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ÉLECTIONS TPE

Nadejda Tilhou, candidate aux élections TPE à Orléans

24 octobre 2024 | Mise à jour le 24 octobre 2024
Par | Photo(s) : © Romain Gautier
Nadejda Tilhou, candidate aux élections TPE à Orléans

Nadedja Tilhou, membre de la section locale du Loiret du syndicat CGT spectacle et candidate aux élections TPE 2024 à Orleans.

Consciente de la nécessité de renforcer la présence de la CGT dans ce territoire rural qu’est le Loiret, cette intermittente du spectacle, sociologue et documentariste est candidate aux élections TPE, qui auront lien entre le 25 novembre et le 9 décembre 2024. C'est lors de l'occupation du théâtre d'Orléans en 2021 qu'elle expérimente, avec la CGT, l'importance de l'engagement dans la lutte. Ce portrait est à retrouver dans le mensuel d’octobre La Vie Ouvrière-Ensemble, destiné aux syndiqués de la CGT.

Les trois mois d'occupation du théâtre ont été pour moi un tournant. Avec la crise sanitaire, le monde du spectacle était à l'arrêt et les intermittents ont été confrontés à leur fragilité économique. J'y ai découvert que la CGT est un outil de lutte non seulement efficace, mais indispensable pour aller au bout d'un engagement. Je suis ainsi passée de l'état de personne indignée à celui de personne engagée. » En 2021, Nadejda Thilou a 52 ans, s'agit-il d'une révélation tardive ? En réalité, il serait plus juste de parler d'un cheminement, puisque son adhésion à la CGT n'intervient qu'en 2022. Mais un incident grave va être déclencheur : « Pendant l'occupation du théâtre, j'ai découvert la violence de l'extrême droite. Nous avons été attaqués par des identitaires, qui s'en sont pris à nous physiquement. Je me suis dit que, face à ce danger, on n'avait pas le choix. Il fallait s'engager avec les bons outils, et ces outils, je les ai trouvés à la CGT. »

Longue maturation

L'histoire de Nadejda commence à Pau (Pyrénées-Atlantiques), d'où est originaire sa famille. Elle a 5 ans lorsque son père, enseignant et syndicaliste, est muté à Saumur (Maine-et-Loire). Sa mère, sans emploi, regrette ses montagnes. Chaque année, les demandes de retour au pays sont rejetées par l'Éducation nationale. « À l'époque, seuls les pistonnés obtenaient la mutation convoitée, mais mon père avait la fierté occitane et il s'y refusait », se souvient Nadejda. Des valeurs qui comptent, et qui se transmettent comme un héritage. En effet, sous une apparence réservée, tout indique chez Nadejda une femme fière et rebelle. Brillante, elle est admise, à 17 ans, en classe préparatoire à Angers puis à Rennes (Ille-et-Vilaine). Elle y découvre la violence de classe de la fabrique des élites. Elle s'oriente en sociologie, puis se passionne pour la Révolution des œillets et va séjourner à plusieurs reprises au Portugal. Dans les années 2000, elle réalise un film, « Nous, ouvrières de la Sogantal », qui témoigne de la lutte des ouvrières, en 1974, dans une petite usine de confection près de Lisbonne. Peu connu en France, ce film retraçant un épisode oublié de l'histoire ouvrière féminine est diffusé régulièrement au Portugal. Depuis, son engagement syndical est en germination, et son appétit pour le cinéma ne s'est pas démenti.

Une intermittente engagée

Nous rencontrons Nadejda au 108, rue de Bourgogne, à Orléans. C'est un tiers-lieu, autrement dit, un local hétéroclite où cohabitent une quarantaine d'associations culturelles, de compagnies de danse, de musique ou de théâtre. Familière des lieux, Nadejda est un membre actif de Cent Soleils, une association cinématographique d'éducation populaire à laquelle elle apporte son expérience de documentariste. Actuellement, elle termine des portraits de comédiennes tout en travaillant pour une coopérative de production de films. Et puis, au milieu de ce joyeux désordre, notre héroïne tient une permanence CGT. Elle a installé une table avec des affiches et des brochures. Son arsenal de militante est au complet : elle peut accueillir les salariés, les renseigner et en inscrire le plus possible sur les listes électorales. Instruite par des webinaires où elle échange avec d'autres animateurs de la campagne, Nadejda reçoit les salariés et les invite à se connecter sur le site dédié : cgt-tpe.fr. Elle leur remet les tracts destinés aux intermittents du spectacle ou d'autres, plus spécifiques, à propos des élections. Devant elle sont disposés des carnets d'adhérent CGT qui ne demandent qu'à être remplis.

Candidate aux élections TPE

Pourquoi brigue-t-elle ce mandat ? « Nous sommes dans une région rurale où la CGT est mal structurée, mal représentée. Les gens du spectacle ne sont pas bien défendus et la campagne électorale est l'occasion de les rencontrer. Je commence avec ceux qui sont mes collègues, mais je rencontre d'autres métiers des TPE, pour connaître leurs besoins », explique la militante, jamais à court d'arguments pour expliquer l'enjeu des élections. « La présence CGT dans les instances est importante pour faire remonter les réalités du terrain, permettre aux gens d'être représentés et de nous interpeller. Notre présence dans les luttes doit être articulée avec une participation dans les instances. »