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INDUSTRIE

Nokia : La lutte se poursuit à Nozay, en Essonne

14 septembre 2020 | Mise à jour le 17 septembre 2020
Par | Photo(s) : Martin Bureau / AFP
Nokia : La lutte se poursuit à Nozay, en Essonne

Devant l’usine de Nokia à Nozay, dans l’Essonne, le 10 septembre 2020.

Près de 1000 salariés ont répondu à l'appel de l'intersyndicale CFDT, CGT,CFE-CGC. Rassemblés devant les portes du site de Nozay, avant de défiler dans la ville, ils ont réaffirmé leur rejet total du plan social qui prévoit la suppression de 1 233 postes dans la filière « Recherche & Développement » de Nokia France.

« Nous sommes le cas emblématique d'une entreprise qui gagne de l'argent, perçoit des centaines de millions d'euros de fonds publics, augmente sa productivité pendant le confinement, puis licencie ses salariés pour délocaliser leurs emplois dans des pays à bas coûts », lance au micro un responsable syndical CFE-CGC. Et de conclure en forme d'exhortation : « Ces pratiques sont inacceptables, il nous faut les combattre ! ».

Devant lui, quelques 1000 salariés jusque-là silencieux manifestent leur approbation par de sonores applaudissements avant d'entonner leur slogan de lutte « Nokia, ton plan, on n'en veut pas ! »  Sous l'estrade, où s'alternent les prises de paroles, une banderole a été déployée, avec ce message : « French jobs matter » (les emplois français comptent).

Une jeunesse ulcérée

En lutte depuis l'annonce le 22 juin d'un énième plan social ourdi par la direction de Nokia, les salariés et leurs syndicats multiplient les actions de contestation de ce PSE. Dernière en date, celle du 1er septembre à Lannion où 402 silhouettes en bois correspondant aux 402 emplois promis à la destruction sur ce seul site ont été fixées aux grilles de l'entreprise.

« L'idée, c'est de représenter concrètement l'ampleur de la casse sociale qui s'annonce», précise Arnaud. En 2019, diplôme et premier CDI en poche, ce jeune ingénieur de 25 ans syndiqué à la CGT a quitté sa Normandie natale pour rejoindre les équipes de R&D de Nozay. Il s'apprête désormais à rejoindre le bataillon des 831 sacrifiés du site essonnien dont les postes doivent être transférés en Hongrie, Pologne, Inde, etc, ainsi que le prévoit le plan dit de « défragmentation » concocté par Nokia.

« Je suis ulcéré« , nous confie-t-il, en faisant référence aux promesses faites aux jeunes il y a à peine deux ans et aujourd’hui trahies pour des raisons stratégiques incompréhensibles.

L’impôt ne doit plus financer la destruction du patrimoine industriel

A l’instar d’Arnaud, les manifestants se disent écoeurés. Ils pointent, notamment, les sommes considérables captées depuis 4 ans par Nokia France qui, sous couvert de financement public de la recherche (CIR), les utilise en réalité pour détruire la recherche et les emplois afférents. Pour rappel, Nokia aurait touché de 282 millions d’euros en 4 ans , au titre du CIR (crédit impôt recherche).

Mais d’après certains syndicats s’exprimant à la tribune, le montant d’aides publiques jusqu’ici touchées par Nokia France dépasserait en réalité les 400 millions d’euros. « Cet argent n’appartient pas à Nokia, cet argent, ce sont nos impôts et nous ne pouvons plus accepter que nos impôts financent la destruction de notre patrimoine industriel et de nos emplois« , a ainsi affirmé Lamine Camara, élu du conseil régional d’Ile de France et adjoint au maire de Grigny.

Nokia lamine sa recherche et développement en France

Mêmes causes, mêmes conséquences dans la filière automobile

Venu leur apporter son soutien, Florent Grimaldi (CGT Renault Lardy) dénonce un scandale de même envergure et de même nature à l'œuvre dans le secteur automobile : « Nous sommes nous aussi soumis à un plan social qui va supprimer 4 600 emploi rien qu'en France alors que Renault va bénéficier de plusieurs milliards d'aides publiques pour la relance économique », soutient-il.

Appelant les salariés de Nokia à poursuivre le combat, Florent Grimaldi invite à faire converger toutes les luttes  « Pour que la peur change de camp ».

Le monde d’après, un enjeu éminemment syndical

Dans ce droit fil, le secrétaire général de la CGT de l'Essonne, Ollivier Champetier, a rappelé l'enjeu du fameux « monde d'après », expression utilisée par le président Macron durant le confinement. « Mais, pour que ce monde d'après ne soit ni la continuité, ni pire que celui d'avant, il va falloir se battre et imposer nos idées et propositions », a-t-il prévenu.

D’où l’importance de la poursuite de la  lutte des Nokia, que le responsable CGT du département a invités à se re-mobiliser, à partir du 17 septembre, à Paris, lors de la journée d’action organisée par l’intersyndicale CGT-FSU-Solidaires et les organisations de la jeunesse.

L'État directement interpellé pour empêcher le démantèlement de Nokia France

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