A la niche, la réforme des retraites
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L’échelle de grandeur est certes très différente – l’Australie compte moins de 24 millions d’habitants sur un territoire grand comme douze fois la France – mais les questions syndicales sont parfois riches d’enseignement. À l’aube d’une nouvelle mandature présidentielle qui pourrait bien, à la lumière des annonces de campagne, bouleverser les règles de la Sécurité sociale française, Hubert Schwind, membre du bureau de l’UCR-CGT, s’inquiète à l’idée que le système français puisse se rapprocher du système australien.
Le système de retraites australien est basé sur un régime d’assistance dont chaque Australien bénéficie. Financé par l’impôt et géré par l’État, il garantit à chaque bénéficiaire un minimum de 1400 dollars australiens (946 euros) par mois, explique Jane Timbrell, membre de la délégation australienne de Vintage Reds, un syndicat de retraités australien venu à la rencontre de l’UCR. En ce sens, il se rapproche du minimum vieillesse français, financé par la CSG. Il est ensuite complété en fonction de la carrière et de la branche par un système de retraite complémentaire par point, via des fonds de pension. « Cela fait porter le risque au salarié », regrette David, un autre membre de Vintage Reds.
« Nous ne voulons pas de ce système financé par l'impôt », explique Hubert Schwind, favorable au maintien d'un financement par cotisations sociales, à la fois par les salariés et par le patronat. « Un financement par l'impôt signifierait que les retraites sortent de la Sécurité sociale, or nous sommes tous représentés au Conseil d'administration de la Sécu, c'est nous qui décidons, poursuit-il, les retraites doivent rester dans les mains des salariés. »
Le syndicaliste français en tient pour preuve le projet du nouveau président de la République française, Emmanuel Macron, d’augmenter la CSG. « C’est la première chose qu’il fera : réformer les retraites et baisser leur niveau », s’insurge-t-il. Si cette augmentation de CSG est censée aller de pair avec la disparition de la taxe d’habitation, pour Hubert Schwind, le compte n’y est pas. « J’ai fait les calculs : même sans taxe d’habitation, une augmentation de 1,7% de CSG me coûterait 180 euros de plus. »
Autre sujet d’inquiétude : l’âge de départ à la retraite. S’il faut aujourd’hui avoir cotisé entre 160 et 166 trimestres pour prétendre laisser sa place, Hubert Schwind voit d’un mauvais œil les potentielles futures réformes du prochain quinquennat. « Nous voyons arriver un système comme dans les pays nordiques, avec une retraite dégressive pour les personnes partant plus tôt, voire le placement des cotisations de retraite dans des fonds de pensions. »
La formation du syndicat de retraités australiens Vintage Reds est très récente. Créé en 2013 à Canberra, le syndicat compte néanmoins capitaliser sur de récents succès politiques pour faire des émules à travers le pays. Mais le paysage syndical reste terne. « Les syndicats australiens ne misent pas assez sur les retraités, déplore Jane Timbrell, c’est un gâchis de ressources. » Surtout que le mouvement syndical australien a été « décimé » au cours des trois dernières décennies, explique-t-elle, par les différents gouvernements conservateurs… mais aussi travaillistes, ajoute, déçu, David.
En cause, la perte de culture politique des travailleurs australiens au fur et à mesure des différentes conquêtes syndicales. « À une époque, nous avions un taux de syndicalisation proche de 80%, mais aujourd’hui, nous sommes en dessous de 20 % […] les gens ne savent plus faire la différence entre la droite et la gauche. »
Autre obstacle cité par les Vintage Reds : la fin des closed shops, les ateliers fermés où l’adhésion à un syndicat de travailleurs conditionnait l'embauche. Aujourd’hui, la pratique a quasiment disparu, ou a été détournée par les employeurs qui syndiquent – parfois à leur insu, explique Nigel, un autre membre de Vintage Reds – les salariés à un syndicat patronal. Ces syndicats prennent ainsi de l’importance au sein de l’ACTU, la confédération australienne des syndicats, mais aussi, par le biais des liens entre le monde syndical et le parti travailliste, dans la politique du pays.
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