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ÉDUCATION

L’inégalité au programme des collèges

18 mai 2015 | Mise à jour le 9 mars 2017
Par | Photo(s) : AFP / Thierry Thorel
L’inégalité au programme des collèges

La réforme du collège prévoit plus d’autonomie pour les établissements. Dans les faits, au lieu de lutter contre les inégalités, elle renforcera au contraire la concurrence. Le 19 mai, la CGT et une large intersyndicale appellent à la grève et à une manifestation pour la dénoncer.

« La réforme du collège se fera car c’est une réforme pour l’égalité. » La ministre de l’Éducation a beau marteler sa campagne de communication et le premier ministre lui apporter son soutien publiquement à la veille de mobilisations organisées pour la dénoncer, la nouvelle réforme du collège, qui doit entrer en vigueur dès la rentrée 2016, ne passe pas.

Six organisations syndicales – Snalc, Snes-FSU, FO, CGT Educ’action, Sud Éducation, Snuep-FSU – représentant 80% des professeurs, manifesteront le 19 mai pour dénoncer «une réforme qui va encore renforcer les inégalités».

Concrètement, il s’agit de laisser près de 20% de la dotation en heures d'enseignement au libre choix du chef d'établissement, le cadre d'un contrat d'objectif (selon la terminologie-libérale appliquée à l'école), généralisant de fait la concurrence entre les disciplines et les enseignants.

Ces nouvelles dispositions sont présentées comme vertueuses car plus souples pour les équipes, «sauf que cette autonomie a déjà été mise en place en 2009-2010 au lycée et a montré que ce n’est pas du tout une réforme de nature à permettre une plus grande autonomie pédagogique des collectifs enseignants, mais au contraire une manière d’adapter la faiblesse des moyens au niveau des établissements», analyse Michaël Marcilloux, secrétaire national de la CGT Educ’action, chargé du pôle collège.

«La grande marge des heures à attribuer par le chef d’établissement permet de gérer une forme de pénurie de moyens. Ce qui va mettre en concurrence les enseignants et les disciplines entre elles et renforcer les inégalités entre les élèves. »

En d’autres termes, fini le fléchage et la cohérence nationale qui permettaient de dédoubler certaines matières, comme les sciences ou les langues, pour tous les élèves de la même façon.

Fini l’égalité de traitement et la continuité du service public sur tout le territoire. Bonjour la dérive managériale qui consiste à gérer les ressources humaines dans une logique d’austérité : dans une académie en manque de profs d’espagnol, par exemple, il sera pratique de ne pas dédoubler l’enseignement de cette matière au profit d’une autre.

Or, faut-il rappeler qu’aujourd’hui, 64% des classes de collège ont des effectifs supérieurs à 25 élèves ? Que 10% en comptent même plus de 30 ? Que le taux d’encadrement, c’est-à-dire, le nombre d’élèves par professeur, est en progression constante alors qu’il diminuerait dans les pays de l’OCDE ? Et que 20% des jeunes quittent le système scolaire sans qualification ni diplôme ?

Conclusion : le collège apparaît comme le haut lieu de sélection dans le parcours scolaire, renforcé par la limitation à 16 ans de l’obligation scolaire, ce qui permet d’écarter «naturellement» les élèves en échec dès la fin de troisième. Et cette réforme, loin de l’enrayer, devrait encore renforcer cette tendance.