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EXPOSITION

Liu Bolin, artiste caméléon

11 août 2017 | Mise à jour le 16 mai 2018
Par | Photo(s) : dr
Liu Bolin, artiste caméléon

« Camouflage et contestation ». Dans le cadre de l'exposition annuelle Portrait(s) qui se tient à Vichy (Allier), focus sur le travail de l'artiste chinois Liu Bolin. Sous le titre, l'expo, en plein air, donne à voir la face cachée des choses.
Maître du camouflage, Liu Bolin est devenu l'un des artistes chinois les plus célèbres au monde. Se dissimuler pour mieux montrer, se fondre pour se confronter… telle semble être la ligne de conduite du performer Liu Bolin. Homme passe-muraille, artiste-caméléon, il disparaît presque totalement dans les paysages qu'il choisit de mettre en avant. Devant une palissade recouverte de tracts, le long d'un mur en briques, au pied d'un tractopelle, dans une vraie forêt ou dans celle que notre société de consommation fait pousser sous la forme de linéaires de soda ou de boîtes de conserve… Liu Bolin se cache pour mieux désigner les nœuds des problèmes. Dans le quotidien banal comme dans des lieux « sensibles » – tels que la place Tiananmen à Pékin ou Ground Zero à New York – sa présence incongrue, obstinée, insubordonnée même interpelle, questionne et fascine.

Protestation silencieuse
Le parcours particulier de Liu Bolin commence le 16 novembre 2005, lorsque, pour préparer les Jeux olympiques de 2008, les autorités chinoises procèdent à la démolition du quartier de Suojiacun, un village d'artistes dans la banlieue de Pékin. L'atelier de Liu fait partie du lot. Il est détruit ce jour-là. Révolté par cet abus de pouvoir, le jeune homme, poussé par un instinct animal et muet, décide de poser devant ce qu'il reste de son lieu de travail et de création. Peint à l'image de ses ruines, l'homme a disparu du décor sinistré. « Certains diront que je disparais dans le paysage ; je dirais pour ma part que c'est l'environnement qui s'empare de moi », explique Liu Bolin lorsqu'il est l'interrogé sur le sens de son travail. Sa révolte silencieuse parle désormais pour lui, et à beaucoup de ses contemporains.
De 2011 à 2013, parcourant le monde, il va décliner ce procédé qui le rendra célèbre. Cela donne une série intitulée Hiding in the City (« Caché dans la ville »). En 2013, Paris est l'une des étapes de Hiding in the City. Il choisit de s'immerger dans les lieux qui sont pour lui emblématiques de la ville : le marché de Rungis, un kiosque à journaux, le coffre-fort historique de la Société générale, les Archives nationales…

« Camouflage et contestation »jusqu’au 10 septembre sur l’esplanade du lac d’Allier à Vichy.
« Ghost Stories » du 6 septembre au 29 octobre à la Maison européenne de la photographie, 5-7, rue de Fourcy, Paris 4e.

Où qu'il soit, l'artiste procède toujours de la même manière : il se laisse enduire de peinture et pose pendant des heures avant d'obtenir le bon rendu, la bonne image. Parfois, cela semble facile quand le fond est de couleur uniforme mais le plus souvent c'est d'une minutie incroyable quand il s'agit de reproduire le détail d'une brique ou d'un pneu, les nervures d'une grume ou des unes de Charlie Hebdo.
Le choix des expositions-disparitions de Liu Bolin ne doit rien au hasard. Il dit beaucoup de lui, de nos sociétés modernes, de ses dérèglements… et aussi de nos révoltes et de nos capacités de résistance ; que l'on crie en levant le poing ou que l'on se taise en se camouflant.

 

Artiste caché et œuvres envolées
Trois photos exposées en plein air à Vichy dans le cadre de la rétrospective consacrée à Liu Bolin ont été volées. Les photographies grand format (100 x 130 cm) – baptisées Red door, Ground Zero et Temple of Even – faisaient partie de la soixantaine de photographies exposées. Tirées sur aluminium et vissées sur un support en fonte, celles-ci avaient été éditées spécialement pour l’exposition. « Elles n’ont pas de valeur marchande car elle ne sont pas vendables à la cote internationale de Liu Bolin sur le marché de l’art. D’autant que leur état a dû être dégradé lors de l’arrachage », a déploré l'un des commissaires de l’exposition à l'AFP. Vichy n’est pas la seule ville victime cet été d’un vol d’œuvres d’art. Vendredi 4 août, la Ville de Paris a annoncé qu’elle allait porter plainte contre deux personnes « déguisées en agents de la Ville » qui avaient dérobé une dizaine de mosaïques du street artist Invader.