé, et la modernisation de l'hôpital de Mamoudzou. Les citoyens les plus modestes seront en outre exemptés de ticket modérateur, avant l'extension de la couverture maladie  universelle  complémentaire (CMU-C), en 2022. Pas de quoi crier victoire pour autant aux yeux de l'intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, Solidaires…)  échaudée par  les  précédentes  promesses  non tenues  – notamment  en  2014  par  le président Hollande qui avait déjà annoncé la mise en place de la CMU-C. L'intersyndicale a d'ailleurs été écartée  de  la  rencontre  qui  s'est  tenue à Paris le 19 avril, entre le premier ministre Édouard Philippe et les élus mahorais, afin d'évoquer l'avenir de Mayotte.

Invités au siège de la CGT à Montreuil, les syndicalistes avaient alors eu l'occasion d'exprimer leurs doutes et leur très grande prudence quant à la capacité du gouvernement à prendre la mesure des enjeux. Des précautions justifiées au regard des annonces faites. « Ce plan est loin de répondre aux attentes des Mahorais, notamment  en  matière  de  sécurité, tance Salim Nahouda, secrétaire de la CGT Mayotte. Et l'on ne pourra pas parler de vrai investissement tant que le port ne passera pas en gestion publique et que la piste de l'aéroport ne sera pas rallongée. » Autant de mesures à même d'assurer, selon l'intersyndicale, l'attractivité future du territoire.

Espérons que ces milliards ne sont pas que promesses et que le collectif intersyndical intégrera le comité de suivi prévu par la ministre pour contrôler les réalisations, car il reste tant à faire. Salim Nahouda, secrétaire de la 
CGT Mayotte
Article paru dans le no 109 de juin 2018 d'Ensemble