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MARSEILLE

Nécessaires convergences

2 mars 2015 | Mise à jour le 15 mars 2017
Par | Photo(s) : AFP / Bernard Langlois
Nécessaires convergences

Plusieurs dizaines de syndicats CGT des Bouches-du-Rhône se sont retrouvés le 26 février pour débattre de la situation de leurs entreprises et les perspectives de maintien et de développement de l'emploi. L'UD avait invité Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, qui a pris connaissance des dossiers portuaires. Entretien avec Thierry Pettavino, secrétaire général de l'UD 13.

NVO : L'UD a décidé d'inviter le nouveau secrétaire général de la CGT toute une journée. Avec quelles préoccupations et quelle ambition?

Thierry Pettavino : Les rencontres telles que celles que nous avons eues toute la journée ont permis au secrétaire général nouvellement élu de prendre connaissance de l'ensemble des dossiers des entreprises en lutte. Il a rencontré 32 syndicats. Dans les Bouches-du-Rhône, nous avons une réelle convergence de luttes entre les syndicats des diverses entreprises. Notre département, en partie grâce au port, demeure fortement industriel, mais précisément, l'industrie subit depuis plusieurs années des attaques très importantes, nous obligeant à travailler pour le maintien et le développement de toutes les filières industrielles, de la pétrochimie à la raffinerie sucrière, des ports et docks à l'agroalimentaire… en sachant que toute mise en cause des entreprises concernées impacte considérablement l'emploi dans toute la filière et dans les autres secteurs, du commerce aux services publics. Aussi, depuis 2013, nous avons construit et tâchons de construire un processus de mobilisations convergentes pour le développement de l'emploi.

Pour nous, il était important que la confédération CGT, au plus haut niveau et en l'occurrence via son secrétaire général, se rende compte de façon concrète à la fois de la situation telle qu'elle est et de la façon dont nous construisons ces mobilisations.

 

NVO : Quelles sont ces entreprises?

Les exemples sont malheureusement légion. Ainsi de Total ou d'autres raffineries qui ferment alors même que des repreneurs existent, ce qui évidemment les fragilise toutes. Chez nous, les industries lourdes sont encore là, sur l'étang de Berre par exemple, avec des milliers d'emplois. Si elles ferment ou sont fragilisées, c'est grave en soi, et c'est aussi l'hôpital, la Poste, la Sécu… qui voient leur avenir menacé. À terme, c'est le désert programmé. C'est pour cela qu'il nous faut agir tous ensemble, et non pas penser en termes de concurrence, comme si la fermeture de telle entreprise permettait de libérer un marché pour telle autre. Non, c'est l'inverse!

On voit bien par exemple comment, dans la construction navale, petit à petit, ils ont fini par tout fermer. Nous sommes tous liés face à des stratégies globales. Défendre l'emploi chez le voisin n'est pas qu'une belle action de solidarité, nous sommes en fait tous concernés. Nous avons de ce point de vue de beaux succès, comme pour Fralib, avec le maintien d'une Scop, ce qui tend à montrer que l'on peut créer des perspectives, que grâce à la mobilisation on peut gagner… De même aux Moulins Maurel, ou à Kem One, même si les menaces sont toujours là. Les camarades d'Air France, en lutte avec ceux des Moulins Maurel, ont montré que s'il n'y a plus de site pétrochimique, c'est aussi un moins pour le transport aérien. C'est de tout cela qu'ont discuté les 32 syndicats présents lors de la rencontre avec Philippe Martinez.

 

NVO : L'après-midi, c'est toute la filière portuaire que vous avez mise en débat…
Thierry Pettavino. Oui, d'abord Total, avec toutes les problématiques liées à l'avenir des raffineries, ce qui implique la pétrochimie, la sous-traitance, la nécessité d'un travail commun avec les fédérations de la chimie, de la métallurgie… Puis ensuite avec les camarades de la SNCM et, là aussi, il était important que le secrétaire général entende en direct ce que les syndiqués défendent et ont à dire, et il s'est là aussi impliqué avec eux dans le débat. Les salariés, aujourd'hui, souffrent. Ils ont besoin d'interroger sur ce que veut dire « une entreprise qui se porte bien »: est-ce des actionnaires qui se portent bien au détriment du travail et des salariés, ou bien une entreprise qui produit au service des intérêts communs et dans le respect des salariés, de leur travail, des salaires?

L'échange a été important et apprécié par les camarades qui y voient un attachement à une vraie proximité. La proximité est du reste pour nous et depuis longtemps une dimension assez essentielle du syndicalisme. Notre département compte 34 000 syndiqués. Nous privilégions beaucoup le rôle des unions locales, pas seulement pour une aide juridique aux salariés, mais aussi pour construire toutes les solidarités et les convergences dont je viens de parler, et contribuer à ouvrir des perspectives.

 

NVO : Quel bilan tirer de cette journée un peu exceptionnelle?

Thierry Pettavino. Nous avons mis en évidence une vision partagée de la situation et de la nécessité de dépasser les tentations corporatistes pour construire des solidarités et des convergences. Les syndicats ont fait passer des messages sur leurs dossiers, mais aussi sur notre vision d'une CGT à l'offensive face à la situation que nous subissons aujourd'hui. Et pourquoi ne pas aller jusqu'à réunir, à Montreuil, l'ensemble des secteurs qui luttent pour l'emploi, pour en débattre et ouvrir ensemble de réelles perspectives économiques et de mobilisations?

 

NVO : Vous avez décidé d'une journée d'action départementale le 12 mars pour l'emploi?

Thierry Pettavino. Oui. En jeu, notamment, le risque de démantèlement de la dernière entreprise en France qui raffine le sucre, avec des milliers d'emplois concernés, en particulier sur le port. La fédération de la chimie s'y est associée et j'espère que d'autres fédérations feront de même. Au-delà, ce sont bien sûr les politiques d'austérité qui sont en cause. Dans le département, plus d'une vingtaine d'organisations, syndicales (CGT, FSU, Solidaires), associatives, politiques… appellent ensemble à élargir la mobilisation contre ces politiques d'austérité. Le 12 mars, c'est aussi cela, car on est bien conscient qu'on ne pourra gagner seuls. Nous préparons aussi la journée interprofessionnelle nationale du 9 avril. Nous sentons déjà, au vu du retour des syndicats, qu'il s'agira d'une grande journée, avec non seulement l'action sur Paris mais aussi des initiatives ici à Marseille.