21 novembre 2017 | Mise à jour le 27 décembre 2017
Prévenir, accompagner, sanctionner… Parce que le lieu de travail ne doit pas devenir un lieu d'insécurité pour les femmes où s'exercent des violences sexistes, le mouvement syndical international mène campagne de longue date en faveur d'une nouvelle norme internationale de l'OIT.
L'engagement de la Confédération syndicale internationale (CSI) et de ses affiliés, tels que la CGT, a permis d'inscrire à l'ordre du jour de la conférence internationale du travail de juin 2018 un débat à ce sujet. L'enjeu : l'adoption d'une convention de l'OIT, c'est-à-dire d'une norme contraignante, à laquelle les organisations syndicales souhaitent ajouter une recommandation pour aider les acteurs dans le travail de prévention et de protection des victimes. Les organisations patronales et différents gouvernements préféreraient une simple recommandation non contraignante.
C'est ce qu'a rappelé Bernard Thibault, représentant des salarié·e·s au conseil d'administration de l'OIT, lors d'une conférence de presse organisée par la CGT en marge de la journée d'étude en novembre. À son tour, Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a insisté sur les enjeux d'une telle norme à l'échelle internationale. Rien qu'en Europe, « 40 à 50 % des femmes déclarent avoir été l'objet de sexisme et de harcèlement sur le lieu de travail ». Dans ce contexte, l'OIT a sollicité les gouvernements
sur le projet de norme, car son contenu et sa portée dépendront de la position des États. Ensemble, la CGT, la CFDT, la CFTC et FO se sont adressées au gouvernement français. L'exécutif, contrairement à la position forte de la France en 2014, avait d'abord écarté « toute approche spécifique des violences fondée sur le genre », et la question de la normativité contraignante était aussi en jeu. Grâce à l'interpellation du gouvernement par les syndicats et les organisations féministes, il « vient de changer sa position et soutient maintenant clairement l'adoption d'une convention OIT contraignante », s'est félicitée la CGT début décembre.
Au-delà, les organisations syndicales militent pour une politique inclusive : lutte contre les violences sur le lieu de travail, mais aussi, par exemple, protection dans l'emploi des femmes victimes de violences conjugales. Et elles rappellent à Paris, siège de nombreuses multinationales, l'enjeu de son engagement.