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COMMERCE

Mobilisation pour l’emploi au sein des enseignes de la famille Mulliez

9 octobre 2020 | Mise à jour le 12 octobre 2020
Par | Photo(s) : Denis Charlet / AFP
Mobilisation pour l’emploi au sein des enseignes de la famille Mulliez

Des centaines de manifestants se sont rassemblés le 8 octobre 2020 devant les grilles du siège d’Auchan, à Croix (Nord). La CGT appelait à dénoncer les nombreux plans de licenciement au sein des différentes marques du groupe.

La famille Mulliez a toujours nié l'existence d'un groupe autour d'Auchan. Les différentes enseignes qu'elle détient appliquent pourtant des stratégies communes. À commencer par la multiplication des licenciements, que la CGT est venue dénoncer devant le siège d'Auchan, dans le Nord, début octobre.

Auchan, Flunch, Leroy Merlin, Decathlon… Ils sont des centaines de salariés, ce jeudi 8 octobre, devant les grilles du siège d'Auchan, à Croix (Nord), solidement gardées par les CRS. « Tous unis contre la famille Mulliez », qui possède toutes ces enseignes, proclame la CGT Commerce.

Suppressions d'emplois à la chaîne

Car derrière les 1 475 suppressions d'emplois récemment annoncées chez Auchan – après un premier plan de 677 licenciements dévoilé en janvier –, il y a aussi la liquidation (laissant quelque 70 millions d'euros de dettes), suivie d'un rachat par son propre patron, de l'enseigne d'ameublement Alinéa, délestée de mille salariés et de 17 magasins sur 26.

La galaxie Mulliez Fondée en 1955 et détenue actuellement par 700 cousins de la famille, la « galaxie Mulliez » s’établit autour d’un groupement d’intérêt économique, l’AFM (Association familiale Mulliez), et rassemble, à travers des participations diverses, près de 50 enseignes (Auchan, Alinéa, Saint-Maclou, Jules, Kiabi, Pizza Paï, Électro dépôt…).

Elle réalise un chiffre d’affaires global estimé à plus de 80 milliards d’euros et emploie quelque 500 000 salariés dans le monde. Selon le magazine Challenges, la famille Mulliez est aujourd’hui la quatrième fortune de France, à la tête d’environ 23 milliards d’euros.

Mais aussi les 105 suppressions de postes (sur 320) et la fermeture de six magasins chez Top Office (fournitures de bureau). Ou encore la perte de plus de 1 700 emplois en un an chez Decathlon, dont beaucoup de CDD non remplacés.

« Il y a une stratégie AFM [Association familiale Mulliez, qui gère les participations dans les différentes entreprises, N.D.L.R.]. Quand quelque chose est déployé à Auchan ou Decathlon, c'est diffusé ailleurs », assure Romain Coussin, délégué syndical central CGT à Leroy Merlin, venu de Valence (Drôme).

Il en veut pour preuve la revente en France, Italie, Portugal et Espagne des murs de 42 magasins du groupe Adéo, maison-mère de Leroy Merlin. De quoi faire remonter 510 millions d'euros de cash. « Cela ressemble à ce qui s'était passé auparavant chez Alinéa », relève-t-il.

Polyvalence de la caisse aux rayons

Clément Bruneau, délégué syndical CGT, travaille pour un Auchan d’Angoulême (Charente), où neuf suppressions de postes sont annoncées. « Mais ce qui se profile surtout, c'est l'accélération de l'automatisation des caisses, avec de nouveaux licenciements », confie-t-il.

Une crainte partagée par Marie-Chantal Vaterlaus, caissière d’un Auchan à Périgueux (Dordogne) et élue CGT au CSE. « On a déjà subi une succession de plans sociaux, dans les bureaux et un peu partout dans les services, mais le gros va arriver dans le secteur des caisses », prédit-elle.

Pas de quoi améliorer des conditions de travail qu'elle a vues se dégrader fortement en trente-six ans. Notamment à cause de la polyvalence, qui consiste à envoyer des employés des caisses dans les rayons et inversement, en fonction des besoins au cours de la journée.

Des conditions de travail en constante dégradation

La polyvalence, Viviane Kouadio connaît aussi. Cette employée au Flunch d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), élue suppléante au CSE, peut passer de la caisse au « débarrassage » de la salle, en passant par les différents îlots de service des plats.

Mes poignets sont foutus à force de répéter les mêmes gestes. Viviane Kouadio, employée de Flunch à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et élue suppléante au CSE

« Mes poignets sont foutus à force de répéter les mêmes gestes », dénonce-t-elle. Et à cause des coupures dans le temps de travail, « tu peux passer ta journée sur place, mais ne travailler que six heures ». Si on y ajoute l'annonce récente du plan « Cap à 5 ans », et le mystère qui entoure le nombre et la localisation des restaurants qui fermeront, l'ambiance est lourde.

Pour contrer ces stratégies délétères, un collectif CGT du groupe Mulliez a été mis en place et la bataille relancée pour « faire reconnaître l'existence d'une union économique et sociale [Mulliez, N.D.L.R.] », explique Amar Lagha, secrétaire général de la CGT Commerce.

Avec les autres organisateurs de la mobilisation à Croix – unions départementales CGT du Nord et des Bouches-du-Rhône, CGT Chimie… – le syndicaliste inscrit cette journée dans le cadre de la Marche pour l'emploi et la dignité, qui se conclura par une manifestation à Paris, le 17 octobre.

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