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INDUSTRIE

ACI Group : la justice accorde un sursis

11 décembre 2025 | Mise à jour le 11 décembre 2025
Par | Photo(s) : Marie Albessard
ACI Group : la justice accorde un sursis

Ce mardi 9 décembre, la CGT avait appelé à un rassemblement devant le tribunal de Lyon, alors que se déroulaient des audiences concernant l'avenir d'ACI Group (1300 salariés).

Ce mardi 9 décembre 2025, au tribunal des affaires économiques de Lyon se jouait l'avenir d'ACI Group et de ses quelque 1300 salariés. La CGT avait organisé un rassemblement devant le tribunal, alors que se déroulaient les audiences. Malgré les mises en redressement et en liquidation judiciaires, le tribunal a accordé du temps pour d'éventuelles reprises.

Devant le tribunal de Lyon ce mardi, malgré la musique entraînante, les mines sont déconfites. La CGT avait appelé à un rassemblement, alors que se jouait à l'intérieur l'avenir d'ACI Group et de ses quelque 1300 salariés. Au terme d'une longue audience, au cours de laquelle le tribunal des affaires économiques a examiné la situation de la holding et de ses 25 sites (7 autres connaissent déjà leur sort, puisqu'ils sont en plan de continuation après leur liquidation judiciaire), le tribunal a placé quatre entités en liquidation judiciaire (71 salariés au total) dont Tôle & Design (Loire). Pour celle-ci, une continuité de l'activité de 3 mois a été décidée, pour sécuriser les clients et laisser du temps à un éventuel repreneur.

Gagner du temps

Les autres entreprises dont le sort n'avait pas encore été tranché, ont été placées en redressement judiciaire avec un délai d'observation jusqu'au 4 février 2026. « Ce qui est positif ici c'est qu'on gagne du temps, un élément crucial dans ce genre de cas. Avec un délai, les repreneurs les plus intéressants peuvent se manifester et trouver des investisseurs », réagit Fabrice Fort, animateur régional de la CGT métallurgie. Le tribunal a également accordé un délai supplémentaire d'une semaine à Philippe Rivière, ancien dirigeant, pour une éventuelle reprise de la holding. Avec une dette de 56 millions d'euros, le groupe avait été mis en redressement judiciaire le 25 septembre dernier. Sur les 32 sites encore existants, 18 sont implantés en région Auvergne-Rhône-Alpes, principalement dans la Loire et la Haute-Savoie.

Ces sites industriels opèrent pour différents secteurs et donneurs d'ordre : l'aérospatial, le nucléaire, la défense, la maintenance des centrales hydrauliques… « Si ces sites ferment, ce sont des savoir-faire de niche qui vont disparaître et avec elles, des sous-traitants qui vont être impactés et qui ne bénéficieront pas d'une attention médiatique lorsqu'ils mettront la clé sous la porte », indique Eric Moulin, secrétaire général de l'USTM CGT Loire, qui souhaite pour les sites d'ACI des « repreneurs solides, tournés vers l'industrie, qui reprendraient les salariés et seraient à même de développer l'activité ».

Savoir-faire de niche en péril

Mais pour l'heure, les repreneurs ne se bousculent pas, nombre de sites n'étant pas très attractifs, n'étant souvent ni propriétaire du foncier ni des machines, au profit de la holding. « Malgré tout, certaines entreprises ont des carnets de commandes. Et parmi les donneurs d'ordre on compte EDF, Framatome, Fralsen… L'état doit donner des gages à ces derniers pour sécuriser les commandes et laisser du temps pour trouver un repreneur sérieux, ajoute Fabrice Fort. On se doute qu'il va être compliqué de trouver 25 repreneurs mais faute de temps, ce seront des compétences locales qui s'arrêtent et des pièces qu'on ira chercher à l'international. » Le ministre de l'économie Roland Lescure s'est engagé à se pencher sur chaque filiale « une à une ». Frédéric Tremblay, représentant du personnel chez RMT (Loire), a fait le déplacement devant le tribunal. Son entreprise fait l'objet d'une proposition d'un repreneur. « Nous aimerions que la situation de notre entreprise soit solutionnée rapidement, on a envie de pouvoir continuer l'aventure. Mais j'aimerais aussi que Philippe Rivière soit judiciairement puni pour sa gestion ».

« Il achetait sans vision industrielle »

Son nom est sur toutes les lèvres ce mardi : Philippe Rivière, le dirigeant d'ACI group dont la gestion est pointée du doigt. Il a créé ACI avec un associé en 2019 et a fondé sa stratégie sur des rachats massifs de petites entreprises, jusqu'à 40. « Il achetait sans vision industrielle », résume Eric Moulin. La CGT pointe une gestion catastrophique, avec des trésoreries des filiales qui auraient été siphonnées par la holding et des rachats qui auraient été financés par les aides publiques (PGE, aides régionales, de la BPI…). « Il posséderait un yacht, une moto à 110 000 euros… mais la dette est de 56 millions, où est donc passé l'argent ? Et que va faire le gouvernement, car pour chaque site ouvert il a touché de l'argent public ? », s'interroge Fabrice Fort. Mireille Carrot, secrétaire générale CGT de l'UD Loire, ne cache pas sa colère : « On est venu soutenir les salariés et dénoncer un scandale de plus, sur lequel nous avions alerté la préfecture de la Loire. Il faut qu'il y ait un suivi, un contrôle et une conditionnalité des aides publiques. »
La situation a interpellé au-delà des syndicats, puisque le tribunal avait retiré à Philippe Rivière la direction opérationnelle du groupe et le parquet de Lyon a confirmé à La Vie Ouvrière qu'une enquête au pénal à son encontre est en cours pour abus de biens sociaux.