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ÉDUCATION

Rentrée : fatigue et colère sourde chez les profs

2 septembre 2021 | Mise à jour le 2 septembre 2021
Par | Photo(s) : Adrien Nowak / AFP
Rentrée : fatigue et colère sourde chez les profs

Protocole sanitaire contraignant, conditions de travail détériorées, salaires en berne, réduction des libertés pédagogiques… à l'heure de la rentrée scolaire, les enseignants oscillent entre fatigue et colère.

C'est la rentrée scolaire. Trousses, stylos et cahiers sont glissés dans les cartables. Les masques aussi. Ce jeudi, 2 septembre, ils sont plus de 12 millions d'élèves et près de 870 000 enseignants à reprendre le chemin de l'école alors que celle-ci suscite bien des inquiétudes en raison du variant Delta. Dans les maternelles et l'élémentaire, les classes seront fermées dès le premier cas de Covid déclaré. Si cette rentrée n'est pas sereine pour les parents, elle ne l'est pas plus pour les personnels.

Grosse fatigue

« Ces deux dernières années ont été très difficiles à plusieurs titres pour tout le monde à l'école. Enfants et parents, bien sûr, mais aussi pour l'ensemble des personnels qui ont dû s'adapter sans cesse, recevant des injonctions contradictoires en permanence », témoigne Henri Baron, directeur d'école élémentaire dans le 12e arrondissement de Paris qui accueille près de 190 élèves. On espérait que les choses seraient moins tendues lors de cette rentrée mais ce n'est pas gagné. Cela dit, nous avons décidé de mettre en place une organisation plus souple pour ne plus endurer les contraintes de l'année précédente qui avaient généré des tensions malgré la bonne volonté des uns et des autres. Cela avait aussi enfermé les élèves dans des fonctionnements qui empêchaient par exemple la mise en place de coopérations inter-classes.

Tout en restant dans le cadre ministériel prévu, l'établissement prévoit d'appliquer un protocole qui permette un brassage par niveaux. Cela dit, l'accueil à la cantine reste problématique, les réfectoires restant souvent des locaux trop exigus pour pouvoir accueillir tous les enfants inscrits dans de bonnes conditions. « On a beaucoup fait appel à la solidarité des parents qui ont répondu présents et on le refera, précise le chef d'établissement, mais tout ça est lourd et usant ». Et de penser d'abord aux élèves : « on a imposé aux enfants des règles trop rigides pour la piscine, les activités physiques et sportives…. Ce n'est pas l'école que nous aimons, c'est encore moins celle à laquelle nous aspirons. »

À flux tendu

Mise en place du protocole sanitaire, mise en place du protocole de continuité pédagogique, en plus de la procédure habituelle… Bien sûr, il y a l'expérience acquise depuis deux ans ainsi que le travail d'équipe pour aborder cette rentrée avec une certaine efficacité mais tout se déroule à flux tendu. « Les questions revendicatives ont été mises de côté : à force de travailler dans l'urgence, on n'a pas le temps pour aborder le sujet, explique Henri Baron. Quand on a 5 minutes à nous, on a envie de passer à autre chose. » Et d'ajouter : « Difficile de se mobiliser dans ce contexte, ce n'est simplement pas la priorité. On est en colère mais il ne reste pas d'énergie pour aller militer ».

Le 23 septembre, lui, sera en grève à l'appel de l'intersyndicale CGT-FSU — car, dit-il, « je veux une école émancipatrice pour les enfants, une école loin de “l'évaluationite” à tout prix, une école qui développe la coopération plutôt que la course aux résultats individuels et la course à la comparaison entre écoles. Ce n'était déjà pas la panacée, mais depuis 2007 notre école a perdu beaucoup de sens. Sa logique s'inscrit dans le capital, dans la rentabilité, dans la restriction des choix. On est loin d'une école d'émancipation. J'avais pour habitude de dire à mes stagiaires : “la pédagogie, c'est ouvrir des portes et les enfants trouveront la porte qui leur convient le mieux pour avancer et progresser.” Aujourd'hui, on a fermé toutes les portes sauf une. Il y a une pédagogie unique. Les enseignants sont devenus les exécutants d'une pédagogie imposée. Ce n'est pas l'école qu'on défend à la CGT. »

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