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Ne nous libérez pas, on s’en charge : un livre sur l’histoire des féminismes

21 mai 2021 | Mise à jour le 22 mai 2021
Par | Photo(s) : DR
Ne nous libérez pas, on s’en charge : un livre sur l’histoire des féminismes

Ne nous libérez pas, on s'en charge retrace l'histoire des féminismes, de la Révolution française à nos jours. Un ouvrage de référence pour comprendre les enjeux sociaux, de genre, de race qui ont mené des femmes et des hommes à se battre pour plus de liberté et d'égalité. Et mieux éclairer les luttes actuelles.

Revisiter l'histoire des féminismes en France, depuis la Révolution française jusqu'à nos jours. Établir des liens entre féminismes et mouvements politiques, entre féminismes et colonialisme, entre féminismes et religions, entre féminismes et mouvements lesbien, gay et trans. « Ne nous libérez pas, on s'en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours », le livre de Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel, paru en août 2020, est un ouvrage de référence qui fait état de toute la complexité de l'histoire des féminismes en France.

Ce gros pavé de 500 pages, entre manuel académique et encyclopédie d'histoire, propose une plongée passionnante en quatre grandes parties chronologiques : « Une quête d'émancipation à l'heure des révolutions » (1789-1871) », « « Le droit prime la force ! » Féminismes et universalisme républicain en question (1871-1944) », « La révolution sera féministe ! Libération et autonomie (1945-1981) », « Féministes, tant qu'il faudra ! (1981-2020) ». Pourtant, cette histoire-là n'est pas présentée comme un fil linéaire mais plutôt comme une suite de périodes, de moments, de luttes, d'avancées et de reculs mis en perspectives au regard des contextes.

Le débat circonstancié

Ouvertement féministes elles-mêmes, les trois auteures restituent les faits saillants de l'histoire des féminismes sans dogmatisme et avec toutes les nuances nécessaires. Au chapitre du débat sur la date de naissance du mouvement de libération des femmes, entre celles qui, comme Antoinette Fouque, la situent « en octobre 1968, aux lendemains du mouvement de Mai et de la réactivation des luttes de classes et des luttes anti-impérialistes dont il est issu » et celles qui, comme Françoise Picq, font démarrer le combat en 1970 avec le numéro spécial de Partisans « Libération des femmes : année zéro », on trouve notamment ce texte qui résonne avec le titre de l'ouvrage : « … nous sommes fatiguées de lutter contre nos camarades révolutionnaires pour mettre notre oppression en avant. Nous ne voulons pas perdre notre énergie et notre force à lutter contre le chauvinisme mâle à l'intérieur des organisations déjà existantes. Il est fini le temps où nous demandions aux hommes – fût-ce à des militants à des militants révolutionnaires – la permission de nous révolter. On ne peut pas libérer un autre, il faut qu'il se libère. Nous savons que nous faisons partie du vaste mouvement révolutionnaire qui depuis mai 1968 a changé l'aspect des luttes en France, dont le but est le renversement du capitalisme et la prise de pouvoir par le peuple. Nous sommes le peuple. »

Connues et inconnues

En creux des « grands moments », tels que la conquête du droit de vote et de l'éligibilité revendiqué par les mouvements féministes depuis le XIXe siècle, et obtenu le 21 avril 1944, ou bien le droit à l'avortement dont la date symbole est bien sûr le 17 janvier 1975 (loi Veil), des récits mais aussi un foisonnement de documents, témoignages, affiches, photos, poèmes, qui racontent un chemin tortueux et polymorphe où l'on retrouve bien sûr les grands noms comme ceux de l'icône féministe et révolutionnaire, Louise Michel, de la philosophe Simone de Beauvoir, de la première franc-maçonne Maria Deraismes, ou encore de l'avocate et femme politique Gisèle Halimi, mais aussi des femmes moins connues qui œuvrèrent sans relâche pour plus d'égalité et de justice, par exemple Jeanne Bouvier, ouvrière syndicaliste et féministe (1865-1964), qui, dans les années vingt, rue dans les brancards face au secrétaire général de la CGT Léon Jouhaux – et sera écartée.

Intersectionnalité

On passe encore un cran quand on découvre Suzanne Lascade (1884-1966), l'une des premières romancières non blanches qui « annonce le mouvement littéraire de la négritude avant l'heure » ou les sœurs Nardal qui contribuèrent également « par leurs écrits et leur militantisme réformiste, à l'éclosion de la négritude. » Bref, c'est souvent lorsqu'il s'attache à décrypter des liens entre les classes sociales opprimées que l'ouvrage s'avère le plus intéressant. Il est en tout cas indispensable pour comprendre comment, malgré le mouvement Metoo et d'autres, le système libéral planétaire continue à se nourrir des inégalités sociales et professionnelles contemporaines et contribue à la persistance des violences faites aux femmes.

Ne nous libérez pas, on s'en charge
Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours
Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel. 511 pages. La Découverte

Version papier : 25 €
Version numérique : 17,99 €
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