Les travailleurs sans papiers ne veulent pas disparaître
Mardi 4 novembre: A 17h00, au Café La Pêche, 16 rue Pépin à Montreuil, rencontre entre les lycéen-n-es et les grévistes du salon de coiffure du 57, bd Strasbourg à Paris. Solidarité organisée par l'UL-CGT.
Depuis le 22 mai 2014, dix-huit travailleurs et travailleuses sans papiers africains ou chinois d’un salon de coiffure du 57 Bd de Strasbourg (Paris Xe) sont en grève et ont obtenu des contrats de travail sous pression de la CGT. Mais leur patron voyou a déposé le bilan en juillet.
Les salariés, employés dans des conditions indignes, ont riposté en août par une plainte pour « traite d’être humains, travail dissimulé et faillite frauduleuse ». Ils occupent leur lieu de travail, malgré les menaces et les représailles.
Ils sont convoqués ce jeudi 23 octobre 2014 à 9h au TGI de Paris qui risque de prononcer leur expulsion du local qu'ils occupent. Quinze d'entre eux sont toujours sans-papiers et témoignent à visage découvert malgré la précarité et l'obligation de quitter le territoire français qui pourrait être prononcée à leur encontre.
Le 8 septembre, le Collectif des cinéastes pour les sans-papiers » a pris sous sa protection ces dix-huit grévistes et écrit, sans aucune réponse à ce jour, aux Ministères de l’Intérieur, du Travail et de la Justice.
Il semble que, du côté du gouvernement, on soit beaucoup plus prompt à rafler les Roms, à appliquer les circulaires Valls que la loi…
En effet, outre les droits du travail bafoués (salaires de 400 € par mois, payés … ou non, cotisations sociales non versés, conditions de travail indignes et dangereuses, horaires allant jusqu'à 80 h par semaine) et les menaces constantes du type « Si tu protestes, je te fais rafler », ces employeurs se livrent à une véritable traite d'êtres humains.
Le Collectif des cinéastes, après la CGT (UL du Xe, UD de Paris) et avec les élus, notamment PCF et l’appui du Conseil de Paris -qui a prononcé un voeu en faveur des « salariés du 57 »- entendent rappeler au gouvernement sa responsabilité au titre du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.
Conférence de presse du Collectif des cinéastes avec les sans-papiers.
Au micro le réalisateur Christophe Ruggia, à la table la cinéaste Pascale Ferran
et à sa droite Marilyne Poulain de l’US CGT Commerce et services de Paris
En effet, son article L. 316-1 stipule que : « Sauf si sa présence constitue une menace à l’ordre public, une carte de séjour temporaire portant la mention » vie privée et familiale » peut être délivrée à l’étranger qui dépose plainte contre une personne qu’il accuse d’avoir commis à son encontre les infractions visées aux articles 225-4-1 à 225-4-6 et 225-5 à 225-10 du code pénal ou témoigne dans une procédure pénale concernant une personne poursuivie pour ces mêmes infractions. La condition prévue à l’article L. 311-7 n’est pas exigée. Cette carte de séjour temporaire ouvre droit à l’exercice d’une activité professionnelle. Elle est renouvelée pendant toute la durée de la procédure pénale, sous réserve que les conditions prévues pour sa délivrance continuent d’être satisfaites. En cas de condamnation définitive de la personne mise en cause, une carte de résident est délivrée de plein droit à l’étranger ayant déposé plainte ou témoigné. »
Une lutte emblématique, car on compte une soixantaine de ces salons rien que dans le quartier du Château d’Eau, soit environ 1 500 travailleurs sans papiers.
Comme le rappelait le Collectif des cinéastes ce 22 octobre lors de sa conférence de presse parisienne au cinéma le Louxor :« Le gouvernement doit aujourd’hui choisir son camp.
Soit il applique la loi -et c’est un comble d’avoir à lui rappeler son obligation de le faire…- et les 18 du 57 Bd de Strasbourg sont régularisés, soit il adresse aux employeurs mafieux le message qu’il peuvent continuer cette exploitation et traite d’êtres humains en toute impunité. »
Au-delà de ces dix-huit travailleurs sans papiers, à l'heure où l'on rafle les Roms, où l'on brade l'industrie et ses emplois, où le Code du travail et tous les droits humains issus du programme du Conseil national de la Résistance sont grignotés, où on laisse impuni le travail dissimulé (et toutes les cotisations sociales non versées qui y sont rattachées et qui manquent au budget de la protection sociale), où l'évasion fiscale des multinationales grève le budget de l'Etat de 60 à 80 milliards d'euros par an, on peut s'interroger sur l'Etat de droit dans lequel nous vivons.
Infos et pétition sur le site de l’UD CGT de Paris