
Dossier 137, un film qui joue sur les contrastes
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De Marseille ouvrière, bigarrée et terre d'accueil méditerranéenne, il ne subsistera plus que son simulacre joué par des intermittents du spectacle lors des festivités qui ont présidé à l'opération Marseille capitale européenne de la Culture en 2013.
Ce constat est celui que le réalisateur Nicolas Burlaud, membre de Primitivi, l'une des rares télés libres encore actives, dresse dans ce film-électrochoc, bien éloigné de la vitrine montrée aux touristes.
Sacrifiée sur l'autel du profit, Marseille la populaire, capitale de la mixité et de l'accueil, a été le théâtre d'une gigantesque opération politico-immobilière dont la culture n'a été que le prétexte chamarré, l'attrayant cheval de Troie permettant aux promoteurs de tous poils de faire main basse sur les quartiers historiques entourant encore le Vieux Port, comme le célèbre Panier, mais aussi sur une partie de la zone portuaire.
Truffant au passage la ville de plus de 300 caméras de surveillance, sans doute pour veiller à la bonne jouissance des nouveaux habitants – riches – de ces quartiers financièrement inaccessibles à leur population originelle…
L'objectif a d'ailleurs été très crûment expliqué par Claude Valette, adjoint au maire délégué à l'urbanisme : « On a besoin de gens qui créent de la richesse. Il faut nous débarrasser de la moitié des habitants de la ville. Le cœur de la ville mérite autre chose. »
Rencontre avec Nicolas Burlaud
Avec talent, rythme et intelligence, le réalisateur filme cette opération très coûteuse, mais aussi très lucrative pour certains, puisque de nombreux fonds privés, notamment américains, ont considéré que l'investissement allait être très rentable. Marseille, tête de pont du Tafta ?
Filant la métaphore du cheval de Troie en lisant des passages de l'Enéide de Virgile relatant la prise de Troie – texte qui semble avoir été écrit pour la circonstance – Nicolas Burlaud a aussi donné la parole à ceux dont, justement, on souhaite « se débarrasser » en les marginalisant un peu plus.
Associations d'habitants, jeunes des cités qui ne viennent plus en ville où ils sont « suspects », petits commerçants de proximité repoussés vers des quartiers excentrés, ghettoïsés au profit de la gentrification du centre-ville.
Il démonte, dans La fête est finie, la manière dont la culture a été utilisée – rappelons que les travailleurs de la culture sont majoritairement des précaires, ce qui n'est pas la moindre des ironies – pour faire avaler la pilule aux Marseillais éblouis par le faste de cette fête dont ils ne perçoivent pas tous la gueule de bois qui les attend dès que les projecteurs se seront éteints.
Certains, heureusement, résistent, mais le rouleau compresseur du grand capital et les pelleteuses des bétonneurs ne finiront-ils pas par couvrir leurs voix ?
La fête est finie. Réalisé par Nicolas Burlaud. 1 h 12.
Clip de Keny Arkana :

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