Logistique : des technologies de pointe au service de l’aliénation
A cela s'ajoute une précarisation, voire une uberisation inédite de tous ces métiers qui en sont d'ailleurs de moins en moins puisque voulus interchangeables et de plus en plus dépourvus des certifications et de la reconnaissance professionnelle y attenante, comme par exemple celle de conducteur de chariots élévateurs. C'est pour se pencher sur ces problématiques alarmantes, que plusieurs organisations de la CGT ont initié une journée d'étude qui esquisse un bilan de ces tendances lourdes. Des tendances qui viennent de recevoir un coup d'accélérateur avec la pandémie et l'explosion des ventes en lignes. La logistique apparaît aujourd'hui comme le paradigme des évolutions les plus pointues en matière de travail ; à savoir l'introduction des technologies les plus high-tech pour l'optimisation de la performance, la livraison en moins d'une heure de n'importe quoi dans n'importe quelles conditions et surtout au mépris total de la santé, du bien-être et des conditions sociales des salariés concernés. De la robotisation aliénante à l'automatisation qui ne nécessite plus qu'une infime intervention humaine, les questionnements sont immenses pour les syndicalistes et ce notamment au regard de la dégradation de la condition sociale du salariat. Est-on condamné à subir le toujours plus vite pour le seul bénéfice de la rotation du capital ? Les technologies du XXI e siècle ne peuvent-elles être conçues qu'au service d'une condition sociale qui nous ramène au travail à la tâche du XIX e siècle ? Une chose est claire, il y a nécessité de penser, s'organiser, proposer des alternatives à ces dérives qui mènent les humains et la planète directement dans le mur. Des luttes existent déjà dans ces métiers, des succès sont enregistrés, y compris dans d'autres pays confrontés aux mêmes évolutions, comme en Italie. Invitée à cette journée d'étude, Livia Spera, secrétaire générale de la Fédération Européenne des travailleurs des Transports était là pour en témoigner.