À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
Santé au travail

Naval Group Cherbourg : la CGT arrache le désamiantage

28 février 2020 | Mise à jour le 28 février 2020
Par
Après près de deux mois de bras de fer avec leur direction, les salariés de Naval Group ont fini par faire plier leur direction. Avec un argument de poids, la présence de poussières d'amiante sur leur lieu de travail. En principe interdit.
Si les sous-marins de nouvelle génération désormais produits à l'arsenal de Cherbourg pour la Marine nationale sont dotées des dernières technologies, c'est loin d'être le cas dans certains ateliers de Naval Group, l'ancienne DCN, aujourd'hui en charge de cette production et détenu à plus de 60 % par l'État et à 35 % par Thalès.
« On a des vieux bâtiments avec des toitures en fibrociment », explique Vincent Hurel, secrétaire général CGT sur le site. Problème : « Lors des dernières mesures atmosphériques faites en octobre 2019, on a eu des résultats supérieurs à ce que préconise l'Autorité de santé publique, c'est-à-dire 5,4 fibres d'amiante par litre au lieu de 5 ».
Un dépassement de seuil qui, selon la CGT, ne peut se limiter à la seule atmosphère des lieux incriminés. Et l'organisation syndicale de demander alors à la direction « de s'assurer, a minima, de l'absence de poussières d'amiante sur le matériel stocké et de nettoyer et contrôler tout ce qui sort des hangars concernés » mais aussi « de faire un prélèvement surfacique » et pas seulement atmosphérique.
Devant le refus catégorique du groupe, les délégués se rapprocheront d'un laboratoire pour faire eux-mêmes ces prélèvements. Les résultats tomberont début décembre. « On a fait six prélèvements sur du matériel qui était dans ces hangars et ailleurs sur le site. Les six se sont révélés positifs à la poussière d'amiante », affirme le responsable syndical.

Danger grave et imminent

Il faudra cependant attendre le 24 janvier dernier, et le droit au retrait exercé par 45 salariés demandant à la direction de « mettre tout en œuvre pour préserver leur santé » accompagné, dans la foulée, par « une alerte d'un danger grave et imminent sur la santé et une alerte environnementale et de santé publique sur les traitement des déchets déclenchées par trois élus CGT de la CSE », pour que direction cesse enfin son déni. D'autant que, l'inspection du travail, présente lors du CSE extraordinaire qui s'en est suivi, confortait la CGT dans ses analyses, rappelant au passage que « l'utilisation des lingettes constitue un moyen de prouver la présence ou l'absence d'amiante et peut donc être utilisé dans le cadre de la réglementation sur les CMR ».

Un atelier et deux hangars vont être traités

Résultat : le 25 févier, Naval Group fermait, « par précaution », l'atelier et les deux hangars de stockage concernés, envoyant les quelque 200 salariés touchés par cette fermeture renforcer d'autres équipes travaillant sur ce site qui emploie environ 5 000 personnes. Surtout, le groupe annonçait un « plan d'action » afin d'« éliminer l'ensemble des toitures en fibrociment ».
« On est quand même satisfaits d'avoir été écoutés », reconnaît Vincent, prêt à travailler avec la direction pour améliorer les choses. « À partir du moment où cela est fait d'une façon progressiste et constructive, on va s'y associer. Quand je dis progressiste, c'est aller plus loin que la loi, plus loin que ce qui est imposé par le Code du travail. Il faut s'approcher du zéro [fibre d'amiante par litre, ndlr] ».
Une belle avancée, une victoire qui laisse cependant un petit goût amer au syndicaliste. « Dommage qu'il ait fallu insister si lourdement. Si on n'avait pas été aussi tenace, aujourd'hui, on continuerait à empoisonner des salariés avec l'amiante. Plus on attend, plus on fait de victimes. »